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Verum enim invenire volumus, non tanquam adverfarium, aliquem convincere. Cic. 2. de Fin. 5.

8-16-28 BEH.

AVANT-PROPOS.

CET

ET Ouvrage, qui, dans la premiere idée, ne devoit être

qu'une Lettre d'un

quart - d'heure de lecture, doit fa naiffance à un entretien philofophique, où il fut question de favoir s'il eft vrai comme quelqu'un l'a dit, que jamais Philofophie ne fut moins entendue ni plus calomniée, que celle d'Epicure.

Je m'engageai, peut-être trop facilement, à mettre par écrit ce qui s'étoit dit de vive voix ; parce que je crus, qu'ayant étudié soigneufement la matiere dans les fources, il ne s'agiroit que de pren dre la plume, & de placer de

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fuite les matériaux qui fembloient tous taillez. L'expérience, je l'avoue, m'a appris que rarement on fait bien ce qu'on ne fait que pour foi.

Si cela eft vrai dans plufieurs genres; cela eft plus vrai encore dans le genre philosophique, où quand on veut emporter une feule piece, il faut quelquefois foulever toute la maffe. Or la maffe, en Philofophie, n'eft pas un fardeau leger; puifqu'outre les pensées folides des philofophes, elle comprend toutes les spéculations vaines & les idées creufes de l'efprit humain, abandonné à lui-même, & ne fuivant d'autre regle que fa force, ou fa foibleffe.

Il est bien vrai que la philofo

phie d'Epicure, formant en foi un tout affez arrondi, & dont la vo¬ lupté, ou le bien être de l'homme en cette vie, eft le centre unique, il n'est pas difficile d'en embraffer les parties. Cependant il y a des faces extérieures, dont les rapports s'étendent au loin, & qu'on ne peut bien voir qu'en se plaçant dans les autres Écoles.

Ce font ces points de vûë, qui auroient fait de mon projet une grande entreprise, fi, en le remaniant, je ne me fuffe apperçû qu'il étoit un moyen de le simplifier dans l'exécution, & de le réduire à-peu-près aux termes de mon en gagement: c'eft de préfenter au lecteur les titres mêmes de la philofophie d'Epicure, feulement

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avec ce qu'il faut de notions pour en fixer le fens, & de laiffer à chacun le foin d'en juger par luimême, & d'en fuivre les conféquences.

Les matieres philofophiques n'appartiennent qu'aux philofophes, c'eft-à-dire, qu'à ceux qui favent penfer en lifant. Or c'eft. affez pour ce genre de lecteurs qu'un écrit faffe germer les idées. Ils s'irritent contre un difcoureur qui continue de verfer toujours, fans s'embaraffer de la forme ni de la capacité du vafe.

En fuivant cette méthode, on laiffe au lecteur le plaifir délicat de fe donner à lui-même l'inf truction qu'il défire, de converfer avec les auteurs, de voir les ta

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