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» ftyle, dignes du regne d'Augufte, TRADUC- » en quoi il l'emporte prefque fur TIONS DES >> tous nos Poëtes Latins, au juge»ment des meilleurs connoiffeurs. >>

POET. LAT.

MOD.

M. Titon fi capable lui-même de fentir & de goûter les belles chofes, ayant eu l'occafion de voir le pere Vaniere à Paris, lorfque ce Poëte y vint en 1730. le pria de permettre qu'on tirât fon buste pour en faire un Médaillon, afin d'être mis en regard avec celui du pere Rapin fur le fameux Parnaffe en bronze que M. Titon luimême a fait exécuter à la gloire des Poëtes Latins & François les plus renommés. Le pere Vaniere ne put fe refufer à des inftances fi flateufes, & en Poëte reconnoiffant il paya l'honneur qu'on lui faifoit par une belle Epître en vers qu'il adreffa à M. de Caulet, Préfident à mortier au Parlement de Touloufe. C'eft un poëme excellent, digne du Parnaffe qui y eft célébré, & du mérite de celui qui a fait exécuter ce beau monument. Le pere Brumoy a donné une imitation en profe & en vers de cette belle Epître. Je ne vous en rapporterai que cet endroit où l'Auteur après être convenu que les entrées du Parnaffe font ru

des

des & difficiles; mais qu'en récompen.

fe les retraites les moins connues font TRADUCdélicieuses, dit en paraphrasant les vers POET. LAT.

Latins:

Là, de myrtes touffus on trouve des bocages,
Ici, de verds lauriers, ailleurs d'autres ombrages;
Autre part des gazons, des jardins, des ruisseaux,
Où le Rimeur médite au murmure des eaux;
Tantôt c'eft un rocher, tantôt une prairie:
Dans ce Parnaffe feint tout est allégorie;
Tout dit que vainement fur ce mont dangereux
De monter on a la manie,

Sans le secours de l'art, & l'effor du génie :
Mais qu'un efprit guidé par un attrait heureux,
Plus content que les Rois, fçait y combler les vœux.

Le pere Brumoy en parloit par ex-
périence. Cet heureux attrait l'avoit gui-
dé dès fajeuneffe, l'avoit introduit fur le
Parnaffe, & familiarifé avec les Mufes
Latines & Françoifes. Il connoiffoit
parfaitement leur langage, & il le par-
loit avec cette pureté, cette élégance,
cette délicateffe qui l'ont fait à fon tour
avoiier des Mufes comme étant un de
leurs premiers difciples entre les mo-
dernes. On en a pour preuves, par rap-
port aux Mufes Latines, fon poëme
fur les Paffions, en douze livres, le poë-
me de l'Art de la Verrerie, en quatre
Tome VII.
M

TIONS DES

MOD.

livres, & fes cinq Epîtres des Morts. TRADUC Sa verfification eft noble & fublime.

POET. LAT.

24. P. 287,

TIONS DES Elle approche cependant davantage, MOD. dans fes deux poëmes, de la mâle Obferv. fur vigueur de Lucrece, que de la toules Ecr. mol chante harmonie de Virgile. On fent partout un Auteur plein de ces deux grands Poëtes qu'il a pris pour modéle. Sa Latinité eft pure, & plus Romaine que ne l'eft celle de la plûpart de nos Auteurs Latins d'aujourd'hui, qui laiffent trop voir qu'ils ne font pas Romains. Le Poëte n'eft pas néanmoins fans défauts, & on en a repris quelques-uns. Il emploie quelquefois des expreffions qui ne font pas affez correctes, ou qui ne répondent pas toujours aux idées qu'il y attache, Il y a de petites négligences dans le ftyle, quoique peu fréquentes quelques-unes de fes idées n'ont pas toute la jufteffe que l'on pouvoit defirer. Mais, dit un Critique affez févere pour en être cru quand il loue certains ouvrages d'efprit, que ces légers défauts font peu de chofe, fi on les compare avec la force des penfées, la variété & la multiplicité des images, la vivacité des descriptions, la pureté & l'élégance du langage!

Le poëme des paffions interrelle tout

TIONS DES

Lecteur un peu Philofophe, & qui avec les raisonnemens folides, aime encore TRADUCles portraits vifs & ingénieux, les def- POET. LAT criptions brillantes, les comparaisons MOD. fpirituelles, jointes à toutes les graces de la poëfie. Le Poëte expofe d'abord la phyfique des paffions; il fait voir le obferv. fur fondement de celles-ci, leur but, leur principe, le trouble qu'elles caufent & le fiége où elles réfident, qu'il pla

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les Ecr. moi.

t. 24, p. 267.
& fuiv.
Mém. de

Trév. Sept.

ce dans le cerveau où eft l'ame. Tout 741.
cela eft la matiere du premier chant,
il s'agit des paffions qui font la four-
ce de toutes les autres; c'eft pourquoi
l'Auteur les appelle des paffions meres;
& il en admet deux, l'amour & la hai-
ne. De ces deux fources coulent d'in-
nombrables ruiffeaux, qui ont le nom
& la force d'autant de paffions. De
l'amour, à qui le Poëte paroît réferver
l'empire univerfel, naiffent les divers
penchans qu'on remarque parmi les hu-
mains. Le Poëte, felon le privilége de
fon art, en fait des génies dont il donne
une defcription fort fpirituelle à la fin du
premier chant, & il emploie tout le
fecond à tracer leurs divers caracteres.

On voit dans le troifiéme chant la naiffance, les progrès & les fignes des paffions. Elles naillent & elles croiffent

TIONS DES POET. LAT. Mop,

avec nous : le Poëte s'étend davantage TRADUC fur les fignes extérieurs qui les trahilfent, Viennent enfuite les paffions particulieres avec leurs effets & leurs dépendances; la joie, la trifteffe, la douleur, les ris & les larmes, le defir & les vœux : c'est la matiere du quatriéme chant & des trois fuivans; & voilà où fe termine la premiere partie du poëme, où l'on traite de ce qui eft commun à toutes les paffions, & en particulier des deux paffions principales d'où naiffent toutes les autres.

Dans la feconde partie le Poëte entre dans le détail, & il décrit au chant huitiéme les paffions douces, & au chant neuvième, les paffions violentes. L'elpérance eft à la tête des paffions douces; elle trompe les humains, mais cette erreur leur eft avantageufe. En traitant des paffions violentes, l'Auteur peint des couleurs les plus vives la haine, fource de ces paffions, fes diverfes efpeces & fes différens degrés. Au chant dixiéme il examine les vices & les vertus des paffions. L'onziéme chant enfeigne l'art d'émouvoir les cœurs. Cet art eft l'ouvrage de la perfuafion, & celle-ci naît de l'éloquence : auffi le Poëte représente-t'il l'éloquençé

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