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TRADUC

gny. Mais fon abjuration ne l'empêcha pas de faire encore fa cour aux Mufes POET. LAT. Profanes, comme le témoigne fon Epi

TIONS DES

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tre à M. de la Quintinie fur fon livre de l'inftruction pour les Jardins fruitiers & potagers, traduite en vers par Perrault, de l'Académie Françoise. M. Boffuet, Evêque de Meaux, & plufieurs autres perfonnes illuftres lui en firent des reproches que le Poëte regarda fi peu comme férieux, qu'il en badina agréablement dans l'éloge qu'il fit de Germigny, & de Monfieur Boffuet, qui alloit dans cette maison de plaisance fe délaffer de fes importans travaux. Monfieur Danchet a mis cet éloge en vers François, de même, que le petit poëme où Santeul inftruit de quelle maniere & dans quelles difpofitions le Clergé doit chanter l'Office divin poëme qui a eu encore pour Traducteur Germain Dupuis, alors Chanoine de Saint Jacques de l'Hôpital à Paris, & qui fut dans la fuite attaché à M. de Barrillon, Evêque de Luçon.

Je ne prétends point entrer dans la dispute que Santeul eut avec diverses perfonnes à l'occafion de l'Epigramme qu'il fit fur. le coeur de M. Arnauld Docteur de Sorbonne, & qui fut loüée

par

les uns, & blâmée par les autres. TRADUCVous trouverez prefque toutes les pié- TIONS DES ces qui concernent cette difpute POET. LAT. dans le tome fecond des œuvres de M. MOD. de Santeul. Je dois me contenter de vous dire que l'on fit cinq ou fix traductions libres de l'Epigramme du Poëte Latin, de même que de l'Epître en vers au pere Jouvanci, Jéfuite, que la crainte d'avoir déplû à quelques perfonnes, & l'amour de fon repos qu'il appréhendoit de voir troublé, arracherent à Santeul. Ce fut le fameuxi Abbé Faydit qui fe chargea de traduire en vers François cette Epître qui occafionna encore bien des écrits de part & d'autre.

A l'égard des petites piéces de Sanreul, Infcriptions, Epitaphes & autres, vous n'ignorez pas qu'elles ont eu un grand nombre de Traducteurs. L'Abbé Bofquillon, de l'Académie de Soiffons, eft celui qui en a le plus traduit. Les autres Traducteurs connus, car il y en a plufieurs qui ne font point nommés, font Perrault, de P'Académie Françoife', Pierre Corneille, Vaultier, Furetiere, de la Monnoie, Diéreville, du Perier, Charpentier, Bofy, Benferade, Fioc

Profeffeur en l'Univerfité de Paris, TRADUC Charles de la Grange, Chanoine de POET, LAT. l'Abbaye de Saint Victor, le Noble

TIONS DES

MOD.

Trad, de M. de la Fofle.

& M. Danchet.

Quelque réputation que Santeul fe foit faite par fes poëfies diverfes, quelque eftime qu'on leur ait accordé en s'empreffant d'en traduire un fi grand nombre, fa gloire la plus folide eft celle que ses hymnes lui ont acquife. On y fent ce qu'il dit dans fon Epître à M. Pelliffon, avoir éprouvé lui-même lorfqu'il les compofoit:

Je réveille des Saints les noms, les faits, les rangs;:
Et je fens que pour eux préparant un ouvrage,
Le feu qui les inspire, éleve mon courage.
Alors l'amour facré s'emparant de mon cœur

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Et m'ouvrant les moyens de plaire à mon vainqueur,

Par d'utiles confeils ne ceffe de m'inftruire,

Et fur leurs pas lui-même il s'offre à me conduire.

Que de lumiere en effet, que de piété & d'onction dans les fentimens dont ces hymnes font remplies! Que d'exactitude dans la doctrine! Et d'ailleurs que d'élégance & d'énergie dans le tour & dans les expreffions! On fçait qu'à la réferve de quelques hymnes qui ont été composées par Prudence, par

TRADUC

TIONS

DES

faint Ambroise, par faint Thomas, & par quelques autres grands perfonnages, dont la Latinité même n'est souvent ni POET. LAT. pure, ni exacte, les hymnes ont été juf- Mov. qu'à Santeul la partie la moins fatisfai- Elog.de Sant. fante & la moins châtiée des prieres de par Perrau't. l'Eglife. Quand celles de Santeul ont paru, il n'eft pas croyable combien elles fe font fait admirer de tout le monde, & avec quel empreffement elles ont été adoptées dans la plûpart des Bréviaires que l'on a compofés depuis, en commençant par celui de Cluny pour lequel il travailla d'abord. On a voulu reprocher à ces faints Cantiques que le style n'en étoit pas affez Eccléfiaftique, que l'Auteur en avoit banni fouvent les termes confacrés, dit-on, par l'ufage de toute l'Eglife. Mais c'étoit fe plaindre que ces hymnes étoient trop belles & trop élégantes : & l'on ne voit pas pourquoi de mauvais Latin feroit plus propre à infpirer la piété que cette même langue dans fa pu

reté naturelle.

Mais plus les hymnes de Santeul ont ce degré d'excellence où perfonne n'avoit jufques-là porté la poëfie Ec-cléfiaftique, plus il étoit difficile de les rendre en autant de vers François,

avec toutes les beautés qu'elles ont dans TRADUC Poriginal. Auffi ne retrouve-t'on qu'uTIONS DES ne partie de ces beautés dans la traMon. duction en vers dont nous fommes

POET.LAT.

redevables à la piété de Monfieur l'Abbé Saurin, de l'Académie Royale de Nifmes. Si Santeul a témoigné à l'Auteur, qu'il la reconnoiffoit comme une copie parfaite de l'original, ce n'eft guéres qu'un compliment qu'il a voulu lui faire. Cette traduction ne manque ni d'exactitude, ni de fidélité; les expreffions même en font pures: mais cette ame, ce feu de la poefie, ce faint enthousiasme qui animoit le Poëte Latin, & qui faifit encore fes lecteurs, on les cherche prefque toujours en vain dans cette traduction. J'aimerois mieux celle qui a été faite en profe des hymnes de ce Poëte qui ont été adoptées dans le nouveau Bréviaire de Paris. Elle me paroît plus digne des originaux. M. Saurin avoue lui-même qu'il y a dans ces hymnes des traits inimitables, qu'il lui a été impoffible de rendre auffi fidélement, (c'est-à-dire, auffi élégamment, & avec autant d'énergie) qu'il l'eût fouhaité pour les faire fentir à ceux qui ne peuvent les lire qu'en François. M. Saurin a plus travaillé pour l'édification des fidéles qua

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