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le nom d'Armoriquains Létiens, que Jordanus leur donne, & d'ArmoriCiens Léticiens, qu'on trouve dans Paul Diacre. Toutes ces autorités fuffi fent, pour décider la question, & pour nous obliger d'avouer que les Bretons dans le commencement de leur établiffement furent regardez comme les autres, qui portent dans l'Hiftoire Romaine le nom de Létes.

On le donnoit en général à tous les peuples qu'on faifoit fortir du lieu de leur demeure, foit qu'ils fuffent étrangers, foit qu'ils fuffent fujets de l'Empire, pour les placer dans d'autres endroits, qu'on leur affignoit, & qu'on appelloit pour cela terres Létiques, à la charge de les défricher, de les défendre des incurfions des ennemis, & de fournir dans l'armée des Empereurs un certain nombre de troupes. Ce ne fut qu'à ces conditions que les Bretons furent placés dans l'Armorique, & ils les remplirent ponctuellement durant près de 27. ans.

Ce fut par l'ordre de Maxime qu'ils recurent ces terres, & qu'ils s'y habituerent. Il ne voulut pas les renvoyer dans leur pays: il leur affigna de nouvelles demeures,comme une récompen

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fe de leurs travaux mais une récompenfe digne d'un Empereur. Ce ne fut auffi que par la permiffion de Théodofe, que ces troupes, après la défaite de leur bien-faiteur retournerent dans leurs nouvelles demeures. S'ils y demeurerent en paix, ce ne fut qu'à la fayeur des Edits des Empereurs, qui accorderent volontiers une amniftie.générale à ceux qui avoient fuivi le parti du Tyran.

Les Bretons répondirent à toutes ces bontés par un attachement fincere aux Empereurs. Ils leur obéirent, & à leurs Magiftrats julqu'en 420. Ils cultiverent la terre qu'on leur avoit abandonnée; ils la défendirent contre les courfes des Etrangers,& en particulier des Scots d'Hibernie: on en a les preuves dans 'Hiftoire. Ils fournirent des troupes pour l'armée de l'Empereur. La grande Notice en compte trois Légions. Tou

ars troupes particulieres, & leurs ons étoient regardées comme ia. artie des armées Romaines & foumises aux ordres de leurs Généraux; cela paroît encore par cet endroit de la même Notice, qui parle du Commandant, qu'il nomme Duc des Frontieres de l'Armorique ; & par le témoignage

gnage de Zofime, qui marque exactement jufqu'à quel tems l'autorité des Magiftrats Romains fut reconnue dans cette partie des Gaules, & quand ils en furent chaffés; fçavoir, fur le déclin de l'Empire de Conftantin, dit le Tyran, vers l'an 410. Jufqu'à ce tems, on voit qu'ils firent le devoir de ceux que les Romains appelloient Létes, c'est-àdire, foumis à leurs ordres, & dépendans de leurs Magiftrats. Les Historiens Modernes ne s'expliquent pas autrement que les anciens, & d'Argentré luimême convient, Ch. IV. que Conan commanda dans ce pays, fous l'autorité de Maxime Empereur. Et au Ch. VIII. il dit, que ce fut après la mort de Maxime, que Conan fut ablous du ferment qu'il lui avoit fait.

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On peut faire une difficulté fujet, & dire: s'il y eût eu des Bretons Létes, placés précisément dans cette partie des Gaules, comme les Auteurs que je viens de citer l'avancent, la Notice de l'Empire en auroit fait mention, Tome 1,

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comme elle fait des autres peuples Létes, qu'elle met en Garnison dans tang d'autres lieux de cette Province, & des autres Provinces des Gaules. Mais il eft aifé de répondre que la Notice dans l'endroit même, où elle parle de tous ces peuples Létes, eft défectueule, & tronquée. C'est le fentiment du P. Labbe, après avoir rapporté ce qu'elle dit du Tribun de la premiere Compagnie Gauloife placée dans la Provinvince de Tarracone, & avant de rapporter ce qu'elle dit du Commandant des Létes Teutoniciens, qu'elle place à Chartres dans la quatriéme Lyonnoife. Le P. Labbe fait cette remarque; ici il manque quelque chofe, & plus bas il femble encore qu'il manque ici quel que chofe.... & cette remarque eft fondée fur de bonnes raisons. Car il n'y a pas d'apparence que l'Auteur, qui a dreffé cet état des armées de l'Empire, fous le titre de la Province de Tarracone, eût mis immédiatement, & fans un titre particulier, Chartres, Baïeux,le Mans, Rennes ; comme il n'y a pas d'apparence, qu'après la Ligurie & les autres Provinces de l'Italie, occupées par les Garnifons dont elle fait mention, il eût paffé tout d'un coup,

& fans un titre nouveau, à Poitiers, Paris, Reims, Amiens &c. Or d'un Ouvrage défectueux & tronqué, on ne peut tirer aucune preuve négative, qui puiffe détruire autant de preuves pofitives que j'en ai rapporté.

Si on demande comment il s'eft pû faire, que les Hiftoriens Romains se foient toûjours fervis des feuls termes d'Armorique, & d'Armoriquains, fans employer jamais ceux de Bretagne & de Bretons, s'il eft vrai, qu'il y en ait eu dans ces lieux : je répond, qu'il y a eu certainement des Saxons à Baieux, des François à Rennes, des Alains près d'Orléans, des Bourguignons près de Lyon, fans que pour cela les lieux occupés par ces barbares ayent perdu leur premier nom de 1. 2. 3. & 4. Lyonnoifes,pour prendre ceux de France, de Saxe, d'Alanie ou Allemagne, ni de Bourgogne, & que fi on s'eft enfin fervi de ces derniers noms, ce n'a été que long-tems après, & quand ces peuples eurent fait dans ces lieux un affez long féiour, pour leur donner leur nom. Ainfi les noms d'Aquitaine & de Septimanie ont encore longtems prévalu dans les pays habités par les Gots ; celui de Bretagne, dans l'ifle

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