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» y trouve fur-tout deux Villes fort fingulieres, » dont l'unes'appelle la Guerriere, & l'autre Sebafte, » ou la pieufe. Ceux qui habitent la premiere font >> extrêmement adonnés à la Guerre, & font con»tinuellement des entreprifes fur leurs voifins, qu'ils foumettent à leur empire. Les habitans de la feconde, font pacifiques, & vivent dans l'a» bondance. Les fruits & les moiffons, fans avoir » befoin de culture, leur préfentent tout ce qui eft » néceffaire à la vie. Au milieu des richeffes » exempts de maladies, ils vivent continuellement » dans la bonne chere & dans la joie. Juftes & équitables, les Dieux fe plaisent fouvent à venir » habiter avec eux. Les peuples Guerriers de la pre» miere Ville, après avoir étendu leurs conquê»tes dans ce vafte Continent, firent une irruption » dans le nôtre, & vinrent au nombre d'un million » d'hommes jufques dans le Pays des Hyperbo»réens; mais après avoir vu leur maniere de vivre, » ils les jugerent indignes de leur attention, & fe » retirerent. Ces Guerriers, au refte, meurent rare»ment de maladie : ils font prefque toujours tués. » dans les combats. On trouve encore ajouta-t-il, » dans ce nouveau Monde, un Peuple nombreux, appellé Mérope, & à l'extrêmité du Pays qu'ils » habitent, un lieu nommé Anofte, c'eft à-dire, fans retour, parce qu'on n'en revient jamais. C'eft » un abime affreux, éclairé feulement d'une lu»miere rougeâtre. Là fe trouvent deux Fleuves, » dont l'un est le Fleuve de la trifteffe, l'autre de la » joie & du plaifir. Des Arbres de la grandeur d'un » Platane croiffent aux environs. Ceux qui man» gent du fruit des Arbres du Fleuve de trifteffe, paffent leur vie dans l'affliction, & pleurent juf qu'au dernier foupir ; ceux qui mangent du fruit

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» des Arbres qui croiffent près de l'autre Fleuve, » oublient le temps paffé, perdent leurs inclinations, » & repaffent par les différens âges de leur vie jusqu'à l'enfance où ils meurent ».

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Je n'ai pas de peine à foufcrire au jugement d'Elien, qui regarde ce difcours comme une Fable, mais celui que Virgile met dans la bouchedumême Siléne, & ce que Plutarque lui fait dire fur la mort, & fur d'autres matieres morales, me perfuadent qu'il étoit un homme fort extraordinaire. Quelques Auteurs prétendent même qu'il a régné dans la Carie, & qu'il étoit contemporain & ami de Midas, à qui les confeils d'un Philofophe fi fage & fi éclairé furent d'un grand fecours dans l'administration de fes Etats. Enfin, on peut dire qu'il n'a paffé pour être le pere nourricier de Bacchus, que parce qu'il introduifit fon culte dans la Phrygie & dans les Pays voisins. Et voilà pourquoi on le trouve prefque toujours accompagné des Bacchantes & des autres Miniftres des Orgies. Quoi qu'il en foit: on ajoute à la Fable que je viens d'expliquer, que Bacchus, pour reconnoître l'obligation qu'il avoit à Midas, lui avoit donné le pouvoir de changer en or tout ce qu'il toucheroit, ce qui l'incommoda fi fort dans la fuite, qu'il fut obligé de s'adreffer à ce même Dieu, pour le prier de lui ôter cette vertu : circonstance que je réserve pour la Fable fuivante.

FABLES IV. V. & VI.

ARGUMENT.

Pan charmé des éloges que lui donnoient les Nymphes qui l'entendoient jouer de la flûte, en devint fi fier, qu'il ofa défier Apollon. Tmole pris pour arbitre, jugea que le fon de la Lyre de ce Dieu, l'emportoit fur la flûte de Pan, & tout le monde foufcrivit à ce jugement. Midas fut le feul d'un avis contraire, & Apollon pour punir & marquer sa stupidité,lui donna des oreilles d'âne. Comme perfonne ne s'étoit apperçu de cette vengeance d'Apollon, Midas cachoit avec foin cette difformité; mais fon Barbier l'ayant découverte, & n'en ofant rien dire, il fit un trou en terre, où il dépofa un fecret qui l'embarraffoit; il en fortit peu de temps après des rofeaux qui publierent que Midas avoit des oreilles d'âne. Apollon & Neptune déguifés en Maçons, s'offrirent moyennant une fomme dont ils convinrent avec Laomédon, de bâtir les murailles de Troye. Lorf que l'ouvrage fut fini, ce Prince refufa de les fatisfaire: ce qui irrita fi fort Neptune qu'il inonda toutes les campagnes voifines. Pour l'appaifer, Laomédon fut obligé d'ex pofer fa fille Héfione à la fureur d'un mon

ftre. Hercule l'ayant délivrée,le perfide Laomédon refufa de lui donner l'attelage qu'il lui avoit promis. Hercule pour fe venger › faccagea la Ville de Troye, & emmena Hefione, qu'il fit époufer à fon ami Telamon.

MID IDAS haïffant depuis ce temps-là l'or & les richeffes n'étoit occupé que des plaifirs de la vie champêtre; compagnon de Pan, il le fuivoit dans les montagnes & dans les antres où il fe retiroit: mais le commerce de ce Dieu ne le rendit ni plus fubtil, ni plus délié : fa ftupidité devoit encore lui être fatale. Le Tmole eft une Montagne qui s'étend depuis Sardes jufqu'à la petite Ville d'Hypepe. Elle eft fort élévée & fortefcarpée, & de fon fommet on découvre la mer. C'étoit fur cette Montagne que Pan s'applaudiffant un jour en préfence de quelques jeunes Nymphes qui l'écoutoient, fur la beauté de fa voix & fur les doux accens de fa flûte, eut la témérité de les préférer à la Lyre & aux chants d'Apollon. Il pouffa la vanité jusqu'à lui faire un défi, & prit le vieux Tmole pour l'arbitre d'un combat fi inégal. Pour être en état de mieux entendre, ce Dieu, après s'être affis fur le fommet de fa montagne, écarta tous les arbres qui étoient autour de fes oreilles, & ne garda qu'une couronne de Chêne, dont les glands pendoient fur fon front. S'é

tant enfuite tourné du côté de Pan, il lui dit qu'il n'avoit qu'à commencer, & qu'il étoit prêt à l'entendre. Pan fe mit auffi-tôt à jouer fur fa flûte un air champêtre, dont Midas, qui étoit préfent à cette difpute, parut enchanté. Après que Pan eut fini, Tmole fe tourna du côté d'Apollon, & toute la Forêt fuivit le mouvemeut de fa tête. Apollon couronné de Laurier, & vêtu d'une robe couleur de pourpre, qui traînoit jufqu'à terre, fe leva pour chanter à fon tour. Il tenoit de la main droite l'archet, & de la main gauche une Lyre d'ivoire enrichie de pierres précieufes, qu'il toucha avec tant de délicateffe, que Tmole charmé de fes doux accens, décida que la Flûte de Pan devoit céder la victoire à la Lyre d'Apollon. Tous les affiftans approuverent un jugement fi fage : Midas feul ofa le blâmer, & le trouva injufte. Apollon ne voulant pas que des oreilles fi groffieres confervaffent plus longtemps la figure de celles des autres hommes, les lui allongea, les couvrit de poil, & les rendit mobiles : en un mot, il lui donna des oreilles d'âne. Le refte de fon corps ne fut point changé. Midas prenoit grand foin de cacher cette difformité & la couvroit fous une Tiare magnifique. Le Barbier qui avoit foin de fes cheveux, s'en étoit apperçu, mais il n'avoit ofé en parler à perfonne. Incom

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