que de l'établissement des Bre tons dans les Gules, a&c. On voit déja que ce n'eft. point une de ces queftions indifférentes, qui ne valent pas la peine qu'il en coûteroit pour l'éclaircir, comme quelques-uns l'ont avancé. C'eft: un fait fur lequel on ne peut prendre le change, fans tom→ ber dans des erreurs continuelles fur plufieurs autres qui regardent l'Hiftoire Romai ne, & fur-tout celle de France & de la Grande Bretagne, pendant près de trois fiécles. Il ne s'agit point, il eft. vrai, de la fortune ou de l'honneur de quelques particu. liers; mais il s'agit de la réputa tion d'un très-grand nombre d'Auteurs qu'on accufe de mauvais goût, de peu de difcernement, & de beaucoup de préven.. tion; réputation dont on eft ou plus jaloux dans la Républiqu des Lettres, que de fes propres biens. On fait fouvent des volumes entiers pour affûrer à des familles un demi fiécie tout au plus un fiécie d'antiquité. Dans cette question il s'agit de celle d'une Nation entiere, & de la forme de fon Gouvernement pendant plusde trois fiécles, de douze ou treize qu'on lui donne. Il ne s'agit: de rien moins que de douze,, ou plûtôt de treize Rois, qu'on ne tire point pour la premiere fois de l'obfcurité des. fiécles les plus reculés ou les plus fabuleux, mais de treize Rois des cinquiéme & fixiéme fié-cles, dont onze ont été reconnus de tous ceux qui avoient écrit fur cette matiere: jufqu'au 16éme, fiécle, aufquels, après une fi longue possession, on difpute néanmoins aujour d'hui non-feulement la Cou ronne & le Royaume mais encore la naiffance & l'exiftence malgré les lumieres que ces tems feconds en Ecrivains répandent de toutes parts. , Une queftion de cette conféquence, abandonnée indifféremment & fans examen à: la critique des premiers qui Pattaquent, ne feroit pas,: ce me femble, honneur à un fiécle auffi éclairé qu'eft le nôtre auffi diftingué par le grand nombre des gens de Lettres qui en font l'ornement, & auffi fécond en difputes beaucoup moins importantes. Il y a même cette remarque à faire fur l'importance de cette queftion; qu'elle renferme abondamment tout ce qui peut le plus attacher non-feulement par le propre fond de la matiere qui n'a rien que d'intéreffant, mais encore par les divers-incidens avec lefquels elle fe trouve liée : par exemple avec la décadence de l'Empire dont cet Etat eft un des premiers démembremens; avec l'irruption' des Vandales & des autres Etrangers qui donnerent occafion à cette révolution; avec Pentiere défolation de l'Ile de Bretagne, qui ne fervit qu'à peupler ce nouveau Royaume, & à l'affermir; avec le ravage des Huns & des Saxons & le voisinage des Alains & des Goths qui ne purent l'ébranler ; mais fur-tout avec l'arrivée des François qui dès les premieres années de leur domination donnerent à cet Etat de plus vives secouffes, que toutes ces autres Nations que je viens de nom mer, n'en avoient donné dant près d'un fiécle. pen Outre ces événemens confidérables, on trouvera dans ces Mémoires plufieurs queftions importantes, que je n'ai pû me dispenser de mettre dans un nouveau jour, & de traiter avec plus de précifion & plus d'exactitude qu'elles ne l'avoient été jufqu'ici, parce qu'elles font conime autant de points qui fixent toute la Chronologie de l'Hiftoire de Bretagne. Fel eft le tems où la grande notice de l'Empire fut dreffée; telle eft l'année de la mort de Saint Martin, & de Saint Germain Evêque d'Auxerre; la véritable époque de l'entrée des Anglois & des Saxons dans la Grande Bretagne, fous la conduite de Hengift leur Chef, & de la fuité de leurs anciens Habi : |