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TIONS DES

MOD.

quelle année, avec quelques autres poëTRADUC-fies du Traducteur. Mais ces producPOET.LAT. tions étoient fi imparfaites, l'édition d'ailleurs en étoit fi mauvaise, que l'Auteur rougit d'y voir fon nom. C'est ce qui engagea fes amis à lui confeiller de continuer fa verfion, & de publier luimême tout ce qu'il jugeroit à propos d'en donner. Sa docilité à valu l'édition dont il s'agit, elle eft de l'an 1558. à Lyon. Les vers font de dix fyllabes, & ont tous les défauts de ceux de Jacques de Mortieres & de Michel d'Amboife. L'Epître au Vicomte de Joyeufe eft datée de Couifan, maifon de ce Seigneur, le cinq Février 1558.

Vous ne ferez pas furpris de trouver encore plus de défauts dans la traduction que Maître Albin des Avenelles Chanoine de Soiffons, donna de quelques maximes du Mantoian contre l'amour profane. Cette traduction eft plus ancienne que les trois dont je viens de vous parler. J'en ignore néanmoins la date; elle n'eft point dans l'exemplaire que j'ai vu. Mais tout y annonce fon ancienneté, le langage & l'impreffion. Cette vieille traduction est encore en vers de dix fyllabes: car c'étoit le goût de ce tems-là. Vous la trouverez à la

TRADUC

fuite du Remede d'amour compofé par Æneas Sylvius ; autrement dit Pape Pie fecond TIONS: DES tranflaté de Latin en François, par le POET. LAT. même des Avenelles. C'est un petit Mod. in-4°. de douze feuillets, d'impreffion Gothique, avec le texte d'Æneas Sylvius, & celui du Mantuan à la marge. Ce qui eft du Mantuan, commence à la page septiéme, mais ne fait qu'un tout continué avec l'écrit de Pie second. On ne s'apperçoit du changement que par ce que le Traducteur a mis en marge, Mantuanus, & que la profe du Pape laiffe là la place aux vers du Poëte.

Quittons à notre tour ce Verfificateur infipide & fes mauvais Traducteurs, pour converfer plus agréablement avec le célébre Jacques Sannazar, autrement connu fous fon nom favant d'Attio Sincero. Cet Ecrivain qui fut le Cenfeur févere des ouvrages de fon tems, eft un Poëte avoué des Mufes. S'il a des défauts, dont perfonne ne disconvient, il a auffi de grandes beautés que tout le monde avoue. On fait peu de chofe de fa vie. Ceux qui en ont écrit le plus exactement, nous apprennent feulement qu'il naquit l'an 1458. de parens affez illuftres, & même riches, mais dont la fortune avoit

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été confidérablement diminuée par les TRADUC- guerres qui affligerent fi longtems le POET. LAT. Royaume de Naples. On voit dans la MOD. profe feptiéme de fon Arcadie le détail Pecquet, des biens que fa famille avoit poffédés. préf. de la L'injuftice qui les lui avoit enlevés paroît avoir fait la matiere de la fixiéme Eglogue du même ouvrage. Dès fa plus tendre enfance il fit à Naples des progrès confidérables dans les Lettres.

trad. de l'Ar

cad.

Ducatiana,

M. le Duchat raconte autrement la part. 2. pag. naiffance & la premiere éducation de 358.359. Sannazar. Selon lui, ce Poëte étoit Ethiopien de naiffance. Dans fa jeunesfe il fut fait efclave, & vendu à un Napolitain, homme favant & poli nommé Sannazar, qui l'affranchit & lui donna fon nom. M. le Duchat cite fur cela Alexander ab Alexandro, Livre fecond, chapitre premier de fes Jours géniaux voilà fon garant; mais Alexandre ne dit point ce qu'on lui fait dire. Le Sannazar dont il parle, étoit un jeune homme qui avoit été esclave du Poëte, que celui-ci avoit fait inftruire dans les Lettres, lui trouvant de l'efprit & une grande facilité, qu'il avoit enfuite affranchi, & à qui il avoit donné fon nom. Jean-Antoine Vulpi qui a écrit affez au long & avec exactitude

TRADUC

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la vie du Poëte, dit à peu près la mê-
me chofe. Sannazar mourut l'an 1530.
puifque le Bembe dans une lettre du POET. LAT.
feiziéme Juin de cette année, remercie MoD..
Veronica Gambara de deux fonnets
qu'elle lui avoit envoyés fur cette mort. Il
fut enterré dans une Eglife voifine du
lieu où le Poëte Virgile a été inhumé,
& on lui érigea un fuperbe Mausolée
qui eft l'ouvrage de Jean-Ange Mon-
torfoli, Religieux Servite, Florentin.
La proximité de fon tombeau & de ce-
lui de Virgile a donné lieu à ces vers
de M. de la Monnoie imités des deux
vers Latins que le Bembe a faits
fervir d'Epitaphe à Sannazar.

Cy git, dont l'efprit fut fi beau
Sannazar, ce Poëte habile,

pour

Qui par fes vers divins approche de Virgile, Plus encor que par fon tombeau. On ne pouvoit mieux louer Sannazar, & avec plus de vérité. On reconnoît en effet dans tous les écrits de ce Poëte un homme d'une grande lecture fort inftruit furtout de l'ancienne Mythologie, & qui fçait en faire d'heureu fes applications. De tous ceux qui nous ont donné des paftorales depuis Virgile, il n'y a que lui, felon Scaliger, qui

Ménag. t. 4 P. 225.

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peur

mérite d'être lû. Et il est vrai que fon TRADUC- style eft naturel & très-pur. Mais POET, LAT, on donner à fes poëfies le nom d'ÉgloMOD. gues? Ce mot, dans l'acception commune, fe prend pour un poëme buco

lique ou paftoral, c'est-à-dire, un poëme qui imite la vie champêtre. SannaMent. mod Zar au contraire s'eft hazardé à tranfdifc. 27. porter des bois & des prairies, la fcene des pastorales, & de la placer fur le rivage aride de l'Océan. Il introduit des veaux marins au lieu de moutons & d'agneaux. Chez lui les Alcyons remplacent les Roffignols & les Linottes. Un panier d'huitres préfenté à une maîtreffe, y fait l'office d'un bouquet de fleurs. Quelque agrément qu'on puiffe trouver dans fon ftyle & dans fes penfées, on ne peut lui pardonner fon hardieffe fantafque de changer les décorations les plus charmantes contre des objets propres à infpirer la mélancholie & même la frayeur. Lifez ce que dit fur cela M. de Fontenelle dans fon Dif cours fur la nature de l'Eglogue, le nombre x111. du Difcours critique fur la Poëfie paftorale, que M. Vaillant a mis audevant de fa traduction en profe des Eglogues de Virgile, & l'article de Sannazar dans le tome quatriéme des Jugemens

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