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TRADUC

TIONS

DES

POET. LAT.

pour les amateurs de la poëfie, & en
cela il a réuffi. Pierre Corneille a tra-
duit en vers les trois hymnes de faint
Victor, & cet effai fait regretter qu'il on.
n'en ait pas fait davantage : cette tra-
duction a été réimprimée en 1738.
dans les Oeuvres diverfes de Corneille.
Santeul a vu durant fa vie deux édi-
tions de la traduction de Saurin, & en
169. il s'en fit une troifiéme plus corre-
te que les deux précédentes. Le Poëte
Latin ne vit point celle-ci. Il étoit
mort à Dijon le 5. Août 1697. Jamais
Poëte ne fut plus honoré d'éloges fu-
nébres & d'épitaphes en vers. Les beaux
efprits de la ville où il étoit mort,
fu-
rent les premiers à rendre hommage à
fa mémoire; & ceux de Paris ne furent
pas des derniers à produire auffi diver-
fes piéces à fa gloire. Dès 1698. on en
imprima un recueil à Dijon in-4°. Le
difcours qui eft à la tête, & toutes les
piéces qui s'y trouvent jufqu'à la page
39. font de Pierre Legouz, Confeiller
au Parlement de Bourgogne, mort en
1702. Ce recueil eft réimprimé dans
le troifiéme tome des œuvres de San-
teul, de l'édition de 1729. Quelques-
unes des piéces qui le composent one
été auffi traduites en vers François

entr'autres, l'Elégie intitulée, l'Ombre TRADUC de Santeul qui apparoît à Henri-Jules POET. LAT. de Bourbon, Prince de Condé, & l'éM. Rollin fit pour le Poë

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MOD.

pitaphe que M. Rollin fit

te, & qui a été ainfi traduite par M. de la Monnoie.

Ci git que la France regrette,

Du Parnaffe Chrétien le célébre Poëte,

Santeul qui fçut d'une autre voLX

Chanter les fontaines, les bois,

Les héros

mais que fert ce travail à fes Manes ?
L'eftime des humains de fon mérite épris,

Peut fuffire à fes vers profanes :
Dieu de fes vers facrés feul eft le digne prix.

Feu M. Hüet, ancien Evêque d'Avranche, Théologien, Philofophe, Hiftorien, Critique, Grammairien, poffédant les langues, même orientales, fut encore un Poëte excellent, & qui ne le cédoit point de ce côté-là à Santeul. La diction des meilleurs » Poëtes du tems de Céfar & d'Auguf»te, n'eft pas plus pure que la fienne, T. 1. p. 106. » eft-il dit dans le Ménagiana. On recon»noit dans fes dix Eglogues (de l'édition » de fes poëfies données en 1709.) un

"

agréable mélange du tour d'Ovide >> avec le tour de Claudien. Le caractere » de Lucrece dans l'Epiphora, de Tibul

le dans l'élégie du Thé & dans les deux «<< autres ; d'Horace dans fon voyage de

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Suede & dans les Odes; d'Aufone « POET, LAT. dans le petit poëme du Sel. Ce qu'il « Mon. y a de merveilleux eft que l'érudition «

сс

univerfelle de l'Auteur n'a laiffé nul- «
le trace d'obfcurité, ni de féchereffe <<
dans aucune de fes piéces; qu'on y <<
remarque en toutes la même élégan-
ce de style & la même vivacité, en- «
forte que celles qu'il a faites à qua- «<<
tre-vingts ans & plus, font auffi ce
pleines de feu que les poëfies de fa «
plus verte jeuneffe. » C'eft ce qui a fait
dire à M. de la Mounoie dans un fon-
net qu'il adreffa à Meffieurs de l'Aca-
démie Françoife durant le cours d'une
maladie dangereufe que M. Hüet eut
en 1712.

.

Vous perdrez en Hüet un chantre dont la voix
Auroit pû défier le chantre de la Thrace

Lui feul, génie immense, embraffoit à la fois
Tout ce que du favoir le vafte cercle embraffe, &c.

On a fix éditions des poèfies de ce favant Prélat depuis celle de 1664. qui est la premiere, jufqu'à la derniere donnée en 1729. avec les poëfies de l'Abbé Fraguier, par les foins de M. l'Ab

Ménag. ibid.

P. 107.

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MOD.

bé d'Olivet, de l'Académie FrançoiTRADUC- fe. Mais de tant de piéces renfermées POET. LAT. dans cette collection, je ne connois que la traduction de l'Eglogue, intitulée Lampyris, ou le Ver luifant, & celle de la troifiéme Elégie qui contient l'éloge du Thé. Ces deux traductions font en vers François. L'Eglogue eft de 1710. & par conféquent un fruit de la vieilleffe de l'Auteur, & cependant cette piéce ne s'en ref fent aucunement. Le Poëte y décrit avec beaucoup d'élégance la métamorphofe de la Nymphe Lampyris en ver luifant. Tout y plaît, la juftesse de l'invention, l'ingénieux emploi que l'Autear y fait partout de la fable, le choix des termes, la netteté du ftyle, l'agrément des defcriptions, celle furtour de la danfe de Lampyris. Si M. de la Monnoie crut y trouver quelques fautes grammaticales, s'il exerça fur cela fa critique dans deux lettres qu'il adreffa à cette occafion à M. l'Abbé d'Olivet, il me femble que M. Huet y a répondu d'une maniere fatisfaifante dans la lettre qu'il envoya au même, & que Bibl. Franç. vous trouverez avec les deux critiquesdans le tome 35. part. 2. du Journal de du Sauzet. Quant à la traduction dư

P. 345.

Lampyris, dont j'ignore l'Auteur, elle eft en vers libres, & paraphrafée.

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Si elle n'exprime pas les beautés de POET. LAT l'original, on peut dire qu'elle en ap- Mod. proche. Le Traducteur l'avoit adreffée à M. Hüet par ces vers:

Prélat dont le vafte génie

Avec la fcience infinie

Sçut allier heureusement

La politcffe & l'enjoument;
Et qui de Virgile & d'Horace -

Scut attraper l'air & la grace;
Je ferai trop content fi du moins d'un foûris]
Tu daignes honorer ma poëtique audace
Sur les malheurs de Lampyris.

M. l'Abbé Saas, Secrétaire de l'Archevêché de Rouen, a fait imprimer cette pièce dans le recueil de Fables choifies de M. de la Fontaine traduites en vers Latins, &c. imprimé à Anvers (Rouen ) 1738. in-12. La traduction de l'éloge du Thé, qui n'est prefque qu'une imitation de l'Elégie de M. Hüet, eft d'un Chanoine Régulier de Sainte Geneviève, & elle est imprimée dans le Mercure du mois de Novembre 1742.

L'Abbé Boutard croyoit marcher au moins à côté de M. Hüet & des

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