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Placet d'un Homme d'Affaires

au Roi.

Je fais des vœux ardens, Grand Roi, pour Le Pays, vos conquêtes

Et mes vœux font du Ciel exaucés chaque jour,

Vos armes ont conquis Manheim & Philifbourg,

Tous les François charmés font des feux &
des fêtes,

Où l'on voit éclater leur joie & leur amour,
Parmi tant de fujets fidéles,

Pour briller je n'épargne rien.

Je chante du Vainqueur les palmes immor telles;

Et peu menager de mon bien,

Quand de vos grands fuccès on apprend des nouvelles,

Je brule des fagots, j'allume des chandelles, C'eft beaucoup pour un homme accablé d'un procès,

Qui devroit épargner jusques aux moindres

frais.

Sous votre nom, hélas! on me fait ne

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inf

Que fous ce nom augufte on veuille m'ac

cabler?

Après qu'en votre nom on a pris tant de
Villes,

Voudroit-on m'enlever le peu que j'ai d'ar-
gent?

Non, non, ce font pour moi des frayeurs inutiles;

autre que

l'Auteur du

Livre Amitiés, A. mours, A. mourettes.

Que peut votre trétor tirer d'un indigent C'eft un foible secours pour payer la Cam

pagne

De ce fils glorieux, qui marchant fur vos

pas,

Vaillant & libéral, adoré des Soldats,

Met la terreur dans l'Allemagne,

Et ravit tous nos cœurs dès les premiere

combats.

Four fournir aux frais de la guerre
Il a conquis affez de terre.

De l'Allemand vaincu les contributions

Nourriront graffement vos fieres Légions.
Si j'en payois ma part, Grand Roi, quelle
équivoque !

Mon petit bien n'eft pas un fief Impérial,
N'attaquez jamais de bicoque
Indigne d'un Siége Royal

Subjuguez tout le Rhin, la gloire en fera grande,

La Juftice le veut, votre droit le demande; Ce font des coups dignes d'un Roi.

Prenez fur l'Empereur, prenez fur la Hollande;

Mais, Sire, au nom de Dieu, ne prenez rien fur moi.

Autre Placet du même.

Sire, je l'ai perdu ce procès fi terrible,
Qui peut m'enlever tout mon bien..
Hélas! ce tout n'eft prefque rien,
Que ce coup m'est sensible!

Je le perds, & pourquoi? pour m'être affocié
D'un homme qui montroit de fages appa

rences:

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Ila ce faux prudent diffipé vos finances,
Pour lui dois-je être châtié ?

D'un innocent ayez pitié.

Votre ame à la Juftice en tout tems eft

ouverte

Vous, ou moi, nous perdrons, consultez

votre cœur,

Qui de nous deux dans un malheur
Peut mieux fupporter une perte!

Un des plus jolis Ouvrages de BuffiRabutin, c'eft fans doute la Requête qu'il préfenta au Roi, au nom de trois Prifonniers.

Grand Roi, le plus galant & le mieux fait du monde,

Car nous laiffons à part ces autres qualités Qui vous font refpe&ter fur la Terre & fur l'Onde;

Et nous n'avons besoin dans les adverfités,
Qui nous obligent de nous plaindre,
Que des endroits par où vous fçavez tout
charmer,

Et non de ceux qui vous font craindre.

Grand Roi donc, que l'amour avec des traits charnians,

Forma pour attendrir les plus cruelles ames, Ecoutez les foupirs de trois pauvres amans Non pas de ces foupirs qu'ils pouffoient pour leurs Dames;

Ce doux tourment leur eft ôté :

Mais ils ont bien depuis autre peine foulferte,

Il foupirent après la perte
De leur derniere liberté.

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Ils font au défespoir d'avoir pu vous dé plaire,

L'amour les aveugloit, il les a fait broncher,

En faveur de ce Dieu calmez votre colere, Grand Prince, il pourra bien un jour s'en revancher.

Ayez pitié de ces coupables;

Votre indignation les rend trop malheureux: Quand ils ne feront qu'amoureux,

Ils feront affez miférables.

Comme il vous eft aisé de vous rendre plus doux,

Et que les maux d'amour font des maux in curables,

Délivrez ces amans de votre âpre couroux Ces tourmens affemblés leur font infuppor tables.

Perfonne ne fçauroit nier

Que la prifon ne foit une cruelle gêne;
Mais rien n'eft égal à la peine
D'être amoureux & prifonnier.

奶茶

;

Puifqu'à furmonter l'un on ne doit pas prétendre,

Jugez comment des deux un cœur fe peut

trouver?

Il les faut reffentir pour les pouvoir comprendre,

L'imagination n'y peut feule arriver.
Votre fort differe du nôtre.

Grand Prince, cependant ceci nous eft con

men,

Vous pourriez vous sauver de l'un,
Je ne vous répons pas de l'autre.

X

Mais vous qui vivez bien avec vos Alliés, Vous donnez à l'Amour un fujet de fe plaindre,

Vous prenez des Amans qu'il tient déja liés; Cependant quoiqu'un Dieu n'ait rien du tout à craindre,

Il vous a toujours refpecié,

Et jamais de ces gens que votre ordre emprifonne,

Lui qui ne menage perfonne,
N'entreprit fur la hberté.

Vous déplaît-il, Grand Roi, qu'il occupe

nos ames?

Auriez-vous là-deffus des sentimens jaloux ? Vous ne le devez pas, nous ne fervons les Dames

Que quand nous ne pouvons nous employer pour vous.

Le ferment que l'on fait aux belles

N'eft pas incompatible avec d'autres fer

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D'ordinaire, Grand Roi, nous vous donnons l'Esté

Et de l'hyver encor la plus grande partie,
Et nous voyons Cloris quand Votre Majesté

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