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X V.

'Des Planetes. Seg. 11}.

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» Parmi les aftres il y en a qu'on appelle errans, par ce que leur mouvement eft tel, & d'autres fixes & non errans. Il fe faire que dans les commen» cemens ils aient été déterminez par des loix particulieres, les uns bo à l'uniformité dans leur mouve»ment; les autres à quelques va»riations contraires aux loix générales du mouvement circulaire. Il peut fe faire encore que dans les routes qu'ils parcourent, » les lieux foient tellement difpofez en certains endroits, que les »aftres y fuivent toujours le même ordre; & qu'ailleurs au contraire, il y ait des irrégularitez dans leurs courfes. Il feroit infenfé de s'attacher à une feule caufe,

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lorfqu'on voit par les phénomè »nes, qu'il peut y en avoir plu »fieurs. C'eft témérairement que » les partisans d'une aftrologie frivole cherchent des explications ridicules, afsujétiffant la Divinité à des fervices indignes d'elle.

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X V I.

Des Préfages. Seg.115.

Les préfages que l'on tire de certains animaux ne font que des faits occafionnez par l'influence » des faifons. Dira-t-on que les oifeaux qui changent de climats » forcent l'hiver d'arriver? ou qu'il ait quelque part des divinitez affifes, en attendant le départ de

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> ces animaux comme un avis » pour agir en conféquence? Il n'eft point d'animal, quelque ftupide qu'il foit, en qui puiffe naître cette penfée; comment pour

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roit-elle être dans les Dieux » ? On conviendra aifément qu'il falloit que Pythocles & les autres Epicuriens pour qui Epicure a écrit cet abregé fur les phénomênes céleftes, ne fuffent guères allarmez fur l'action des Dieux, fi les explications qu'on vient de voir ont fuffit pour leur mettre l'ame en repos. Quand toutes ces explications feroient vraies, elles ne donneroient que les caufes fecondes; & c'eft des premieres feules qu'il s'agit.

Nos modernes rient de cette maniere de procéder. Ils n'ont pas tort. Mais ils oublient dans ce moment ce qu'ils ont éprouvé euxmêmes, qu'une demi-preuve & quelquefois moins, fuffit à quiconque défire d'être perfuadé. Eftce raisonner, dit-on, que d'attri buer au hazard les mouvemens du

ciel fi certains, le cours des aftres. fi régulier, toutes choses si bien liées enfemble, fi bien proportionnées & conduites par des loix fi conftantes & fi invariables?

Mais eft-ce raisonner davantage que d'attribuer tous ces effets merveilleux à une caufe néceffaire, qui connoît fans action, qui choifit fans deffein, qui fe meut fans liberté, qui fe modifie par nature & par néceffité? Lequel vaut mieux du hazard, ou de la fatalité, aveugle ou non, pour donner une ordonnance réelle à l'univers, de la dignité à l'homme, du mérite à la vertu ? Dans l'un & dans l'autre fiftême, le monde eft-il autre chofe qu'un palais fans roi, l'homme qu'un animal fans deftination, la vertu qu'une opinion de mode? Le monde phyfique eft-il autre chofe qu'une maffe organisée fans

deffein ; & le monde moral qu'un fiftême de politique?

On eft étonné qu'il y ait eû un homme qui fe foit perfuadé, que certains corps folides fe mouvoient d'eux-mêmes par leur péfanteur naturelle, & que de leur concours fortuit, il fe foit formé un monde tel que celui-ci. On a raifon.

Mais ne doit-on pas être étonné de même qu'il y ait des gens d'efprit, qui, avec je ne fais quels principes métaphyfiques, dont l'unité rigoureufe, la fubftance générale, la nature naturante, & la nature naturée font les notions. élémentaires, ont cru pouvoir composer ce même monde, & établir par enthousiasme, ces idées bizarres & inintelligibles, à la place de la tradition du genre humain? On peut du moins imaginer les

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