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& François, tant anciens que mo dernes, avec une collection fidéle & exacte des Bons mots & des Apophthegmes des Anciens.

En forte que c'est avec. raison que l'on a donné à ce Recueil (qui a párú déja fous le titre de Bibliothèque des Gens de Cour) celui de Bibliothéque de Cour, de Ville & de Campagne, puifqu'il renferme une variété infinie de matieres ferieufes &enjouées fur toute forte de fujets qui n'ont point été comprises dans les Editions précédentes, ce qui en fait efpérer un accueil favorable de la part du Public auquel l'on a cherché uniquement de plaire en l'amusant.

BIBLIOTHEQUE

BIBLIOTHEQUE

DE COUR,

DE VILLE

ET DE CAMPAGNE.

Cour penfe

RANÇOIS premier difoit ce que la
que les grands Capitaines
u retour d'une campagne
glorieufe, le premier jour

étoient regardés à la Cour comme des
Rois, le fecond comme des Princes,
le troifiéme comme des Soldats.

:

des grands Capitai

nes.

fentimens

d'Henri IV.

L'Hiftoire regarde Henri IV. Bons comme un de nos meilleurs Rois à mots & mefure qu'il s'éloigne de nous, fon portrait s'embellit. J'ai recueilli fes bons mots, fes fentimens & plufieurs traits qui le regardent.

Ce Monarque en montrant le Maréchal de Biron aux Députés du Parlement, qui le félicitoient fur une Tome I.

A

Bons

mots &

fentimens

victoire qu'il avoit remportée : Meffieurs, leur dit-il, voilà un homme

d'Henri IV. que je présente également à mes amis & à mes ennemis.

Le Duc de Nevers ayant dit à Henri IV. dans le tems que ce Prince travailloit à conquérir fon Royaume à la pointe de l'épée, & qu'il étoit le maître de la Rochelle: Si vous aviez befoin d'argent, vous n'auriez pas le crédit de mettre un impôt dans cette Ville; ce Prince répondit : Je fais à la Rochelle ce que je veux, parce que je n'y veux que ce que je dois.

A la bataille de Coutras, il dit aux deux Princes du Sang, Condé & Soiffons: Je ne vous dirai autre chose, sinon que fi vous êtes de la Maifon de Bourbon, vive Dieu, je vous montrerai que je fuis votre aîné.

Plufieurs Gentilshommes fe mettant devant lui dans cette bataille pour le couvrir & le défendre : A quartier, je vous prie, leur dit-il, ne m'offufquez

pas.

Il enfonça les premiers rangs des ennemis, fit des prifonniers de fa main, & vint jufqu'à colleter Château-Regnard, Cornette d'une Compagnie de Gendarines, en lui difant į Rens-toi, Philistin.

Bons

La bataille gagnée, comme on lui dit que l'armée du Maréchal de Mati- mots & gnon paroiffoit: Hé bien, dit-il, mes amis, on verra ce qu'on n'a jamais vu, deux batailles en un jour.

A Yvri, il dit à fon efcadron tout compofé de Gentilshommes: Si vous courez aujourd'hui ma fortune, je cours la vôtre, je veux vaincre, ou mourir avec vous ; fi vous perdez vos Enfeignes, ne perdez point de vue mon Aigrette (en leur montrant une plume blanche qu'il avoit à fon cafque) vous la trouverez toujours dans le chemin de l'honneur & de la victoire.

Quelques Hiftoriens rapportent qu'il dit feulement à fes troupes : Je fuis votre Roi, vous êtes François, & voilà l'ennemi.

C'eft la même Harangue que le Dictateur Camille avoit faite à fes troupes. An me, an vos, an hoftem ignoratis? Le P. Bouhours dit là-deffus qu'Henri IV. n'a pas voulu copier le Dictateur Romain, mais que les grandes ames penfent & fentent les mêmes chofes dans les mêmes occafions.

A la bataille d'Yvri, Gontaud de

d'Henri IV

fentimens

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Biron, Maréchal de France, pere de celui qui fut décapité, contribua au gain de la bataille en fe préfentant à proposà l'ennemi : Henri IV. s'expofa comme un aventurier; le Maréchal de Biron lui dit : Sire, vous avez fait ce que devoit faire Biron, & Biron, ce que devoit faire le Roi.

Henri IV. écrivit à Crillon, pend toi, brave Crillon, nous avons combattu à Arques, & tu n'y étois pas,

Le Colonel de Schomberg qui commandoit quelquesCompagnies de Reiftres, lui ayant demandé de l'argent à la veille du combat, le Roi lui répondit: Comment, Colonel, estce le fait d'un homme d'honneur de demander de l'argent, quand il faut. prendre des ordres pour combattre ? Le lendemain le Roi fe fouvint qu'il avoit maltraité cet Officier, il en cur un remors; il l'alla trouver, & lui dit: Colonel, nous voici dans l'occafion, je puis y demeurer, il n'eft pas jufte que j'emporte l'honneur d'un brave homme comme vous: je décla re donc que je vous reconnois pour homme de bien & incapable de faire une lâcheté ; il l'embraffa affectueufement. Le Colonel ayant de tendreffe

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