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& tout du commun; fon corps qu'on poffede dans cette Eglife, eft dans la cinquiéme Châffe de celles qui font fur l'Autel, avec cette Infcription Sainte Landoneve, enveloppée d'une toile blanche empelée, non coufuë, mais feulement liée d'un cordon de foye, qui paroît de diverfes couleurs & par-deffus d'un taffetas blanc, dans lequel eft un billet en parchemin qui contient ces mots latins, dont le fens est : « L'an 1177. de l'Incarnation du

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Seigneur, les Ides, c'eft à-dire, le », 15, de May, on a trouvé dans cette Châffe le corps de la Bienheureuse ,, Landoueve, & l'épine eft une côte de faint Eufebe Confeffeur, en préfence de Louis notre Roi Chrétien, ,, & de Philippe fon fils, de Pierre, ,, Légat de la fainte Eglife Romaine

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de Henry Evêque de Senlis, de Si» mon Evêque de Meaux, & d'autres » perfonnes, tant Eccléfiaftiques, que Laïques, Hilduen étant Trélorier de faint Franbourg.,, Et c'est le second fait que j'ai crû digne d'attention dans cet endroit, car le nom d'Eufebe Confeffeur, & une partie de fes Reliques renfermées dans la même Châffe, avec le corps de fainte Landoueve Reine des Tome 1.

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Armoriques, m'ont fait naître la penlée que ce pouvoient être l'époux & l'époufe, qui touches du miracle que faint Melaine avoit fait en faveur du pere & de la fille, comme je l'ai dit, en auroient pris occafion de travailler férieufement à fe fanctifier, & qu’Alpafie leur fille peut être la même, qu'Alma-Pompeia ou Copaja, comme je le dirai dans le Chapitre fuivant, & qu'on honore auffi dans notre Breta gne d'un culte public comme fainte; qu'elle auroit fuivi leur exemple, & tranfinis cet efprit de fainteté à plufieurs de fes enfans, fçavoir, à faint Leonore ou Lunaire, à faint Judual, dit aufli Rabutual & Pabutual, & à fainte Joë, ou peut-être Loeve leur fœur du moins le titre de Reine des Armoriques femble mieux convenir à ce fiècle qu'au fuivant. Le nom Ladoeve, qui paroît Breton, celui de Soeve, ou peut-être Loeve, que la petite fille auroit porté, felon la Coutume affez commune dans tout ce tems, & enfin le nom d'Eufebe Confeffeur, dont les Reliques fe trouvent jointes à celles de cette Sainte , peuvent tout naturellement inspirer cette pensée, & fur tout porter les perfonnes plus fçavantes & plus en état d'appro▪

fondir cette matiere, à fuivre la route que je ne puis que leur indiquer faute de plus grande lumiere. Tout ce que je puis ajoûter, eft que Landoueve ne fut pas Reine des Armoriques après cette époque, ni fous le fucceffeur d'Eufebe nommé Budic, dont l'épouse fút Ananumide, ni fous le regne de Hoël, ou Houal leur fils, dont Alma Pompaja, dit auffi Copaja, fut l'époule; outre que le nom d'Armorique céda déformais à celui de Bretagne. Landoueve ne fut pas auffi Reine des Armoriques avant ce tems, ni fous Conan, ce fut Darerea ; ni fous Salomon, ce fut une Dame Romaine, fille du Patrice Flavius, à laquelle le nom Breton Landoueve ne conviendroit pas ; ni fous Grallon, ce fut Agri ou Tigridie, comme je l'ai dit dans le deuxiéme Chapitre, Nombre XXII. qu'on nomme Adevifia dans les Chartulaires de l'Abbaye de Landevenec. Il ne reste donc plus qu'Erech & Eufebe, dont je trouve ici l'existence & le regne. Or le nom d'Eufebe, & fes Reliques jointes à celles de fainte Landoueve, nous déterminent plus naturellement à la placer fous le regne de ce dernier,

& à juger que ce fut de lui qu'elle
fut l'époufe, & que c'eft à ce titre
qu'on la qualifie Reine des Armori-
ques; car avaut Erech & Eufebe elle
ne pouvoit être auffi époufe d'Au-
dren, auquel, fous le nom de Daniel
Dremrus, on donne pour femme la
fille d'un Leon Empereur, c'est-à-dire,
apparemment Général d'armée, soit
des Romains, foit des Goths.

XXVII I.

Etendue de fon Regne.

Le peu que nous fçavons des cir-
conftances du regne d'Eufebe, tel que
je viens de l'expliquer, fuffit pour
nous faire connoître quelle fut l'é-
tendue de fon Royaume; le pays de
Vennes en faifoit une des principales
parties. Il eft appellé Roi de Vennes,
& ce fut de cette Ville qu'il fortit
avec fon armée. Ses Etats s'étendoient
auffi dans le pays d'Aleth aujour-
d'hui S. Malô: nous voyons en effet
qu'il conduifoit fon armée dans le lieu
nommé Comble-Sac, Paroiffe de ce
Diocèle fous l'Archidiaconé de Plou-
ermel. Les Habitans de ce pays étoient
fes Sujets cela paroît affez par la ma-

,

niere exemplaire & publique, dont il les fit punir. La terre qu'ils habitoient & qu'ils cultivoient, dépendoit abfolument de lui, puifqu'il en difpofoit en faveur de faint Melaine, afin de donner au Saint le moyen de faire fubfifter les Moines qu'il élevoit. Les preuves regardent à plus forte raifon tout le pays, qui s'étend entre Vennes & faint Malô. Pour ce qui eft de Rennes, je ne crois pas qu'on faffe difficulté d'avouer, qu'il en étoit auf fi le Souverain, puifque l'Evêque de cette Ville étoit à fa fuite & dans fon armée. D'ailleurs la Fondation, qu'il fit en faveur de fon Eglife, en lui donnant une Paroiffe entiere, en eft encore une preuve affez forte. Pour le territoire de Nantes, on peut avancer hardiment que tout ce qui fe trouve en-deçà de la Loire, faifoit partie de fes Etats, Jornandès n'oublie rien de ce qui peut relever la gloire des Goths fes Compatriotes, & de leurs Rois. Or quand il parle de leurs conquêtes de ce côté-là, depuis la défaite de Riotham, il les borne toujours aux rives de la Loire. S'ils les cuffent pouffées plus avant dans le pays d'Angers, de Nantes, ou de Rennes, il

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