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Jugemens des Savans de M. Baillet. Comme je ne connois point de traduc- TRADUCtion Françoise des Eglogues Latines de Sannazar, je ne dois point vous ar- Mod. rêter plus longtems fur ce fujet.

Les feules poëties Latines de ce célébre Ecrivain que l'on ait traduites en notre langue, font quelques Epigrammes, fa Lamentation fur la mort de Jesus-Christ, & fon poëme de l'enfantement de la fainte Vierge. Scévole de Sainte Marthe a mis en vers François une Epigramme de Sannazar, & cette traduction se trouve dans les premieres Oeuvres de l'Auteur, qui contiennent fes imitations & traductions recueillies de divers Poëtes Grecs & Latins, le tout divisé en cinq livres, & imprimé à Paris en 1571. in-8°. Je vous ai déja cité plufieurs fois ce recueil, de même que celui des œuvres de Meffieurs de Sainte Marthe où le premier est renfermé.

TIONS DES
POET. LAT.

Dans le fecond tome du Ménagiana Ménag. 1. 2. vous trouverez la traduction que M. p. 385. t. 4. de la Monnoie a faite en quatre vers P. 121) de huit fyllabes du Diftique fatyrique que Sannazar fit fur la mort du Pape Leon X. & dans le quatriéme volume du même recueil une imitation faite par le même de l'Epigramme 44. du pre Tome VII.

C

TRADUC

TIONS DES POET. LAT. Μου..

qua

mier livre. Cette Epigramme eft en
tre vers dans le Poëte Latin; l'imita-
tion de M. de la Monnoie eft en onze
vers de dix fyllabes.

La Lamentation adreffée aux hommes
fur la mort de Jefus-Chrift, qui a au moins
cent dix vers dans Sannazar, a été tra-
duite librement en fort mauvais vers
François par Guy le Fevre de la Bo-
derie; & cette traduction adreffée à
M. de Saint Germain, Docteur en
Théologie de la Faculté de Paris, fait
partie des Hymnes Eccléfiaftiques felon le
cours de l'année, avec autres Cantiques
Spirituels, par M. de la Boderie, dont
j'ai vu deux éditions faites à Paris, l'u-
ne en 1578. & la feconde en 1581.
J'ai lieu de croire que l'on trouve d'au-
tres traductions ou imitations du mê-
me Poëte parmi les œuvres de nos Poë-
tes François ; mais pour les connoître,
il faudroit parcourir ces œuvres
c'eft un travail que je réferve à un au-

tre tems.

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&

Ces Epigrammes & autres petites pieces de Sannazar l'amufoient fans lui coûter beaucoup de tems. Mais fon poëme de l'enfantement de la fainte Vierge lui demanda une occupation férieufe & longue. Théophile Folengi,

TIONS IES

Poëte Macaronique, avoit déja fait un poëme Italien fur l'humanité de Jefus- TRADUC Chrift, & l'on dit que ce fut la lectu- POET. LAT. re de ce poëme qui fit naître à Sanna- Mon. zar le deffein de fa Chriftéide; car c'eft Notes de la fous ce titre qu'il fit d'abord paroître Monn fur l'art. Foleng. fon ouvrage : & ce ne fut qu'après l'a- dans le voir augmenté & perfectionné,qu'il l'in- des Jug. des titula de Partu Virginis, titre qu'il faut Bailler, bien fe garder de croire qu'il ait emprunté de Folengi, étant très-faux que celui-ci, comme plufieurs l'ont dit, ait jamais fait en vers Latins un poëme fur le même fujet, & avec le même titre.

Sav. de Mo

L'on eft mieux fondé à dire que des vûës d'ambition & de fortune, dont les malheurs de la famille de Sannazar n'avoient point éteint les mouvemens dans fon coeur, l'animerent durant la compofition de ce poëme & foutinrent le courage dont il avoit befoin pour exécuter une pareille entreprise. Il efpéroit, dit-on, que Clément VII. le récompenferoit de la pourpre Romaine. Mais ce Pape ne fuivit point les exemples que fon prédéceffeur lui avoit laiffés en ce genre. Sannazar travailla vingt ans à fon poëme ; & quelques Cri tiques ont dit qu'il l'avoit ufé & affoi!

bli en voulant le polir de plus en pluș. TRADUC- Il eft divifé en trois livres, & Jules POET LAT. Scaliger y trouve toutes les parties qui MOD. font eflentielles à la poëfie, pour en

TIONS DES

faire un beau corps, comme font les nerfs, la jufte proportion, l'air naturel & la beauté. Ce Gritique ajoute que Sannazar a la veine très pure, & qu'elle coule avec beaucoup d'égalité. D'autres y reconnoiffent auffi une grande netteté, & beaucoup de clarté jointe à une fort belle invention.

Malgré toutes ces louanges que les Ecrivains d'Italie lui ont données avec encore plus de profufion que quelques Critiques François qui y ont fait remarquer de grands défauts, c'eft avec raifon que l'on a condamné dans ce poëme le mélange monftrueux que l'on у voit des fables du Paganisme avec les Rae préf. du mysteres de notre Religion. Celle-ci eft poëme de lafi grave qué la fiction la plus fage prend kelig.

auprès d'elle un air de fable qui ne peut s'allier avec la vérité. On fe rebute d'entendre dans le poëme de Sannazar, les merveilles faintes dans la bouche de Protée, le Catalogue des Néréïdes qui environnent Jesus-Christ lorsqu'il mar the fur les eaux; & l'on méprife les hommages que lui rend Neptune, lorf

TIONS DES POET.LAT

qu'à fon afpect il baiffe fon Trident. Si le Pape Leon X. dans un bref ho- TRADUCnorable qu'il adreffa à Sannazar au fujet de fon poëme, remercie la Provi- MOD. dence, qui a permis que l'Eglife trouvât un fi grand défenfeur dans un tems où elle étoit attaqué par tant d'ennemis, ce n'eft pas qu'un Pape fi éclairé pût approuver l'abus que le Poëte avoir fait des ornemens de la fable, ni penfer que le Jourdain, parlant de JesusChrift à fes Nymphes, pût convertir les Hérétiques & les incrédules; mais les louanges de Leon X. & fes actions de graces venoient de ce qu'on a toujours fenti combien il étoit louable à un Poëte de confacrer fon travail à des fujets utiles, & furtout à la gloire de la Religion:

Nous ne connoiffons qu'une traduc tion Françoise du poëme de Sannazar, encore n'a-t'elle pas pour pere un Ecrivain de grande réputation : elle eft dé Guillaume Colletet, Parifien, Avocat au Parlement & au Confeil, & l'un des quarante de l'Académie Françoise. Les traductions en profe de ce fécond Ecrivain ne font plus recherchées, & même depuis longtems. On les trouve froides & languillantes; on y-apperçoit un style

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