Et loin de vous charger de ce foin gloricax, Votre Divinité fommeille Allez vous cacher dans les Cieux; Et vous, charmant Dieu de la treille, Pour cette brillante merveille Infpirez-moi des chants tendres & gracieux!! DE A M. E Sceaux la charmante retraite Dans ces lieux où votre présence Les premiers dignes du Parnaffe; Leur Auteur fçait quelque Latin, plus élegant que Voiture 2 De Phœbus préfide au Lutrin; Je reconnois fa tablature. Les autres dans leur caractere, N'ont point d'une Muse étrangere, Dans notre Cour fombre & muette, Hélas ! c'est faute de talent, Que l'on ne chante pas Laurette. BOUQUET Pour Madame la Princeffe E me promenois dans la Forêt, au milieu de l'oifiveté, de l'indolence & de l'ennui; c'est-à-dire en fort mauvaise compagnie, lorfque je fus frappé par l'éclat d'une figure fi brillante & fi lumineufe, que je crus d'abord que la Décffe Innubibus étoit de retour; cependant c'étoit toute autre chofe. Sa face étoit environnée De rayons foibles & legers; Il s'étoit affis au pied d'un chêne ; & ayant mis bas ces petits rayons qui commençoient à m'ébloüir, je pris la liberté de lui demander qui menoit fon Chariot pendant qu'il nous faifoit l'honneur de se venir rafraîchir dans notre folitude? A cette question il se mit à rire, & me dit : Il eft vrai qu'une auftere loi Mais j'ai chargé de cet emploi Les yeux de certaine Mortelle Qui brillent cent fois plus que moi. Qu'en dites-vous ? J'en dis, lui répondis-je, que je connois d'affez beaux yeux; mais je n'en connois point d'affez hardis pour aller là haut éclairer le Monde à votre place. Je connois certains yeux qui même dans Phyver Echaufferoient les gens à dix pas à la ronde; Mais d'aller,comme vous,& par terre & par mer Du haut du Firmament éclairer tout le monde, Ce font de vrais contes en l'air. Quoiqu'il en foit, fi votre immortalité a quelques ordres à me donner, elle n'a qu'à parler, fon ferviteur l'écoute. Ecoutez donc, répondit - il: tandis que vous écriviez des folies pour Forge, vous avez laiffé paffer une des Fêtes de la Princesse fans lui donner le moindre figne de vie. Réparons cette faute, & tâchons de lui rendre demain, fête de faint Louis, quelque hommage qui foit digne d'elle. C'est ce que vous auriez de la peine à faire vousmême, lui dis- je; mais pour je; pour moi, comment voulez-vous qu'entre cy & demain matin?... Ne vous mettez pas en peine, me dit-il, je vous aiderai. En attendant, dites-moi un peu comme vous vous y prendrez? Je prendrai, lui dis-je, du papier bien blanc, & je mettrai tout au haut de la feuille, MADAME; & tout au bas je commencerai par VOTRE ALTESSE ROYALE, en groffes lettres. Bon, dit-il, voilà justement comme un Ambassadeur Extraordinaire, après lui avoir fait trois reverences, commenceroit fa Harangue! Il eft bien queftion ici de ce profond refpect dans les formes, cela feroit bon pour un Placet; mais lorfque vous prenez la liberté de lui adreffer des Vers, voici, par exemple, comme il faudroit commencer. Vrai chef-d'œuvre des Cieux ! adorable Princeffe! Vous en qui le haut rang, les graces, les graces, la jeuneffe, Et ces tréfors naiffans, d'immortelles beautez yous que j'aime mieux voir, en éclairant le Monde, Que tout ce que revoit ma course vagabonde, Recevez aujourd'hui dans nos plus doux con certs, L'hommage de nos vœux, & celui de nos Vers. Doucement, s'il vous plaît, Seigneur Phœbus, lui dis - je, vous ne fongez pas que c'est moi que vous voulez faire parler, & que vous parlez vous-même. Ĉe que vous dites-là me paroît affez beau, du moins fuis-je affuré que tout en eft vrai ; cependant il ne me conviendroit pas de le prendre fur ce ton, il n'appartient qu'à vos Mufes Thalie & Melpomene d'habiller la Poëfie fi magnifiquement. La Mufe que vous me prêtez quelquefois, n'eft qu'une petite couturiere en fait d'ornemens, & ne fçait tout au plus faire que des Manteaux & des Jupons. Elle eft la très-humble fervante |