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I V.

Circonftance particuliere ajoûtée par Guillaume de Malmesbury.

On ne peut raisonnablement douter que Maxime n'ait employé tous ces Bretons ou la meilleure partie, pour l'execution des derniers deffeins, qu'il forma fur l'Italie. Il y perit, & toute fon armée rentrant dans le devoir, fe foumit à Théodofe, qui venoit de remporter fur ce Tytan une victoire décifive. Peu de perfonnes y perirent, ou du moins aucun après la victoire. Nul de ceux qui avoient combattu pour Maxime ne fut réduit en efclavage, ni châtié même legerement: tous furent renvoyés dans leur pays,tous furent rendus à leurs femmes, & rétablisdans leur premiere innocence, felon les propres termes de Pacatus dans le Panegyrique qu'il fit, l'année fuivante 389. de cette clémence héroique de Théodose. (a) Les Bretons jouirent donc, comme les autres, de cette amnistie générale; ils retournerent dans leur pays auprès de leurs

[a] Pacat Paneg. fub finems.

femmes & de leurs enfans, non dans l'Ile de Bretagne, (Gildas le fage & Bede difent pofitivement, comme nous l'avons déja vû, qu'ils n'y retournerent plus,) mais dans l'Armorique. C'est ce que le continuateur de Bede, qui écrivit au commencement du douziéme fiécle & Guillaume de Malmesbury nous apprennent dans des termes, qui font prefque entiérement les mêmes, en nous inftruifant plus particulierement de cette circonftance, & confirmant ainfi tout ce que Henry d'Hungtington & Girard de Cambrige ont obfervé, que depuis ce premier établiffement, les Bretons continuerent toujours de demeurer dans l'Armorique, à laquelle ils donnerent enfin le nom de petite Bretagne." Maxime, difent ces Auteurs, dans le deffein de paffer dans les Gaules, enleva prefque tous les foldats de la Grande Bretagne Constantin le tyran fit la même chofe ...... Une partie des troupes, qui les avoient fuivis dans leur expedition, fut tuée dans le combat; l'autre partie s'enfuit & fe retira chez ces Bretons dont je viens de parler. (a)

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init.

[a] Guil. Malmesb. de Geft. Angl. I. Iv

On ne peut accufer Guillaume de Malmesbury d'avoir emprunté ces circonftances des Ecrivains fabuleux qui l'avoient précédé, ni de ceux qui parurent de fon tems; il traite leurs Hiftoires de bagatelles, de visions, de fausfetés, & de délire. On peut même juger par ce qu'il en dit, qu'on ne les avoit pas encore écrites comme des Hiftoires ferieuses, mais feulement que c'étoient des contes qui couroient parmi le peuple. En effet, on ne trouve ni dans Geffroi de Monmouth, ni dans Gildas Cambrius, ni dans Nennius, cette circonftance qu'il vient de nous apprendre; il faut donc qu'il l'ait prife ailleurs car il eft fi exact en tout ce qu'il débite, qu'il protefte que pour faits éloignés de fon tems,il répond feulement de la fuite des années, & pour le refte, il veut qu'on s'en rapporte aux Auteurs qu'il a fuivis, & aux chroniques qu'il a vûës, (a) & qu'il cite en plufieurs endroits de fes Ouvrages & particulierement dans la Préface, fans. néanmoins mettre jamais ni Nennius. ni Gildas Cambrius de ce nombre. Ce n'eft donc pas préciféinent fur l'auto

[a] Idem in prologo,

les

rité de ces derniers, ni fur celle de Henry de Hungtington, ou de Guillaume de Malmesbury que je fonde l'établiffement des Bretons' dans l'Armorique dès le tems de Maxime : c'est fur des monumens plus anciens, que ces deux derniers avoient entre les mains, qu'ils citent de tems-en-tems, & qu'ils nous donnent pour garants de tout ce qu'ils avancent. On voit que je fuis d'allez bonne foi pour ne me prévaloir que des Auteurs qui fubfiftent, ou qui font avoués & connus. C'est pour cela que je ne cite ni les prétendus Ouvrages de Sylvius Bonus contemporain, (dont il est parlé dans Aufone) fur les louanges de Maxime Céfar, & fur les guerres de l'Armorique; ni le Traité de l'Etat & des affaires des Bretons, qu'on dit avoir été compofé par un certain Vulturius,autre Breton ancien. Ils le font plus que ceux que je viens de citer, & peut-être du nombre de ceux qu'ils avoient vûs & qu'ils ne nomment pas. Mais je ne veux me fervir que de ce dont je fuis en état de rendre compte moi même.

V.

Fous ces Auteurs ne difent rien en ce point, qui ne foit conforme à Hiftoire Romaine.

Après avoir prouvé par le témoignage de tant d'Auteurs connus, que le tyran Maxime plaça des Bretons dans l'Armorique, je dois montrer encore que ces Ecrivains n'ont rien dit en cela, qui ne foit conforme à l'Hiftoire Romaine: en voici la preuve. Pacatus, Auteur contemporain, dans le Panégyrique de Théodole, nous apprend que ce fut la Gaule, que le tyran Maxime choifit pour le lieu de fa réfidence; qu'il étoit accompagné de Satellites Bretons qu'il avoit tellement abandonné l'Ifle de Bretagne, qu'il ne pouvoit le réfoudre à y retourner dans le tems du dérangement de fes affaires: Que les troupes qui avoient fervi dans fon armée, furent renvoyées dans leurs pays. Ajoutez ce que Gildas le fage & le vénérable Bede affurent, que ces troupes ne retournerent plus dans Fifle de Bretagne : ajoûtés encore ce que Guillaume de Malmesbury dit

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