Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ne peut convenir qu'au je ne fçai quoi; enfuite à l'appui de quelques perfonnes affez verfees dans la langue Espagnole; il conclut en bon logicien : Ce qu'on a vû ci-deffus & bien d'autres chofes, ne conviennent qu'à l'air gai & ouvert. Voici ce qu'on a vû ci-dessus, & bien copié de ma traduction :,, le » je ne fçai quoi, qui est l'ame de toutes les bonnes qua,, lités, qui orne les actions, qui embellit les paroles, qui répand un charme inévitable fur tout ce qui vient de lui, eft au-deffus de nos penfées & de nos expreffions. Perfonne ne l'a encore compris; & apparemment per»fonne ne le comprendra ja

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

"

"

mais: Donc c'est l'air gai & onvert; confequence de M. des F. Il la confirme par bien d'autres chofes qu'il fupprime; (car il ufe fouvent de quelque petite fupercherie, foit en additions foit en omissions.) Entre ces bien d'autres chofes, qu'il feroit long de réprefenter, Gracien réfute équivalement l'air gai & ouvert ; à moins que l'on ne dife; je ne fçai quoi de gai & d'ouvert : après cela, comme il peint toutes les efpeces de je ne fçai quoi, il ajoûte:,, On le reconnoît

dans un Capitaine, à je ne », fçai quelle intrepidité ani,, mée, qui infpire de l'affu,, rance & du courage au Soldat: on le reconnoît dans

"

[ocr errors]

, un Monarque affis fur le trône à je ne fçais quelle representation augufte qui imprime du refpect, &c. Que devient ici l'air gai „, ouvert de M. des F? Il n'y a que lui qui fcache combien je l'épargne fur ce chapitre, ainfi que fur tous les autres, pour ne point ennuyer les lecteurs, que je renvoye aux Obfervations de M. l'Abbé *** de l'Académie des Belles Lettres: On y admirera la fecondité des induftries de M. des F. pour jetter dans le décri Gracien & fon Traducteur.

Quant à la capacité de ce Critique: il juge arithmetiquement, (c'eft fon terme ) en matiere de traduction : Le

texte du Heros fe réduit à foixante & dix pages; M. l'Abbé en retranche les dix dernieres; erreur de compte à quoi il eft fujet. Tout fupputé, tout compensé; c'est environ 125. pages completes en François, fur foixante & dix, non en Espagnol précifément, mais en ftile de Gracien que le Critique par une contradiction d'ailleurs avec lui-même, appelle un Lycophron intraduifible. Qu'il parcourre feulement des yeux les traductions de nos plus habiles en ce genre, il découvrira qu'elles excedent toûjours leurs originaux, foit Grecs, foitLatins, tantôt d'un quart, tantôt d'un tiers, &

E

quelquefois au delà : néanmoins ces Auteurs anciens qui font nos modeles, un traducteur n'a qu'à les ramener au tour & au genie de notre langue: au lieu qu'il n'en eft pas ainfi de Gracien

com

me tout le monde sçait. Bien plus, dans les faintes Lettres toutes refpectables qu'elles font; combien d'endroits dont la verfion eft neceffairement le double du texte qui fans cela n'eft pas entendu? La diverfité de langue est la cause generale de ces effets. Je produirois ici volontiers les deux textes Efpagnols dont les Interpretes de M. des F. lui font condamner fur-tout l'amplification dans

« AnteriorContinuar »