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Vous de qui le charmant office,

Eft de voir, & foir, & matin,
De ces tréfors l'amas divin!

Et fouvent (fans qu'elle en rougiffe }
De recevoir (fortant du Bain)
L'immortelle, & fiere Varice

Telle, que

de la Mer Venus fortit du fein;

Quand vous lui rendez ce service,
O trois fois heureuse Madin !
J'aimerois mieux votre deftin
Que celui d'une Imperatrice,
Et que tout l'Empire Romain.

POUR LA BELLE

Depuis un tems, charmante Laire,

Phoebus m'avoit abandonné;

Il fembloit rétif ou contraire

Dans tout ce que je voulois faire,
Et rien n'en étoit bien tourné.
De cette difgrace étonné,
Je pris le parti de me taire;

Et fi par fois j'ai fredonné,

Tels fredons n'auroient fçû vous plaire :
Mais dans cet état de misere,

Je l'ai pour vous importuné,

(Ce Dieu brillant qui nous éclaire)

Pour

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Pour vous feule étant nécessaire
Que fon art me fût redonné :
Quoi! lui dis-je, cette Varice,

Pour qui mes Vers & mes Chansons
Vous trouvoient toûjours fi propice,
Et dont nos Forêts, nos Vallons
Voyoient le nom, avec juftice,
Mis au deffus des autres noms !
Quoi ! cette adorable Varice,
Vous verra-t'elle par caprice
A mes Vers refuser çes tons
Qu'on écoutoit avec délice ?
Phoebus, reprenez votre office;
Exprimez ce que nous fentons;
Et que votre Lyre rempliffe
Nos cœurs de fes tendres leçons:
Laiffez le foin à vos rayons
De voir que le raifin mûriffe,
Et qu'ils échauffent nos Melons.

Vraiment, vous nous la baillez belle,
Me dit ce Dieu d'un air chagrin :
Faut-il pour chaque bagatelle
Que je vous conduise la main ?
Vous ne ceffez à Saint-Germain,
(Car on m'en a dit la nouvelle)
De faire Couplets, ou Quatrain
Dès que l'humeur vous y rappelle,
Et vous perdez votre Latin,

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Quand pour Varice l'immortelle,

Votre Mufe fe met en train!

Mais vous vous en plaignez en vain;
Car à vos vœux toûjours fidelle
J'ai prêté mon fecours divin,
Dès qu'il falloit chanter pour elle.
Qui rend vos projets impuiffans,
Ajoûta t-il? Sans éloquence
Il n'eft befoin que du bon fens,
Et non pas de mon influence
Pour la celebrer dans vos chants.
C'est la beauté de tous les tems,
Sur elle ils n'ont point de puiffance;
Elle eft nouvelle tous les ans ;
Son air, fa grace & fa présence
Sont les images d'un Printems
Qui n'est jamais en décadence:
Et la Fontaine de Jouvence,
Qui ranimoit, par Négromance,
Les attraits déja périffans,

N'a point mis les fiens en dépense ;
Elle eft faite pour d'autres gens,

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N dit

ON

que

Monfieur Saint-Laurent

Eft le patron de toute Laure;
Il eft vrai que plus d'un Sçavant,
Belle Obrien en doute encore;
Quoiqu'il en foit, en attendant
Qu'on décide un fait que j'ignore,
Recevez ce chétif préfent;

Car pour Bouquets, la Dame Flore
Ne fournit plus rien à préfent;
Mais Phœbus vient de faire éclore
Ces Vers, dont votre Fête honore
Le Chevalier de Cour brillant,
Ou fi vous voulez, fans détour,
Le Chevalier de Brillantcour.

L

POUR LA MESME.

*Agrément, les graces, les ris,
Belle Obrien! partout vous suivent,
que chez vous que vivent

Et ce n'eft

Les ouvrages des beaux Efprits;

Mais quand les Amours nous poursuivent,
Ils fe trouvent affez furpris

De voir qu'auffi-tôt qu'ils arrivent
Vous les traitiez avec mépris.
Venez, venez prendre la place,
(Dit Cupidon aux Bouts-Rimez;
Car yous êtes les bien-aimez,
Depuis que deux Sœurs, de leur grace,
Vous ont remplis & ranimez.

Regnez Fatras à double face,

Vous ferez bien-tôt imprimez,

POUR LA MESME,

Quoique vous ayez les appas,

Et la fraîcheur, & la jeunesse

De cette Brillante Déeffe

Qui fert les Dieux dans leur repas,

Vous ne vous en contentez pas,
Et vous embellissez fans ceffe ;

Mais apprenez-nous

par

bonté

Ce que vous en prétendez faire ;

Quand vous auriez plus de beauté
Que la Déeffe de Cythere,

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