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voit en 1240. & que l'on regarde com TRADUC me le premier Auteur du DithyramTIONS ES be Italien. Quoique le fond des ouITALIENS. vrages de ces Ecrivains, ait quelque

POETES

chose d'eftimable, les Italiens conviennent qu'ils se reffentent beaucoup du peu de progrès que leur langue avoit fait dans la politesse, & de la barbarie qui tyrannifoit encore les efprits. Mais comme je ne crois pas qu'aucun de ces ouvrages ait été traduit en François, je ne m'y arrêterai pas plus longtems.

Paffons au quatorziéme fiécle, où l'on vit Dante, Pétrarque & Boccace, ces grands modéles que fe font propofés ceux qui ont le mieux écrit aprés eux. Sans rien diminuer de la juftice que l'on doit rendre à ceux qui les ont précédés, on peut dire qu'ils furent les premiers en Italie qui réüffitent à fecouer le joug de la barbarie, & qui rappellerent le bon goût de l'antiquité, qui avoit prefque difparu depuis Journal des tant de fiécles. Ces hommes admiraSavans Févr. bles étudierent d'abord les Auteurs Latins avec la plus férieufe application: cette étude ne leur donna pas feulement la facilité d'écrire en Latin avec une politeffe inconnue à ceux qui les avoient devancés, elle les forma pour

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TRADUC

TIONS DES
POETES

285 leur propre langue : ils ont fi bien poffédé celle-ci ; ils l'ont parlé avec tant d'élégance qu'encore aujourdhui en Italie, c'est-à-dire, après plus de quatre ITALIENS cens ans, leurs écrits font regle. Il est vrai qu'ils fe reffentent toujours un peu du mauvais goût de leur fiécle; mais doit-on en être furpris? Ne doit-on pas s'étonner plutôt que des hommes nés au milieu d'une barbarie prefque univerfelle, ayent pû, guidés par leur feul génie, fe frayer la route du beau, & composer des ouvrages que les fiécles les plus éclairés ne feront point difficulté de mettre au nombre des chefsd'œuvre ?

Le Dante appartient cependant au tant au treiziéme fiécle qu'au fuivant,' puifqu'il nâquit à Florence en 1265. & qu'il mourut à Ravenne en 1321. Chaffé de fa patrie où il tenoit un rang diftingué dans la Magiftrature, il fut enveloppé dans la difgrace du parti des Blanes ou Gibelins, qui fe vit accablé par celui des Noirs ou des Guelfes que le Pape Boniface VIII. foutenoit, appuyé de l'autorité de Charles de Valois, frere de Philippe le Bel, que ce Pape avoit appellé dans cette vûë en Italie. Dante fuivit deflors le parti de

POETES

l'Empereur Henri VII. & des Gibe

TRADUC- lins, & on l'a accufé d'avoir fait tous TIONS DES fes efforts pour exposer fa patrie à une ITALIENS. guerre fanglante, en animant contre elle Can de la Scale, Prince de Vé

Bayle, Dict.

rone.

Dante trouya des patrons illustres au mot Dan- dans fa difgrace; mais il ne fçut pas tou jours conferver leur affection. Quelques-uns difent, que fe voyant exilé, il fentit croître en fon ame le defir de l'érudition ; & qu'il alla d'abord à Boulogne, pour s'y appliquer aux fciences les plus relevées, & enfuite à Paris, Bayle appuye le doute de ceux qui n'olent affurer que le Poëte foit yenu à Paris depuis fon exil, & qui font portés à croire que ce fut longtems avant cette époque qu'il étudia dans cette ville fous le fameux Brunetto Latini. Il est sûr que Dante n'a pû étudier fous cet habile homme depuis fon exil qui arriva en 1301. puifque Brunetto étoit mort en 1295. Mais d'un autre côté je ne vois pas comment il eût été dans fa premiere jeunesse le disciple de Brunetto à Paris. Celui-ci s'étoit refugié en France dès 1260. Mais il revint à Florence après la mort de Mainfroy tué dans la bataille que

TRADUC

gagna fur lui Charles d'Anjou en 1266.
Ainfi étant certain que Dante étoit
forti de l'Ecole de Brunetto ce ne POETES

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TIONS 'DES

peut être que de l'Ecole que ce Savant ITALIENS.

Falcon. dans

belles lettr.

avoit ouverte à Florence depuis fon Mém. de M. retour. D'où il fuit que fi Dante eft les Mém. de venu à Paris, comme on ne peut en l'Acad. des douter, il est plus que probable que ce t. 7. p. 296 n'a pû être que durant fon exil, & conféquemment vers 1301.

Je dis qu'on ne peut révoquer en doute le voyage de Dante à Paris; Boccace le dit expreffément au livre quinziéme de fa Généalogie des Dieux, où il marque que ce Poëte aimoit à ar gumenter dans les difputes publiques de l'Univerfité. Dante lui-même, au dixiéme chant de fon Paradis, nous fait entendre qu'il avoit écouté à Paris les leçons d'un habile Philosophe nommé Seguier dans les Ecoles de la ruë nommée aux Feurres par quelquesuns de nos anciens Ecrivains : c'eft celle

que l'on nomme aujourd'hui la rue du T. 3. p. 209. Fouare. Voici fes paroles, felon la vieille & aux notes a traduction de Grangier:

Celui dont ton regard fe retourne en moi-mesme
Eft l'efclair d'un efprit qui fous grave penser
Semble courir bien tard au but de la mort blesme i
L'éternelle clarté c'est du docte Sigier

P. 231

Qui lifant en la ruë aux Feurres en fa vic; TRADUC Syllogifoit difcours dont on lui porte envie,'

TIONS DES

POETES
ITALIENS.

Dante fut regardé en France comme un des plus beaux génies de fon fiécle; & telle eft l'idée avantageufe qu'on a toujours euë de lui en Italie, depuis qu'il y fut retourné. Orateur, Poëte, Philofophe, Théologien même, on ne peut douter qu'il n'ait beaucoup contribué par fes confeils & par fes écrits, à rétablir l'étude des lettres en Italie. Le plus fameux de tous les ouvrages, eft fa Comédie de l'Enfer, du Purgatoire

du Paradis. Il entreprit de la faire en vers Latins; mais s'étant apperçu que cette langue fecondoit mal l'ardeur de fon génie, il la recommença, & l'acheva en fa langue,

L'Auteur honoroit cet ouvrage du titre de poëme épique ou héroïque; & c'eft ainfi que l'ont qualifié après lui Caftelvetro, l'Auteur de la Grammaire Italienne de Port-Royal, & plufieurs autres, quoiqu'il ne tienne nullement de ce genre de poefie. Le re de Comédie qu'on lui donne dans toutes les éditions qui en ont été faites, ne lui convient qu'en ce que le Poëte amene fur la fcene un grand nombre

da

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