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TIONS DES

MOD.

quante-deux ans. Ce critique Philologue TRADUC- paroît avoir eu plus d'érudition que de POET. LAT. goût. C'étoit un fort médiocre Verfificateur; mais il a quelquefois du naturel, & il y a plufieurs de fes écrits qui ne font pas méprifables. Clément Marot, François Habert, d'Iffoudun en Berri, Richard le Blanc, Calvy de la Fontaine, Gilbert Damalis & Claude de Pontoux, en ont traduit quelques

uns.

Clément Marot & Claude de Pontoux ont mis en vers François fa Lamentation fur le Vendredi Saint. C'est ce que Marot appelle les Triftes vers de Beroalde. Sa traduction imprimée parmi fes autres poëfies, eft en vers de dix fyllabes. Celle de Claude de Pontoux fait auffi partie des œuvres de ce Poëte imprimées à Lyon l'an 1579. in-16. Habert & le Blanc ont tourné en vers l'Elégie Latine de Beroalde fur l'hiftoire ou la fable de Tancrede Roi de Salerne, contenant les pitoyables amours de Guichard & de la belle Gifmunde. Beroalde a pris ce fujet dans Bocace, & y a ajouté ce que fon imagination a pû lui fournir de tendre & de paffionné. L'hiftoire de Titus & de Gifippus écrite en profe, mais poëtiquement par Beroalde 2

roalde, eft encore tirée des cent nou

velles écrites en Italien

par Bocace.

TRADUC

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Beroalde le dit lui-même dans fa let- POET. LAT.

tre préliminaire à Mino Rofcio, Séna- MOD.,
teur de Boulogne, & il ajoute qu'il s'eft
donné la liberté d'y faire des change-
mens & des additions.

Cette hiftoire ou plutôt cette fable est celle de deux jeunes gens, Titus & Gifippus, élevés enfemble, inftruits dans les mêmes fciences, & qui prennent l'un pour l'autre une amitié fi forte que rien n'eft capable de la rompre. L'amour même tâche inutilement de les divifer, quoique tous les deux aiment la même perfonue, Celui qui se voit prêt de perdre l'efpérance de la pofféder, parce que cette fille venoit d'être accordée à fon ami, loin d'entrer dans les fentimens que le défefpoir a coutume d'infpirer, fe reproche fon amour, s'efforce de le vaincre, & en devient malade. Le fiancé chagrin de l'état languiffant où il voit fon ami, en cherche la cause, la découvre, & lui offre l'objet de ses voeux. Grand débat entre eux : chacun fe pique de courage & de générofité : les fentimens les plus héroïques s'exhalent au dehors. Le fiancé oblige cependant fon ami de pren Tome VII.

B

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dre en fecret celle que l'autre feint en TRADUC- public d'accepter pour femme. Le myfPOET, LAT. tere fe dévoile: la juftice civile traduit

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Μου.

le coupable à fon tribunal, & le condamne à mort. L'ami trop complaifant arrache fon ami du fupplice. Tous deux fe retirent, les noeuds de leur amitié n'en deviennent que plus ferrés, ils achevent leurs jours ensemble. Beroal de finit par un éloge judicieux d'une véritable amitié.

Habert qui a traduit cette hiftoire en vers de dix fyllabes, la raconte d'une maniere fort naïve ; & elle m'a plû encore davantage dans fa verfion que dans l'original Latin. Habert aufé de la méme liberté dont Beroalde lui avoit donné l'exemple. Celui-ci avoit plus imité que traduit Bocace; Habert s'eft permis de même d'ajouter ou de retrancher ce qu'il a jugé à propos. Il a encore traduit, une perite piece en vers Latins où Beroalde fait le portrait de l'homme prudent, & qui commence ainfi dans la traduction:

L'homme prudent au tems d'adverfité
Doibt maintenir une même conftance
Qu'il garde au cours de fa félicité.

C'eft ainfi qu'il rend les deux premiers

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vers Latins de l'original. Ces traductions de François Habert font partie TRADUCde diverfes poëfies de fa compofition POET. LAT. imprimées à Paris en 1551. & préfen- MOD. tées à François de Cleves Duc de Nivernois.

Calvy de la Fontaine, & Gilbert Damalis, Bourbonnois, ont auffi fait l'honneur à Beroalde de traduire la Déclamation de l'Ivrogne, du Débauché & du Joueur. C'eft une efpece de plaidoyer poëtique écrit en profe, & que Beroalde adreffa à Sigifmond Goffinger, Chanoine de Breslaw, qu'il avoit connu en Italie, lorfque Goffinger étudioit les lettres humaines à Rome. Voici le sujet de cette Déclamation qui a été imprimée auffi fous le titre d'Accufations mutuelles, &c. Un pere qui avoit trois enfans, l'un ivrogne, l'autre adonné aux femmes, & le troifiéme joiieur, déshérite le plus vicieux fans le défigner. En conféquence chacun des trois freres plaide fa caufe devant le Magiftrat. Il n'y a cependant que deux Déclamations. L'ivrogne plaide feul contre les deux autres, & ceux-ci fe réunif fent contre lui.

Des deux traductions de cet écrit, je n'ai vu que celle de Gilbert Dama

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lis qui la donne comme faite d'après TRADUC un ouvrage Italien dont il ne nomme POET. LAT. Point l'Auteur. Le P. Niceron a mis MOD. cette faute fur le compte de du VerNicer. Mem. dier; mais s'il avoit vu la traduction de 25. p. 386. Damalis, il auroit reconnu que le Bi

bliothécaire n'a fait que copier le titre du Traducteur. Damalis expofe en peu de mots l'objet de ce petit ouvrage ou le but que l'Auteur à eu en le compofant, lorfqu'il dit au commencement de fon Epître à Jacques du Puy, Capitaine & Châtelain de S. Galmier :

Ce petit livre en forme de procès

Mis en avant taxe les trois excès

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Qui font des maux au monde innumérables,
Le jeu, le boire, & les actes damnables
De Cupido,

Cette Epître eft datée de Montbrifon le onziéme Mai 1558. & ce fut cette même année que l'ouvrage parut à Lyon. Il y a dans cette traduction.des endroits fort naïfs & bien touchés. Mais la peinture des vices', fur-tout celle de l'incontinence, eft trop à découvert. Damalis, trop littéral à cet égard, emploie fouvent des expreffions que des Oreilles chaftes ne font point accoutu

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