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TIONS DES

fous toutes les formes; & cet onzième chant est un abrégé des meilleurs préceptes de l'art oratoire & de la poëti- POET.LAT. que. Dans le douziéme chant enfin, Mon. qui n'eft pas un des moins utiles, le pere Brumoy enfeigne l'art de gouverner les paffions. Voilà une idée, mais fort abrégée, du fujet & de la conduite de ce poëme, ouvrage vraiment philofophique par un fonds excellent de morale, & par un grand nombre de connoiffances de la faine phyfique qui y font répandues de toutes parts.

Ne pouvant point lire ce poëme dans fa langue originale, vous perdez néceffairement une partie des avantages & des agrémens qu'il offre ; mais la traduction en profe que l'Auteur s'est donné la peine de faire, en conserve une grande partie, & en préfente d'autres qui ne font point dans le Latin. C'est une profe que l'on peut appeller poëtique, parce qu'elle a prefque partout le feu & l'enthoufiafme de la poefie, que le tour & l'expreffion conviennent communément à ce genre d'écrire plutôt qu'au difcours ordinaire: mais ce n'eft nullement une traduction littérale. « Si une autre plume, dit un Cri- « tique, avoit rendu ce poëme en Fran- «eup 24. p.

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266. 267.

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POET.LAT. >>

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çois, comme le pere Brumoy l'a fait; TRADUC-> celui-ci auroit justement condamné la liberté que le hardi Traducteur » auroit prife, d'étendre, d'abréger, » d'ajouter, d'omettre, & de rendre >> en bien des endroits la copie ab» folument étrangere à l'original. Mais >> cette licence que l'Auteur auroit eu >> raison de cenfurer dans autrui, il a pû » se la permettre à lui-même, parce >> que tout Ecrivain peut difpofer à fon gré de fa production, & la travestir, » comme il le juge à propos. C'eft fon » bien, fon travail, l'enfant de fon loi» fir. Il est bien jufte qu'il ait la liber» té de lui donner tel vêtement qu'il » voudra. » Au refte celui que le pere Brumoy a donné à fon poëme est élégant, & fe reffent entiérement du bon goût de l'Auteur.

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Le poëme de l'Art de la Verrerie n'interreffe pas moins en fon genre que celui des Paffions: il n'y a ni moins d'art dans l'invention, ni moins d'agrémens dans la conduite. Le Phyficien & le Poëte s'y montrent dans un jour avantageux, furtout dans les deux derniers chants où l'Auteur exprime auffi heureusement qu'il décrit favamment les différens ouvrages de verre

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TIONS DES

rie. Les deux premiers font plus remplis de fictions, mais de fictions ingénieuses. Pour égayer fon fujet, le Poë- POET. LAT. te attribue l'origine du verre à Vulcain, Mov. à l'occafion d'une brouillerie qu'il feint être furvenue entre lui & Borée. Le récit de cette brouillerie, fes fuites, fes effets, le tout entremêlé de quelques épisodes, fait le fujet de ces deux

chants.

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Le pere Brumoy a auffi traduit ce poëme en profe; mais je dis traduit & non fimplement imité. Il est rare au moins qu'il ajoute, qu'il omette, ou qu'il retranche comme il a fait dans fa traduction du poëme des paffions. En un mot il est beaucoup plus littéral, quoique fon difcours foit auffi poli, que fes expreffions foient auffi pures, auffi châtiées, & auffi élégantes.

Ses cinq Epîtres des Morts, pareillement traduites en profe, font faites à l'imitation des Héroïdes d'Ovide, excepté que l'Auteur én a banni cette galanterie qui fait prefque l'unique objet de celles de l'ancien Poëte Latin. Dans celles du pere Brumoy, ce font des plaintes, des reproches des avis, quelquefois des fentimens d'eftime ou d'amitié. On ne peut lire

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TIONS DES
POET.LAT.
MOD.

ces Epîtres fans s'interreffer aux héros
qui les écrivent, ou à ceux à qui le
Poëte feint qu'elles font adreffées : les
caracteres de chacun y paroiffent bien
gardés. C'eft Pompée qui écrit à Cé-
far, le Conful Stribonius aux Romains,
Codrus aux Athéniens, la foeur d'Ho-
race à fon frere, Euridice à Orphée.
Si le
pere Brumoy n'a
pas traduit
ces piéces en vers François, ce n'est
pas qu'il n'eût tous les talens nécessai-
res pour bien versifier en notre langue:
outre qu'il en a donné des preuves dans
les diverfes poëfies Françoifes qu'il a
lui-même publiées, c'eft ainfi qu'il a
traduit deux fables allégoriques qui
font, comme tout le refte, partie de
fes œuvres diverfes. De ces deux fa-
bles, compofées d'abord en vers La-
tins par l'Auteur même, l'une eft ad ref
fée à M. Huet, ancien Evêque d'A-
vranches fur fa convalefcence en
1712. Le titre de la fable eft Atropos
& les Dieux fupplians: c'est un éloge
fort ingénieux, & vrai de feu M. Huet.
La feconde fable intitulée, la Majefté
& l'Amour, eft un éloge délicat du
Roi actuellement regnant: elle fut fai-

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te en 1722.

Ces excellens Poëtes que la Société

des Jéfuites a produits, ne vivent plus

que

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TIONS DES

dans les monumens qu'ils nous ont laiffés de leur efprit & de leur goût; POET. LAT. & quoique l'on ne faffe plus aujourd'hui Mon, à la poëfie Latine le même accueil dont elle étoit prévenue dans le quinziéme fiécle, dans le feiziéme, & même durant une partie du fiécle dernier l'excellent en ce genre fera toujours lû & eftimé. En ce fens, on peut répondre de l'immortalité des Poëtes dont je viens de vous parler, & de celle de quelques autres qui enrichiffent encore aujourd'hui le Parnaffe tels que le pere Oudin, de la même Compagnie, que j'ai déja eu foin de vous faire connoître comme un Savant aimable, & un Critique judicieux ; mais qui ne mérite ne mérite pas moins d'être connu comme Poëte. Avec quelle fatisfaction ne lit-on pas encore aujourd'hui, & ne lira-t'on pas tant qu'il reftera du goût dans le monde, ce beau poëme fur les fonges qu'il composa à l'âge de vingt-deux ans, & tant d'autres poëfies que l'Auteur a produites en diverses occafions, & dont on fouhaiteroit qu'il fit au moins un choix pour les réunir en un corps! On le priera furement de n'y point oublier

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