Que forme la lyre éclatante
De vos illuftres Nourriffons.
Dans nos Prez & dans nos Vallons, Sur fa Mufette humble & rempante, Tandis qu'en gardant fes Moutons, Quelque Berger foûpire, & chante Les yeux de fa ruftique Infante, Ma Mufe auffi fait des Chanfons Pour quelque Iris des environs. Dont il faut qu'Iris fe contente.
Tout cela ne vous fervira de rien, me dit-il : je veux abfolument que vous ayez P'honneur d'envoyer un Bouquet à la Princeffe d'Angleterre ; & puifque vous renoncez aux grands Vers, employez ceux que vous fçavez faire pour lui parler, peu près de cette maniere.
Sœur du Chevalier de Saint-George, De ce Chevalier, dont le nom
Eft connu depuis le Japon
Jufqu'aux climats où l'or fe forge!
Je viens de la part d'Apollon Qui me tient le pied fur la gorge, Vous demander en Vers pardon Des fatras que j'ai faits pour Forge,
Vous offrez aux yeux éblouis
L'éclat de la naiffante Aurore;
Mais pour ces tréfors, qui chez Flore
Sont à préfent évanouis,
Nous les verrons renaître encore, Pour vous le jour de faint Louis. Ce ne feroit pas un miracle, Princeffe, pour votre beauté ;
Mais de peur qu'Apollon, qui nous rend cet
Ne dife pas la verité,
Offrons à l'aftre d'Angleterre
Au lieu de Fleurs ces nouveaux Vers Offrons les vœux de l'Univers,
Au plus digne objet de la terre.
Mais nous reconnoiffons ici, Malgré Phœbus & fon langage, Combien ce trifte voisinage, Combien Saint-Germain & Poiffy
Sont incapables de l'ouvrage.
nos Sœurs près de Pafly!
Vous qui la reverez auffi,
Et qui la voyez davantage,
Rendez-lui pour nous un hommage
LA PRINCESSE D'ANGLETERRE.
E le dirai fans complaisance, Arlo, pourquoi diffimuler à Les attraits que votre science
A nos regards vient d'étaler,
A ceux de la Princeffe ont droit de s'égaler ; Mais fi l'art avoit la puiffance
De faire aller la reffemblance Auffi loin qu'elle peut aller,
Il faudroit exprimer fes graces dans la dance, Il faudroit la faire parler.
Ui, dans le feu de ma jeunesse, J'ai fuivi l'Amour autrefois;
Et fi j'ai vû quelque tygreffe, Farouche & rebelle à fes loix, J'ai trouvé benigne Maîtreffe,
Qui daignoit écouter la voix D'un Amant réduit aux abois, D'un cœur accablé de trifteffe ; Et j'ai fervi plus d'une fois Sous les drapeaux d'une Déesse Humaine jufqu'au bout des doigts. Enfin au pays de tendreffe, Soit par conftance ou par adreffe, J'ai fait quelques petits exploits; Mais las de tout ce qu'il faut dire, Plus las de ce qu'il faut écrire Pour flechir un cœur de rocher, Du mien il eft tems d'arracher Celle qui caufe mon martyre: Hâtons-nous de le dégager; C'en eft fait, ma tendreffe expire. Reine de l'amoureux empire, Je viens à ton Temple attacher Tout ce que l'ingrate m'infpire Avec cette inutile lyre Qui n'a jamais pû la toucher. Hauffe, Déeffe de Cithere, Mere d'Amour, hauffe le bras; Fais que cette beauté févere N'échappe pas àta colere,
Déeffe ne l'épargne pas ; Et puifque fon cœur temeraire Méprife & le Fils & la Mere,
Vange-toi de fes attentats Sur les indifferens appas, Prens ton afcendant ordinaire ; Embraze-la de tous tes feux.
Ou plûtôt, pour me rendre heureux; Fais que l'infenfible Clarice,
N'éprouve point d'autre fupplice, Point de tourment plus rigoureux, Que celui d'être un jour propice A la conftance de mes vœux.
RONDE A V.
Dans un Rondeau, me dit le Dieu des Vers
Peins la beauté dont tu porte les fers; Du grand Voiture emprunte la maniere, Et cherche ailleurs ces traits, cette lumiere, Dont en rimant moi-même je me sers.
Pour copier fes agrémens divers, Trace Venus fortant du sein des Mers Et mets enfin Clarice toute entiere, Dans un Rondeau,
Pere du jour, lui dis-je, & des Concerts,
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