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derniere rigueur, pour tâcher de rendre leur bonne foi fufpecte, ou pour prouver qu'ils font plus recents; pour moi j'aurai toujours droit de m'en tenir au jugement de Bollandus, d'Ufferius & de Colgan, & de foutenir que dans un même Auteur, la vérité d'un fait ne dépend point abfolument des autres, & que celui pour lequel je les cite, eft fi conftament & fi.unanimement établi par ces Auteurs, & par tant d'autres, & conforme à l'Hiftoire de ce tems là, que quand on viendroit à bout de détruire tous les autres fairs, on ne pourroit guere entreprendre avec quelque forte de raifon de détruire celui la.

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Ces Bretons furent placés dans l'Armorique par le tyran Maxime, felon Henry de Hugtington, Girard de Cambrige, & quelques Auteurs plus

anciens.

Cene feroit

pas affez d'avoir prou vé qu'il y avoit des Bretons dans l'Armorique depuis l'an 383. fi je ne faifois voir encore que ce fut le tyran Maxime qui les plaça dans cette partie

des Gaules: car c'eft le principal fondement de l'Hiftoire de Conan.

Nennius l'affure bien pofitivement, mais d'une maniere plus fimple & plus. digne de foi, que ceux, qui s'efforcent de le décrier, ne le difent. Samuel Beulan y ajoûta du fien, & Gildas Cambius encherit fur l'un & fur l'autre. (4) Mais afin d'éviter les conteftations qui font entre les Sçavans, au fujet de ces Auteurs, & de faire voir que je n'ai pas besoin du témoignage de ces Ecrivains fufpects, pour apuyer mon fentiment, je me contente de renvoyer aux paroles de Henry de Hugtington. (b).

Cet Hiftorien écrivoit vers l'an 1 150. il n'avoit encore vû ni le Roman de

[a] Nennius Anglus Hiftoriam condidit de origine Britannorum, cui Samuel addidit noras. VOSSIUS de Hiftoric. Latin.

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[b] Queris a me, Warine Brite..... cur sum patriæ noftræ gesta narians à temporibus Julii Cæfaris incœperim florentiffima regna quæ à Bruto fuerunt ufque ad Julium omiferim. Refpondeo igitur tibi, quod nec fcripre nec voce, horum temporum notitiam fæpiffimè quærens, invenire potui Hoc tamen anno cum Romam proficitcerer, fcripta rerum proditarum ftupens inveni..... fi prolixitaiem defideras, librum grandem Gaufridi Arruri, quem apud Receum inueni, quæras. HENR. HUNGTING.epift. ad Warinum,

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Geffroi Artur, ni les Livres qui débitent de femblables fables,lorsqu'il difoit que les Bretons que Maxime avoit enlevés de l'Ifle, étoient reftés jufqu'à fon tems dans la Bretagne Armorique, d'où ils étoient appellés Bretons Armoriquains. (a) J'aime à trouver des paroles fi précises dans un Auteur connu, qui rend compte de fon exactitude, qui protefte qu'il fuit autant qu'il peut Hiftoire Ecclefiaftique de Bede; (b) qu'il a recueilli quelque faits des autres Auteurs, & qu'il ne fait que compiler les chroniques qui fe confervoient encore de fon tems dans les Bibliote ques. Et ce qui doit faire plus d'impreffion, eft qu'aucune de ces chroniques n'étoit groffie des prétendus exploits, ni du faux Brutus, ni du romanefque Artur, c'eft-à-dire de ce qu'on a depuis appellé les Fables Bretonnes.

Girard de Cambrige venu depuis

[] Britones vero, quos Maximus fecum abduxerat in Gallia Armoricâ ufque hobie remanferunt, unde & Britones Armorici vocantur. HENR. HUNGTING. Hift 1. 1.

[b] Boda venerabilis Ecclefiafticam quò potui fecutus hiftoriam, nonnulla etiam ex aliis. excerpens auctoribus, inde chronica in antiquis refervata librariis compilavi. Id in præ, fat.

mérite notre eftime par un autre endroit. On venoit de débiter ces fables ; & i les rejetta. Il traita de menfonge P'Hiftoire de Geffroi qui venoit de paroître. Il fit des railleries affez vives de cet Ouvrage entier, capables d'en dégoûter jufqu'aux plus fimples; nulle indulgence pour l'Auteur. Il ne lui pardonne pas même des fautes aflez legeres, & de peu de conféquence; par exemple, une fauffe étymologie du nom de Walles, qui ne vient poins dit-il, d'un Duc nommé Wallon ni d'une Reine nommée Wandaloëne, comme l'Hiftoire fabuleufe de Geffroi Artur l'avance fauffement, parce qu'on ne trouve aucune mention ni de l'un ni de l'autre dans les Annales de Cambrige. (a) On voit par-là que cet Auteur fçavoit démêler ce que le faux Geffroi & les autres Ecrivains de cette trempe avançoient du leur, & ce qui dans leur Hiftoire étoit autorifé d'ailkeurs.

Au contraire, quand il s'agit des Bretons qui fuivirent Maxime, il affure pofitivement que la troifiéme partie des Bretons, qui s'établit dans l'Ac

[a] Gir. Cambr. Defcript. Camb. c. 7.

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morique , ne paffa pas dans ce paysaprès la ruine des Bretons caufée par les Anglo-Saxons, mais qu'elle y fue conduite par le tyran Maxime, & qu'a-. près tous les travaux de la guerre, que? la jeuneffe de l'ifle avoit efluyés fous fa conduite, elle fut récompenfée par le Prince, qui les plaça dans l'exrêmité de la Gaule. (a) On peut dire, que. comme Girard de Cambrige ne rejette cette fauffe étymologie de Walles dont. je viens de parler, que parce qu'il n'en avoit rien lû dans les Annales du pays,. il faut néceffairement qu'il y ait trouvé. ce qui regarde ce premier établissement des Bretons dans les Gaules, dès le tems de Maxime, puifqu'il s'en explique à ce fujet dans des termes fi précis, & qu'il a refuté d'avance il y a plus de cinq cens ans le fentiment de Vignier, & des autres qui l'ont fuivi. Je pafferois les bornes que je me fuis prefcrites, fi je rapportois les témoignages. de tous les Auteurs, qui depuis ceux que je viens de citer, fe font expliqués comme eux fur cette matiere.

[ a ] Idem c. I...

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