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lingenius, & dont celui où l'Auteur de la préface s'abandonne lui-même, ne POET. LAT. fera nullement capable de le justifier.

TRADUC

TIONS

MOD.

DES

Je vous ai fait remarquer plus haut qu'il n'étoit pas du moins fi facile d'excufer Palingene d'avoir rapporté les argumens des libertins contre la Religion dans toute leur force, & de n'y avoir répondu qu'avec beaucoup de foiblesse. M. de la Monnerie, ou l'Auteur de la préface en convient. Cependant il ne veut pas que le Poëte foit coupable même en ce point. Mais admirez de quelle maniere il l'excufe. C'eft en difant, premierement que chacun n'a pas un même degré de lumiere, & & que Palingene peut n'avoir pas fenti quels coups portoient les argumens qu'il em ployoit, ou croire qu'il les avoit fuffifamment refutés. En fecond lieu, qu'il a pû fentir toute la force de ces argumens, & ne point trouver en lui des raifons également fortes à oppofer. Troifiémement, que la bonne foi ne lui permit pas de diffimuler les objections des uns, & que fa piété lui mit en main Toutes les réponses qu'il pût opposer. Mais a-t'it employé toutes celles qu'ildevoit oppofer ? Et s'il ne l'a pas fait, elt-ce ignorance ou malignité? Dans

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ces deux cas Palingene eft criminel, &

TRADUC

ne peut être excufé que par des gens TIONS Di S qui ne feroient pas. eux-mêmes fachés POET. LAT. que la Religion fût fans défenses, & MOD. que le libertin pût en triompher.

Notre Auteur apporte une quatriéme raison qui jugée à la lumiere même du poëme, ne m'a pas paru fort décifive. C'eft, dit-il, que la piété & la Religion y éclatent de toute part. Quoi? Jufques dans ces endroits du fecond & du troifiéme livre où l'on trouve des. maximes fi dangereufes pour la conduite des mœurs, des descriptions fi nuïfibles; des portraits fi obfcenes. En vé-rité n'eft-ce pas là donner de la religion. & de la piété des idées bien indignes d'elles ? La met-on cette piété dans cette prétendue Philofophie fecrette que·· notre Auteur fuppofe que Palingene a voulu enfeigner fans l'expliquer ? Je veux bien croire que le Poëte ne s'est pas propofé le but criminel de combat tre la foi & les bonnes mœurs: mais affurément ce que l'Auteur de la préface dit pour le juftifier, eft bien peu propre à faire impreffion fur un efprit fenfé:

Pis ne feroit s'il eût voulu médire..

TRADUC

TIONS DES

POET. LAT.
Mon.

CHAPITRE TROISIE'ME.

Des Traductions de Marc-Antoine Flaminius, Jean Second, Jean' Voulté, Salmon Macrin, Etienne Dolet, Jean Olivier, Pierre Couftau, Guillaume de la Perriere, André Alciat & Gabriel Faërne.

V

Ous trouverez plus de piété, & communément une morale plus folide dans la plus grande partie des poëfies de Marc-Antoine Flaminius, natif d'Imola dans la Romagne, mort au mois d'Avril de l'an 1550. C'est dommage que la traduction que nous avons de fes poëfies pieufes, foit fi ancienne, & conféquemment d'un ftyle fi peu conforme à l'état préfent de notre langue. Cette traduction est en vers François, dédiée à Madame Marguerite, fœur du Roi très-Chrétien Charles IX. Nous la devons à Anne des Marquets, Religieufe Dominicaine au Monaftere de Poiffy, qui mourut vers l'an 1588. Cette Religieufe

TRADUC

TIONS DES

dont on loue beaucoup la piété & l'érudition, avoit perdu la vuë quelque tems avant sa mort, comme on l'ap- POET. LAT. prend d'un Quatrain de Gilles Durant. MOD. Le célébre Claude Defpence en fait un grand éloge dans fon Commentaire fur les Collectes qui fe lifent dans l'Eglife durant l'année, imprimé en Latin à Paris en 1966. in-8°. Le Pere Echard, Dominicain, ne lui donne pas moins de louanges dans la Biblio- Tom. 2. p. theque des Ecrivains de fon Ordre. La 841. traduction d'Anne des Marquets fut imprimée en 156y. Cette Religieufe a traduit auffi les Collectes de l'Eglife d'après la paraphrafe en vers Latins par Claude Defpence.

La piété eft bien éloignée de trouver le même avantage dans les poëfies de Jean Everard, plus connu fous le nom de Jean Second, je dis au moins dans celles que Frederic Blanchet, de Sainthon en Forez, Avocat au Parlement. de Paris, crut pouvoir mettre en vers François vers l'an 1584. On n'y apperçoit que le langage de la paffion, & même de la débauche. C'est une Mule impure & licentieufe avec laquelle un homme fage craint de converser, & dont il redoute même les approches.

POET. LAT.
MOD..

Il faut croire que l'Auteur lui même, TRADUC- fils de Nicolas Everard, Préfident au TIONS DES Confeil fouverain de Malines, eût condamné ces productions qui ne fentent que le libertinage, s'il fût parvenu à un âge mûr. Mais né à la Haye en Hollande l'an 1511. il mourut à Saint Amant en Haynaut l'an 15.36. n'ayant: pas encore vingt-cinq ans. Je n'ai pas vu la traduction de fes Baifers faite par Blanchet. La Croix du Maine qui la cite dans fa Bibliotheque, dit qu'elle n'étoit pas encore imprimée en 1584. On prétend qu'elle l'a été depuis ; mais je n'ai pû la découvrir ; & vous ne per drez rien à ne la pas connoître.

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Les poëfies Latines de Jean Voulté & de Salmon Macrin, que j'ai eu occa fion de lire, m'ont paru beaucoup plus fages. Ces deux Poëtes étoient amis & tous deux contemporains de Jean Se-> cond. Voulté étoit de Reims, & fut attaché aux deux freres, Gilles & François Bohier, l'un Archidiacre de Reims & d'Avignon, & le fecond Evêque de Saint Malo. Il compofa une partie de fes poëfies dans une maison de campagne du premier, & il accompagna le Prélat à Avignon, à Tarafcon, à Paris & ailleurs. Ces deux freres étoient

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