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POET. LAT.
MOD.

trop rampant, qui manque quelqueTRADUC fois de netteté, & toujours de préciTIONS DES fion. Ces défauts font ceux de fa traduction du poëme de Sannazar quoique très-vantée par quelques amis de Colletet. Cette verfion fut imprimée à Paris en 1634 in-12. & je ne crois pas que l'on en ait fait d'autre édition. Colletet la dédia à Madame de Combalet pour avoir occafion de faire l'éloge de cette Dame, & celui du Cardinal de Richelieu dont il avoit l'honneur d'être protégé.

Marcel Palingene, Poëte célébre dé la Stellada dans le territoire de Ferrare, a mérité le même reproche que Sannazar, d'avoir fait dans fon poëme intitulé le Zodiaque de la vie humaine un monftrueux affemblage du facré & du profane, & d'avoir affocié le fouverain Etre avec les Divinités du Paganifme. On dit que le vrai nom de ce Poëte, qui vivoit en 1531. étoit Pier Angelo Manzolli dont Marcello Palingenio n'eft que l'anagramme. C'eft une découverte que l'on doit à M. Facciolati, Savant de Padouë, qui en a fait part dans une lettre écrite en 1725. à M. Heumann connu par plufieurs ou vrages remplis d'érudition. Mais M.

TRADUC

TIONS DES

par la Mon

Facciolati ne nous apprend rien de la vie de Palingene, & tous ceux qui ont parlé de ce Poëte, font fort ftériles fur POET.LAT. ce qui regarde fa perfonne. Scévole de Mor. Sainte Marthe dit qu'il étoit Médecin Préf. de la d'Hercule d'Eft II. Duc de Ferrare. trad, du zod. Mais il n'en donne point de preuves. nerie, fur l Par l'Epître dédicatoire du poëme, il fin, paroît que Palingene ne connoiffoit point le Duc de Ferrare; qu'il en étoit peu connu, & qu'il avoit paffé la plus grande partie de fa vie dans fa patrie, occupé à la compofition de fon poëme, & peu favorifé des biens de la fortune. Il parle même fort mal des Médecins en plufieurs endroits, quoiqu'il paroiffe estimer beaucoup la Médecine.

D'autres ont dit que Palingene étoit Prêtre, & Prêtre plein de Religion mais Critique févere, qui n'épargnoit ni les Eccléfiaftiques, ni les Moines de fon tems. Cette qualité de Prêtre eft encore fort difficile à prouver, n'étant fondée sur aucun monument qui foit autentique. Pour la févérité de fa critique, elle est certaine; fon poëme en offre des preuves fenfibles prefque à chaque page. Il y répand l'amertume de la fatyre fur prefque toutes les conditions; & ce qui eft encore plus con

damnable, c'eft la licence qu'il s'eft TRADUC- donnée de faire valoir les objections de POET.LAT, Ceux qui n'ont point de religion,

TIONS DES

Mon.

de

faire des defcriptions trop flateufes de la vie des Epicuriens, & d'avancer des opinions qui peuvent favorifer le Paganifme, & qu'il femble foutenir avec beaucoup de zéle.

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Je fçai que dans d'autres endroits ik parle de Dieu & de fes attributs d'une maniere qui répond à l'idée qu'en doivent avoir les Chrétiens les plus éclairés, & qu'il s'applique à prouver combien la félicité que procure la vertu est au-dessus de celle que les Epicuriens attachent au plaifir des fens. Je n'ignore pas que s'il a eu des Cenfeurs, il a trouvé auffi des Apologistes. Mais ne réfulteroit-il pas de tout ce qu'on a dit pour & contre lui, que fon Journ. des poëme, felon la remarque du Journal des Savans, ne fourniroit qu'un mélange monstrueux de Chriftianifme & de Paganisme, qui étant joints à des raifonnemens tirés de l'ancienne Philofophie, ne préfentent à l'efprit des Lecteurs que des objets confus, & que ce n'a pû être que la verfification & des préceptes de morale qui ont attiré à ce poëme les éloges qu'en ont fait plu

Savans, Juin

1732.

TRADUC

DES

TIONS
POET. LAT.

fieurs Savans. On y blâme encore ces
traits trop piquans contre l'autorité des
Papes & la vie des Moines, qui fufci-
terent à l'Auteur des ennemis qui trou- Mod.
blerent, dit-on, fes cendres après fa
mort. On trouve au moins dans plu-
fieurs Ecrivains que le cadavre du Poë-
te fut exhumé & brûlé; quoique dans
fen Epître dédicatoire il eût foumis
fes vers à l'autorité de l'Eglife.

Dans le feiziéme fiécle Scévole de Sainte Marthe traduifit ou imita en vers François plufieurs morceaux des douze livres du Zodiaque de la vie humaine; & Colletet dans fon difcours Collet. p 93. de la poëfie morale, appelle ces effais & luiv. des échantillons prétieux. On les trouve dans les premieres oeuvres du Traductéur imprimées en 1571. in-8°. Sainte Marthe vouloit par ces effais tenter le goût du public, réfolu, s'ils étoient bien reçus, d'entreprendre fur le même plan une traduction libre du poëme entier. Apparemment qu'il reconnut que cet ouvrage ne feroit pas reçu favorablement, puifqu'il ne paroît pas qu'il ait continué d'y travailler. Čes pendant Colletet nous apprend que ces échantillons arrêterent la plume de Jean Avril, Angevin, Prieur de Corzé

TIONS DES

MOD.

qui avoit traduit en vers François les TRADUC deux premiers livres de Palingene, POET. LAT mais qui n'ofa en hazarder la publication lorsqu'il eût vu les effais de Sainte Marthe. Il n'étoit pas néanmoins fi difficile de faire mieux que cet Auteur quoi qu'en dife Pierre Tamifier dans ces vers finguliers faits à la louange du du poëme de Palingene, & des imitations de Sainte Marthe.

De Dieu, du Ciel, des mœurs, de vertu, de nature
L'honneur, le cours, la loi, le chemin, le fecret,
Reluit, fe voit, s'apprend, fe découvre, eft extrait
En ce beau Zodiaque digne de la lecture.
Palingene échauffé d'une ardeur fainte & pure,
Premier en vers Latins en dreffa le portrait;
Et fainte Marthe après fuivant le même trait,
L'a voulu embellir de Françoife peinture;
L'Athée, l'Aftronome, & l'homme dépravé,
Le pervers, l'Epicure, y peut voir engravé
8a faute, fon abus, fon mal, vice & folie :
Qui fait que Palingene & fainte Marthe Autheurs
Tant qu'il fera parlé de Dieu, du Ciel, des mœurs
De vertu & nature auront loüange & vie.~

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M. de la Monnerie qui à traduit depuis quelques années le même poëme de Palingene en profe, affure, & les Auteurs du Journal des Savans l'ont répété après lui, que depuis Scévole

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