du l'antiquité; on les trouvera rangés dans leur ordre naturel, & peut-être que cet ordre ainfi rétabli suffira pour rendre à ce point d'Histoire cet air de vérité, qu'il n'a perque par le peu d'exactitude de quelques Modernes : c'eft ce que j'entreprens de démêler; & à mesure que ces parties auparavant fi confuses fe trouveront rangées dans leur véritable place, j'efpere qu'il s'en formera un tout bien asforti, qui perfuadera; c'est tout le but que je me propofe dans ce Traité. Pour y réuffir mon deffein eft de fuivre les Bretons pied à pied, depuis l'an 383, qu'ils pafferent avec Maxime dans lesGaules, & de faire voir qu'ils furent placés dans l'Armorique ; d'examiner quel fut depuis ce tems la forme de leur Gou vernement; s'ils ont eu des Rois; quel a été leur véritable nom, leurs exploits, l'étenduë de leur Royaume, le tems de leur regne, leurs fucceffeurs, leurs alliances & leurs enfans autant qu'on pourra pénétrer dans une Généalogie des cinquiéme & fixiéme fiécles: je tâcherai d'accorder tous ces faits avec P'Hiftoire Romaine auffiloin qu'elle me pourra conduire, & depuis avec celles des Nations voisines, & de démêler par ce moyen fûr, fûr, entre tout ce qui a été dit à ce fujet, ce qui doit être regardé comme vrai, de ce qui n'est qu'une pure fable. Enfin je tâcherai de découvrir ce qui a pû donner occafion à toutes ces fables, dont on a voulu groffir cette premiere partie de l'Hiftoire de Bretagne, qu'on trouvoit apparemment trop fterile, mais qui n'a paru telle, que parce qu'on n'a pas pris le foin d'y faire entrer tout ce qui devoit naturellement y trouver place. Ce projet eft certainement difficile. Pour moi je ne plaindrai point les peines qu'il m'en a coûté pendant un tems affez confidérable, pour toutes ces longues & dégoûtantes recherches, fi je viens à bout d'applanir les difficultés qu'on a toujours trouvées jufqu'ici dans ces antiquités de la Petite Bretagne, & fi je puis les faire affez goûter à quelques-uns de nos habiles Ecrivains, pour leur inspirer le défir de donner à cette matiere brute la forme dont elle me paroît susceptible, & qui fuffiroit peut-être pour en faire une Hiftoire nonfeulement affez remplie, mais encore des plus intéreffantes. L'ordre des tems eft celui qui me paroît plus naturel & plus propre à débrouiller toutes ces choses, & c'eft auffi celui que je fuivrai dans cet Ouvrage. |