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mées à entendre, & que notre langue
a bannis depuis longtems lors même TRADUC-
qu'elle parle fur de pareils fujets. Ceux POET. LAT
qui aiment nos vieux proverbes & nos Mod.
anciennes manieres de parler triviales,
en trouveront un affez grand nombre
dans cette traduction. Damalis s'eft fer-
vi des vers de dix fyllabes, excepté
dans environ deux pages du fecond
plaidoyer, où, je ne fçai par quelle rai-
fon, il emploie les vers de huit fyllabes.
Je crois que cette traduction étoit l'ef
fai d'un jeune homme. C'eft ce que
Damalis femble dire lui-même à la fin
de fon Epître à Jacques du Puy, où
il s'exprime ainfi :

Recevez doncq par cefte humble prefente
La verfion qu'humblement vous prefente.
Les mots ne rend par nombre, mais par pois,
Ce me permet le langage Françoys.
Et me fuys mis encore à l'adventure
D'y adjoufter quelque bonne mefure.
Ma pauvre Muse encore jeune & tendre
Sans vous n'ofoit encores entreprendre
De fortir hors, & nager par le monde,
Craignant fon flot & fa dangereufe onde.
Mais vous eftant fon appuy & fupport,
Pourra venir, Dieu aydant, à bon port.
La traduction du même ouvrage par

TIONS

DES

POET. LAT.

Mon.

Calvy de la Fontaine, eft en profe, & TRADUC- parut en 1556. deux ans avant celle de Damalis qui n'en avoit eu, fans doute, aucune connoiffance, puifque la Fontaine dit expreffément que l'original étoit en Latin, & l'ouvrage de Philippe de Beroalde. Comme celui-ci ne décide point la conteftation des trois. freres, & que l'on ne voit aucun jugement du procès, il y a apparence que le Traducteur en profe en fait la matiere de fes additions, où, pour me servir de fes termes, il pourfuit & amplifie l'invention Latine de Philippe Beroalde. Si je puis découvrir cette traduction je vous en parlerai avec plus de certi tude.

CHAPITRE SECOND.

Des Traductions du Mantoüan, de Sannazar & de Palingenius.

E Mantoian, Sannazar & Palin

Lgenius vous font plus connus que

les Poëtes dont je viens de vous parler. Leurs noms font au moins plus célébres, & le rang que les deux derniers, tiennent fur le Parnaffe, eft plus diftingué,

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TIONS DES

POET. LAT.

Baptifte Spagnolo, vulgairement Baptifte Mantuan, Carme, né à Man- TRADUCtoue fous le Pontificat de Nicolas V. l'an 1448 & mort en 1516. fous ce- Mod. lui de Leon X. fut Général de fon Or dre, & s'attira en fon tems les éloges de la plupart de fes compatriotes pour fes poëfies, qu'on ne lit cependant pref que plus aujourd'hui. Paul Jove dit dans fes éloges, que ce Religieux étoit bâtard, & il paroît qu'il en étoit bien informé. Ce que Laurent Cuper dans l'Epître dédicatoire qu'il a mife audevant de l'édition en quatre volumes in-8°. des œuvres de fon confrere, & le P. Lucius dans fa Biblotheque des Ecrivains Carmes, difent pour s'infcrire en faux contre le témoignage de Paul Jove, n'eft pas affez fondé pour détruire ce témoignage; & il me femble que M. de la Monnoye les réfute Ménag. t t folidement dans le Ménagiana. Après fuiv. édit. de tout, la naissance ne fait rien au gé nie, & le Mantoüan eût-il été de la plus vile condition, ne s'en feroit pas moins acquis de gloire s'il eût auffiexcellé dans la poëfie qu'il a été fécond dans ce genre d'écrire. On l'a cependant comparé à Virgile, quoiqu'affurément il n'ait rien de commun avec

P. 273. &

1715.

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poëme Buc.

כל

lui que d'être de Mantouë. Colletet •TRADUC qui lui donne beaucoup de génie, & POET.LAT. Peut-être plus que le Mantouan n'en MOD... avoit réellement, ne laiffe pas de conDifc. fur le venir » qu'il avoit fi peu d'art & fi peu d'adreffe, qu'il ne feignoit pas d'em5ployer tout ce que la chaleur & l'im» pétuofité de fon efprit dictoient à fa plume, haut ou bas; rare ou com»mun, ingénieux ou non; » & il en apporte des exemples.

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na de l'E

כל

M. de Fontenelle, fi capable de bien juger de la bonté d'un ouvrage d'efprit, confirmant la penfée de Colletet Difc. fur la dit qu'il n'y a point d'Auteur qui ait glug. fait des bergers fi ruftiques, que le ManVaill. life, touan. Le berger Fauftus en faisant le fur la poësie paftor. portrait de fa maîtreffe dit qu'elle avoit un gros vifage bourfouflé & rouge, & que quoiqu'elle fût à peu près borgne, il la trouvoit plus belle que Diane. Ici Joffe Badius, Commentateur du Poëte, avertit que le Mantoüan n'étoit pas encore Carme quand il compofa cette Eglogue; & l'avertiffement n'est pas hors de propos; car il ne feroit pas édifiant de voir un Religieux du Mont-Carmel épris d'une beauté humaine. Mais le portrait en lui-même n'en eft pas moins ridicule.

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Dans une Eglogue allégorique du TRADUC même Poëte, le Mantouan introduit POET. LAT. deux Carmes, l'un de l'étroite Obfer- MOD. vance, l'autre mitigé, qui difputent ensemble fous la forme de bergers. Le Bembe eft leur juge, & il eft obligé de leur faire ôter leurs houlettes de peur qu'ils ne fe battent. L'allégorie n'est pourtant pas mal gardée mais il y a trop de bizarrerie d'avoir traité en Eglogue la conteftation de ces Carmes de différente Obfervance. J'aimerois cependant mieux encore, dit M. de Fon tenelle, qu'un berger repréfentât un Carme, que de le voir faire l'Epicurien, & de lui entendre dire des impiétés. Or cela n'arrive que trop fouvent au Mantoüan, quoique fes bergers foient très-groffiers, & que lui-même fût Religieux. Amintas dans une mauvaise humeur où il fe laifle aller contre les loix & contre l'honnêteté, parce qu'il eft dit que l'homme eft bien fou de s'imaginer qu'il ira dans les cieux après cette vie; & il ajoute, que tour ce qui en arrivera, fera peut-être qu'il paffera dans un oifeau qui volera dans les airs. En vain le Mantoian, pour excufer ces blafphêmes, dit qu'Amintas avoit paffé prefque toute fa vie à la campagne

amoureux,

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