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vino pretiofo & unguentis nos impleamus, & non prætereat nos flos temporis. Coronemus nos rofis antequam marcef cant, & nullum pratum fit quod non pertranfeat luxuria noftra. Nemo noftrum exors fit luxuria noftra; ubique relinquamus figna lætitia, quoniam hac eft pars noftra, & hac eft fors.

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Nous fommes tirés du néant, nous ferons après notre mort comme fi nous n'avions jamais été ; notre vie eft un foufle dans nos narines, notre parole une étincelle qui ément notre coeur; quand nous ferons éteints notre corps ne fera que pouffiere, & notre efprit fe diffipera comme un air léger. Le paffage d'une nuée qui fe réfout, & s'annéantit par l'ardeur du rayon du Soleil, est l'image de notre vie, c'est une ombre vagabonde qui ne retourne plus, la voie lui eft fermée. Venez, jouiffons des biens de cé monde, ufons-en rapidement dans notre jeuneffe qui s'écoule; parfu mons-nous; rempliffons-nous de vin exquis; faifons ufage de la fleur de notre jeuneffe; couronnons-nous de rofes avant qu'elles' flétriffent; qu'il n'y ait point de lieux délicieux où notre volupté ne féjourne en fe paréir

Tome I.

F

!

Un Gascon

en man

geant

ne

courant; affouviffons toute notre cupidité ; laiffons par tout des traces de la joie qui nous inonde, c'est-là notre fort & notre unique partage.

Confummatus in brevi explovit tempora multa. Sap. IV. 13.

On ne peut mieux louer un Héros mort jeune.

Un Officier Gascon mourant de faim, arriva dans une auberge où parioit que plufieurs Officiers étoient à table; il par mono- s'y plaça, & mangeoit fort vîte pour regagner le tems que les autres avoient

fyllabes.

employé. Ses camarades qui s'en apperçurent crurent l'embarraffer,en lui faifant plufieurs queftions fucceffivement; que mange-t-on plus communément en Gascogne les jours gras? lui demande l'un: Boeuf, répondit-il, & les jours maigres? Œufs. Quel pain mangez-vous demanda un autre, Bis Quel vin buvez-vous? Gris. Vous êtes en deuil, Monfieur, peut-on fçavoir de qui? Pere. Comment eft-il mort? Subitement; enfin quelques questions qu'on put lui faire,un monofyllabe fut fa réponse, & ne l'empêcha pas bien diner.

de

Un Gafcon qui avoit perdu fon argent au jeu, coucha avec celui qui

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le lui avoit gagné, la nuit il gliffa en tapinois fa main fous le chevet: déja il avoit trouvé la culote de fon compagnon de lit, & il commençoit à s'emparer du tréfor, lorfque le perfonnage qu'on voloit s'éveilla; il ne dormoit que d'un fommeil inquiet, parce qu'il fongeoit à fon argent. Il chercha d'abord fa bourfe, il trouva en chemin la main du Gafcon. Que faites-vous-là, lui dit-il? Le Gascon lui répondit: Mon ami, je prens ma revanche.

Un Cavalier Gafcon qui ne faifoit point fon chemin dans le fervice, difoit qu'il étoit fi malheureux, que s'il étoit Chapelier, tous les hommes naî troient fans tête. Ayant obtenu fon congé, il embraffa à Paris la condition de Porteur d'eau : il difoit à fes camarades, qui étoient étonnés de lui voir exercer ce métier : Que le Roi pour le récompenfer de fes fervices, lui avoit donné dix mille écus à prendre fur la riviere de Seine ; que ne la pouvant pas vendre en gros, il la vendoit en détail.

La paffion du vin dure fouvent jufqu'au tombeau.

Ivrogne peint au naturel,

Quand l'ivrogne Boivin fut vieux,

Il avoit l'œil humide & bordé d'écarlate;
Un Médecin lui dit de la part d'Hypocrate :
Qu
Du renoncez à boire, ou vous perdrez les
yeux.

Lors Boivin fermant la paupière :
Adieu, dit-il, adieu lumiere,
Jufqu'ici Boivin a trop vu,
Et n'a pas encore affez by,
Aveugle, je ferai connoître
Que j'obéis à la raison ;
Il faut condamner la fenêtre,
Afin de fauver la maison.

Sanlecque dit en parlant d'une coquette furannée,

Et l'on te voit les foirs

Tenir avant le bal un confeil de miroirs,
Changer en faux Printems ta véritable Aus

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Et ne montrer en toi rien moins que ta pere fonne.

Plus bas il dit :"

Une vieille coquete a beau fe contrefaire
Dans fon oeil qui s'enfonce, on lit fon bap-
tiftere;

Par là tout fon vifage eft fi déconcerté
Qu'en dépit de lui-même, il dit la vérité.
Qu'il coûte à cinquante ans de foins pour

être belle !

Plus que d'efforts à vingt pour faire la cruelle,

Le même Auteur dit encore dans la même Satyre:

Dès qu'une femme adore un fou qui la rend folle

Dès qu'elle eft d'un galant l'idolâtre & Pidole,

Auffi-tôt fon époux n'eft vu qu'avec dédain; Auffi qu'eft-il chez lui? rien qu'un GeorgesDandin.

S'il devenoit pourtant commode & pacifique,

Madame le feroit fon premier domeftique.

Dans une Satyre qu'il adreffe à un Evêque, il lui dit:

Non, Prélat, tu n'es plus enfant du premier homme

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Tu n'as plus dans ton cœur des pepins de la

pomme.

Quels feroient les défauts qu'on pourroit t'avoir vus?

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Tu fçais donner un frein jufques à tes vertus ;
Ni lage par froideur, ni dévot par caprice
Tu n'as jamais été vertueux par un vice;
On ne remarque en toi ni brufque activité,
Ni zele impatient, ni dure fermeté.

Il dit plus bas à ce même Prélat:

Tes difcours animés, mais fans fiel & fans

bile,

Font avaler par tout le lait de l'Evangile.

Si cet Auteur avoit femé fes Satyres

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