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M. Amelot traduit ainfi cette derniere phrase: Quand on a une arrête dans le gozier, le reniflement ne fait pas refpirer.1°.Comment cela fe peutil joindre & faire un fens avec sa phrase précedente: » Un tiede oui d'un grand hom,, me eft plus à eftimer que l'applaudiffement de tout ,, un peuple: Car quand on a ,,une arrête,&c.Porque regojos, c.II. Ariftas fignifie proprement des épics de bled, & fouvent auffi des arrêtes; Regojos fignifie toutes fortes de miettes. Alimentar fignifie foutenir, nourrir, &c. dans ces mots, il n'y a ni gozier, ni reniflement. Rendons le texte à' la lettre: Porque, Car, regojos

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de petites miettes, de ariftas, d'épics de bled, non alimentan ne nourriffent point, ne soutiennent point. Or pour accommoder ce même texte à notre maniere, j'ai repris de la phrase précedente quelque chofe du fens propre qui conduisît au fens figuré de la phrafe fuivante; & j'ai dit: Tous ces petits fuffrages (de gens du commun) font comme de trop legers alimens qui ne soutiennent point. Je foupçonne au refte, qu'au lieu de regojos, M. Am. aura lû,regueldos, qui fignifie les rapports des viandes qu'on a dans l'eftomac.Et dans cette fuppofition même, il ne se trouve pas un feul mot Espa gnol, qui puiffe occafionner

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cet aphorifme fingulier du traducteur : Quand on a une arrête dans le gozier, le reniflement ne fait pas refpirer.

Venons maintenant à Gracien. Toute l'Europe a toûjours reconnu en lui, malgré fa maniére d'écrire, un ef prit fuperieur dans fon genre: ce merite ne lui eft difputé que par certains beaux efprits en France, qui trouvent même mauvais qu'on le traduife, & encore plus, que l'on ait ajoûté à la traduction de fon Heros des Remarques copiées d'une vingtaine de nos meilleurs Ecrivains, dont plusieurs avoient lû avec profit l'auteur Espagnol.La Bruye re va répondre ici pour moi.

La prévention du païs, join» te à l'orgueil de la Nation, "nous fait oublier que la raifon eft de tous les climats,

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& que l'on penfe jufte par » tout où il y a des hommes, >>&c.Le LaconifmedeGracien eft extréme, il eft vrai; & je foufcris à ce qu'a dit de lui un de nos plus judicieux critiques du fiecle paffé. » Gracien » a beaucoup d'élevation, de fubtilité, de force & de bon »fens; mais fon ftile eft fi coupé, fi concis, fi énigmatique, qu'en plufieurs endroits, s'il s'entend lui-mê» me, du moins il ne fe fait pas entendre ; & il faut le deviner. Que conclure de ceci ? la neceffité de le déve

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lopper & de l'étendre; fi l'on veut qu'il devienne intelligible: & avec ce fecours l'attention du lecteur eft encore affez occupée. Cependant depuis quatre ou cinq ans Gra cien eft très-clair & très-aifé, au jugement du nouvel Oedipe, qui en promit alors une verfion litterale, où il efperoit bien de fe faire entendre. Promeffe digne de l'Auteur des Paradoxes. En attendant qu'il s'acquitte de fa parole, faifons pour lui les avances fur la verfion litterale de quelques paffages de Gracien qui me viennent les premiers à l'efprit: Elqui late Rey; Le carat Roy Cifrar la voluntad ; Chifrer la volonté: Que el Heroe

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