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TIONS DES

Mop

enchéri fur fon prédéceffeur. Les vers TRADUC- du fieur de Triors font durs & gothiPOET. LAT. ques, la profe de Hardy est rampante, quelquefois obfcure, & remplie d'expreffions louches & furannées. Ces Traducteurs fe font trompés en faisant Michel Vérin Espagnol, & beaucoup d'autres ont fuivi cette erreur.

Fauftus Andrelinus ou Andrelini contemporain des deux Vérins, & Italien comme eux, mais de Forli dans la Romagne, a fait auffi des Diftiques moraux que Joffe Badius Afcenfius s'eft donné la peine de commenter, & dont nous avons deux traductions en vers, l'une par Jean de Paradin, de Louhans ville de Bourgogne dans le Charollois, l'autre par Etienne Privé, Parifien. Ces Distiques, au nombre de deux cents, font autant de maximes ou d'avis qui ne font pas inutiles pour les mœurs. Le Poëte les adreffa à Jean Ruzé, Tréforier général des Finances du Roi Charles VIII. pour le remercier d'une penfion qu'il lui faifoit toucher chaque année, & qui étoit affignée fur l'Epargne. Auffi Andrelinus fe glorifioit-il de ce que fes vers lui étoient payés par le Roi, comme il le témoigne dans ces premiers Diftiques, felon la traduction de Paradin:

Croissez mes vers, foyez en plus grand nombre,

Car c'eft aux frais & falaires du Roy;

Seure richeffe empêchant tout encombre
Exige vers en copieux arroy.

La légitime & vraye fonnerie

Vient de la bourse étant pleine d'argent
Mais quand elle eft dégarnie & tarie,
Elle ne rend un tel fon, ny fi gent.

TRADUC

TIONS DES

POET. LAT
MOD.

note G

Ces fentimens ne font pas fort nobles, & il me femble qu'ils aviliffent un peu la Mufe d'Andrelini qui cependant, dit-on, faifoit autrefois les délices de Charles VIII. & dont Louis XII. & François I. n'ont pas auffi dédaigné de s'amufer. La gloire de ce Poëte, dont Bayl. dia. les écrits font peu lûs depuis longtems, art. Andrelé avoit commencé en Italie. Avant l'âge de ving-deux ans il avoit remporté à Rome même la couronne de laurier. Sa Livie, ou fes vers amoureux, divifés en quatre livres, furent trouvés fi beaux par l'Académie Romaine, qu'elle adjugea le prix de l'Elégie Latine à leur Auteur fur les autres Poëtes fes concurrens. Ce triomphe flata la vanité du Poëte. Peu content de prendre le nom de Publius, à l'exemple de ces Académiciens amateurs outrés de l'an-tiquité, defquels Pomponius Lætus. étoit le chef, il crut que fa couronne

TRADUC

TIONS DES POET, LAT. MOD.

de laurier lui donnoit le droit de fe pa
rer du titre de Poëte du Roi & de la:
Reine, & peut-être s'imagina t'il mê- ·
me qu'il feroit par-là honneur à Charles
VIII. à Louis XII. & à la Reine An-
ne qui lui firent en France plus d'ac-
cueil que de meilleurs Poëtes ne paroif-
fent en avoir reçu. Andrélini étoit ve--
nu dans ce Royaume vers 1487. L'U-
niverfité de Paris le rechercha avec une
forte d'empreffement, & le Poëte y en-
feigna durant vingt années la Rhéto-
rique, la Poëfie & la Sphere. Il mou-
rut à Paris en 151 8. avant Pâque, c'est-
à-dire, en 1519. felon le calcul Ro--
main.

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De fes deux cens Diftiques, Paradin n'en a traduit que cent qu'il a mis en forme de Quatrains, & plus para-phrafés que traduits. Je n'ai vu que cet-te traduction imprimée à Paris en 1 546. in-12: avec plufieurs autres Poëfies. Guillaume Colletet, & après lui M. Baillet dans le Tome 1v. de fes Jugemens des Savans, & M. Bayle dans fon Dictionnaire, citent la traduction d'Etienne Privé, imprimée en 1604. & n'en parlent qu'avec mépris. Ils con viennent seulement qu'elle eft littérale, ou du moins que Privé a rendu vers

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TRADUC

pour vers, mais d'une maniere fort prodit M. Baillet, à faire méprifer TIONS DES pre, Poriginal.

POET. LAT

J'ai porté le même jugement de la tra- MoD, duction de Jean Paradin, & des autres traductions faites par le même Auteur qui précédent ou qui fuivent celle des Diftiques d'Andrélini. Ces Poëtes à qui Paradina voulu faire parler notre langue, vivoient à peu près dans le même tems qu'Andrélini.Ce font, Simon Nanquier, furnommé le Coq, ou du Coq, Jean Tixier, Seigneur de Ravify, connu des Savans fous le nom de Ravifius Textor, & Henri Bebelius.

Il y a lieu de croire que Simon Nan quier étoit Religieux ; c'est ce que fem. ble indiquer la qualité de Frere qui lui eft donnée à la tête de fes poëfies. Mais de quel Ordre étoit-il? Je n'ai pû le découvrir. La piece de ce Poëte que Paradina traduite, eft une defcription des miferes de l'homme, & des gé miffemens fur ces miferes. Elle est en vers hexametres & pentametres. Nanquier l'adreЛla à trois perfonnes fort connues; Charles de Billy, Abbé de faint Faron de Meaux depuis l'an 1494. & enfuite Abbé de faint Léonard de Ferrieres en 1517. Robert Gaguin que Nanquier

qualifie feulement de Docteur en Decrer, TRADUC- c'est-à-dire, en Droit Canon, & qui TIONS DES fut dans la fuite Général des MathuMon. rins: enfin Faufte Andrélini, dont je

POET. LAT.

viens de vous parler. Ces dates peuvent fervir à fixer à peu près le tems où la piéce de Nanquier a été compofée. Elle doit être de la fin du quinziéme fiécle. Paradin n'en nomme point l'Auteur dans fa traduction, ce qui fait croire qu'il l'ignoroit. Il dit qu'il avoit fait deux fois cette verfion, parce que quelqu'un la lui avoit dérobée une fois & qu'il n'avoit pû la recouvrer. Elle eft en vers de dix fyllabes

Jean Tixier étoit de faint Saulge dans le Nivernois, & Seigneur de Ravify dans la même province, ce qui lui a fait prendre en Latin le nom de Ravifius Textor. Il s'aquit beaucoup de réputation dans la profeffion des belles Lettres qu'il enfeigna au Collège de Du Boulay Navarre. Il fut fait Recteur de l'UniParif. t. 6. verfité de Paris le 1 5. Décembre 1500.

Hift Univ.

I

mourut en 1522. & fut inhumé dans la Chapelle du Collège de Navarre felon M. de Launoy dans l'hiftoire de ce Collége. Ce que Paradin a traduit de lui eft un Dialogue de la mort & da Pélerin, qui eft en vers hexametres dans

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