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» votre énigme. Vous vous trompez, je >> fuis ennemie de la flaterie, & femblable au Mifanthrope de Moliere fur les Ouvrages d'efprit.

J'ai le defaut

D'être un peu plus fincére en cela qu'il ne faut.

» Vous avez fauvé de ma cenfure » la moitié de votre Ouvrage, parce que je n'entens pas le Latin, mais » pour votre François, je ne l'épargnerai pas.

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» Vous avez fongé, fans doute, quand vous avez prétendu que le mor de l'Enigme étoit le fonge. J'ai » ouï dire à un bel efprit de mes amis » qu'an Poëte Grec qui s'appelle Ho» mere, fi je ne me trompe, avoit fongé dans un de fes Ouvrages: mais »fes fonges, difoit-il, étoient ingé»nieux. Franchement les vôtres ne >> font pas de cette efpéce. Car à quoi fongeoit votre Apollon, quand il a prétendu que la tête de Cyrus » plongée dans du fang humain pou»voit être comparée à un homme »affoupi? En vérité cette explication » eft plus énigmatique que l'Enigme même, & le Sphinx. Vous avez

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Daffaire à une femme qui fçait la fa»ble, & qui n'auroit fait qu'un mor» ceau, d'un Devin d'Enigmes comme »vous. Quel rapport avez-vous pu » trouver entre ces flateufes illufions aufquelles on s'abandonne dans le >> fommeil, & des organes fans action d'une tête privée de vie? Cette ex»preffion d'organes vous apprendra » que vous avez encore affaire à une » femme Philofophe. Tenez-vous »bien, Monfieur, vous n'avez pas »une foible ennemie. Pour ne vous •»point ménager, je vous dirai que Dvous ne pourriez pas prétendre de voir votre nom placé parmi les In»terprétes des Enigmes du Mercure "Galant. Si je n'étois pas fi pareffeufe, je pafferois votre Poëfie par l'éta»mine, & je vous ferois voir que vous Davez befoin d'aller à l'Académie d'Apollon, afin de faire exercer le manége au cheval Pegafe. L'on voit bien que ce cheval n'eft pas votre >> monture ordinaire, & quand je le >> verrai galoper fous vous, je crierai »au miracle. Un homme d'efprit m'a appris qu'il y a plufieurs milieux entre le ftyle fublime & le ftyle w.bas: mais ces milieux vous font

*Patois de

Lyon qui veut dire adieu.

» inconnus, témoin ce Vers que vous
>> récitâtes :

Adi comment * Monfreur Parnaffe.

»qui eft du burlefque le plus rem-
>> pant.

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"Vous vous fçavez bon gré de cette
>> longue tirade de Vers en afse. Vous
» avez voulu imiter Madame des Hou-
lieres qui a fait beaucoup de Vers fur
les mêmes rimes, quand vous vous
»propofez un grand modéle, vous
limitez par
fes endroits les plus foi
»bles. Il faut vous excufer, vous ne
pouvez pas vous élever davantage;
chacun fait comme il peut. Il faut
>> donc vous faire grace fur votre Poë-
»fie. Je ferois confcience de troubler
»les applaudiffemens que vous vous
» donnez fur l'art avec lequel vous
» avez coulu toutes ces rimes en afse.
Après ce beau fruit de votre veine,
vous demanderiez du retour, fi l'on
>> vouloit changer votre esprit contre
celui de Racine.

» Mais venons à cette belle faute
» qui, a couronné l'oeuvre. Les fem
»mes, avez-vous dit avec indigna-
»tion, font plus légeres que le vent.

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»Les Dames, ne vous en déplaife, » faifoient l'ornement de votre auditoire, & vous ne les avez invitées que pour les infulter. Quand vous voulez faire briller votre efprit aux » dépens de votre jugement, ne mé»ritez-vous pas que l'on vous rende l'épithète que vous donnez aux

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>> Dames?

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La vertu & le vice ne font-ils pas de tous les fexes: & il eft bien » des femmes parmi nous qui vous » dameroient le Pion.Quoi qu'en dife » votre amour-propre, ne feriez-vous l'écolier de Madame des Hou»lieres en fait de Vers François ? Et >> fur le Grec, fi vous le fçavez, & fur »le Latin que vous devez fçavoir, » Madame Dacier ne vous enverroit»elle pas encore à l'école ? que vous »en femble? Après cela vous avez >> bonne grace de dire fans faire au» cune exception, que les Dames font plus légeres que le vent, vous qui »ne peferiez pas un grain fi l'on vous »mettoit dans la balance, contre l'une nou contre l'autre de celles que je ->> viens de citer.

» Ignorez-vous que la fcience du monde, qui eft la plus belle de tour

Ον

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des

»tes les fciences, eft le partage Dames, & que les plus beaux efprits » du Royaume viennent fe former au»près de nous ? Mais j'ai tort quand »je parle de politeffe à un Régent tout >couvert de la poufliere de l'école; » c'eft comme fi vous me parliez La»tin. Prenons - le fur un ton plus fe>>rieux. Un honnête homme ne fort»il pas de fon caractere, quand il se » déchaîne en public contre le fexe » dans un Ouvrage où il n'eft nulle>>ment queftion de cela? Apprenez »d'une femme que toutes les Satyres » que l'on fait d'un fexe & d'une na»tion font toujours très-injuftes, par»ce qu'elles attaquent un nombre in»fini de perfonnes de mérite. Je vois »bien, vous avez voulu marcher fur >>les traces de Defpréaux; ne pou>>vant l'imiter en bien, vous l'avez furpaffé en mal. Car ce fameux Poëte »fait au moins des exceptions.

Il en eft jufqu'à trois que je pourrois citer.

» Vous avez vu que les lauriers » de Defpréaux fe font flétris quand il »nous a attaquées.Et vous, petite Grenouille poëtique, qui infectez les marais du Parnaffe, quel fera votre

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