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moins de deux mois. Ils ajoutent qu'il

TIONS DES

a péché contre la connoiffance de l'an- TRADUCtiquité dans les noms des perfonnages POET. LAT. de la même Tragédie, où il en a em- Mod. ployé quelques-uns qui font Grecs comme Storge & Symmaque.

1729.

Quant au style, il faut obferver qu'on Mém. de ne doit point chercher dans ces Tragé- Trév. Mai dies la cadence majestueuse du vers Iambe Dramatique. L'Auteur a pris une verfification moins grave, & qui convient plutôt à la fable qu'à la Tragédie. Ce défaut regne prefque partout; & l'on s'eft étonné qu'un Poëte qui a fi bien pris le goût de l'antiquité dans la plupart de fes compofitions, n'ait pas fçu prendre le caractere de verfification qui convenoit à la poëfie propre au Théâtre. Il y a auffi mêlé le choeur, à l'exemple des Anciens. Et c'est la feule chofe en quoi vous remarquerez que Buchanan a imité les Anciens, fi vous lifez les traductions que nous avons du Jean-Baptifte & du Jephté : car du refte il faut avouer que le goût, le génie & la beauté du ftyle de l'original difparoiffent dans ces traductions.

Nous en avons deux de la Tragédie de Jephté, l'une par Florent Chreftien, habile Critique, mais mauvais Poëte

TIONS DES

POET. LAT. Μου.

François; l'autre par Pierre Brinon de TRADUC- Baumartin, Confeiller du Roi au Parlement de Normandie. Toutes deux font en vers: mais Chreftien se sert tantôt du vers héroïque, & tantôt du vers de dix fyllabes, excepté dans les chœurs où il employe ordinairement le vers à trois pieds, & celui à quatre: au lieu que M. Brinon fe fert toujours du vers de dix fyllabes dans le corps de la piéce, & varie fes mefures dans les choeurs. La traduction de Florent Chreftien ne manque point de fidélité; elle est même affez littérale. Elle parut à Orleans en 1567. in-4°. on la goûta; elle fut bien reçuë; & elle a été réimprimée en 1573. & en 1587. Ce n'est que dans la premiere édition que l'on apprend que le Traducteur adreffa fon ouvrage au Cardinal de Châtillon Evêque & Comte de Beauvais, par une Epître en quatorze vers, où pour faire valoir fa traduction, il l'appelle

une

Entreprise du tout difficile & hardie,

Ouvrage qui eft plein d'un hazard périlleux,
Qui ne demande point un efprit fommeilleux,
Un bras foible de nerfs, une main eftourdie.

Ce n'eft auffi que dans cette édition

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TRADUC

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que l'on trouve le premier chapitre des Lamentations de Jéremie, traduites en formes de Stances. Florent Chreftien a POET. LAT ajouté cette piéce à fa verfion de Jephté Mon. pour mettre le dernier trait à ce que représente cette Tragédie qui eft, felon lui,

Pourtrait de nos vieux maux, des deffeins orgueilleur Des peuples mutinés, des débats merveilleux. Je préférerois la traduction de la même Tragédie par Brinon : elle eft auffi littérale, elle n'est pas rendue avec moins de fidélité; & quoique le langage en foit auffi fort mauvais, on peut dire en général qu'il eft moins barbare, & qu'il fe fent davantage des progrès que notre langue commençoit à faire: jugezen par la traduction de ce que dit le choeur après les adieux de la fille de Jephté. Ce choeur s'exprime ainfi en s'adreffant à cette vierge, victime du vœu téméraire de fon pere:

O gloire de ta race, & du fexe l'honneur,
Dans un corps féminin qui tiens un mâle cœur,
Encore que tu meure,

Tu ne perds que les biens qu'il faut perdre en mourant;
Mais tu en acquiers un qui eft beaucoup plus grand,

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TRADUC

TIONS DES
POET. LAT.
MOD.

Les peuples d'Orient te chanteront tousjours

Ceux que le Nil abbreuve en commençant fon cours.,
Et le froid Sauromate,

Diront que réfoluë à tout extrême effort

Four le bien du pays tu as fouffert la mort
D'une ame non ingrate.

Nos vierges tous les ans d'un lamentable fon
Urleront cy-après une triste, chanson

A ta gloire immortelle.

Mais des lâches efprits. des inutiles corps
A servir au public, tout meurt quand ils font morts
D'une mort éternelle.

Brinon dédia cette traduction à fon pere qui étoit auffi Confeiller au Parlement de Normandie, & elle fut imprimée à Rouen en 1614.

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Il avoit donné l'année précédente au même lieu le Baptifte, ou la Calomnie, autre Tragédie traduite auffi du Latin de Buchanan. Il y obferve la même marche, fi je puis m'exprimer ainfi que dans fa traduction de Jephté. Ce font des vers de dix fyllabes pour le corps de la pièce, des vers de diverfes mesures pour la traduction des chœurs; ce font les mêmes défauts dans la verfification & dans le langage. L'un a été le modéle de l'autre, le Baptifte du Jephté, & il y a lieu de croire que ces

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deux traductions font deux enfans du même jour, comme ils le font du mê- TRADUCme pere: il n'y a eu d'intervalle entre POET. LAT. J'un & l'autre que pour leur entrée dans Mov. le monde. Le Baptifte qui eft l'aîné, a, ce me femble, quelque chofe de plus dur que le Jephté, ce qui vient, fans doute, de ce que Brinon s'eft aftraint à ne mettre dans le François qu'autant de vers qu'il y en a dans le Latin.

Nous avons encore du même l'Ephéfienne, Tragi comédie, imprimée en 1614. avec la traduction du Jephté. J'aurois pû vous parler de cette Tragi comédie, fi elle m'eût été plutôt connuë, lorfque je vous ai entretenu de la Satyre de Pétrone. Cette piéce est en effet une imitation de l'histoire ou de la fable de la Matrone d'Ephefe qui fait un des épisodes de cette Satyre. Mais ce n'en eft qu'une imitation très-libre qui me donne droit de la ranger parmi nos piéces de Théâtre, dont il faudra bien vous donner quelque jour une idée, & peut-être vous en diraije alors davantage fur cette Tragi-comédie prise de Pétrone.

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Florent Chreftien avoit eu la pensée de traduire le Baptifte de Buchanan comme il avoit traduit le Jephté, &

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