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» Mercure, qui fut nommé Autolycus, ref» fembloit à fon Pere; il voloit avec habileté, » & trompoit les yeux les plus fins *. Phi» lammon fon autre Fils, devenu illuftre par » fa voix & par fa Lyre, fit connoître qu'il » avoit Apollon pour Pere. Mais à quoi fer» vit à Chione d'avoir fu plaire à ces Dieux; » d'avoir eu deux enfans fi célebres, d'être » Fille d'un Pere brave & courageux; d'avoir » pour ayeul le Maître & le Souverain des » Dieux? Faut-il donc que la gloire & les » honneurs foient fi funeftes? Oui, Pelée, » ce fut-là la caufe des malheurs de Chione. » Affez vaine pour se préférer à Diane, elle » ofa méprifer fa beauté. Nous verrons, dit » la Déeffe en courroux, fi nous pourrons » du moins lui plaire par nos actions. Dans » le moment elle banda fon arc, & perça » d'un coup de fléche cette langue facrilege. » Chione frappée d'un coup mortel, fait de » vains efforts pour parler; fa voix l'aban» donne, & elle perd la vie avec fon fang. » Je ne faurois vous exprimer l'affliction >> que me caufa cette mort; mais quoique je >> reffentiffe toute la douleur que la nature infpire à un Oncle pour une Niéce qu'il » chérit, je ne fongeai qu'à confoler un fre» re qui avoit pour moi beaucoup de ten

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* Le Poëte dit qu'il faifoit paroître blanc ce quiétic noir, & noir ce qui étoit blanc,

Tome III.

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» dreffe. Semblable à un rocher battu des > flots de la Mer, Dédalion fut infenfible à "tout ce que je pus lui dire pour calmer fa 22 douleur & faire ceffer fes larmes. Lorfque » le corps de fa Fille fut fur le bûcher, qua» tre fois il s'efforça de fe jetter au milieu des >> flammes, & on eut toutes les peines du » monde à l'en empêcher. Enfin s'étant échap» pé des mains de ceux qui le retenoient, il fe mit à courir avec la même furie qu'un > Taureau qui porte l'aiguillon qui l'a piqué. Il paffoit par des endroits impraticables, & où il n'y avoit aucune route. La manie» re dont il couroit avoit quelque chofe de 2 plus qu'humain on auroit dit qu'il avoit » des aîles aux pieds. Il nous fut impoffible 22 de l'atteindre; & comme il n'avoit d'autre " defir que de perdre la vie, il monta fur le » Parnaffe, & fe précipita du haut d'un ro» cher. Apollon, touché de compaffion pour lui, lui ayant donné des aîles le foutint » dans fa chûte, & il demeura fufpendu en l'air. Sa bouche fut changée en un bec crochu & fes ongles en des ferres faites en » forine de hameçon. Il conferva dans fon changement tout fon courage, & une for » ce bien au-deffus de la grandeur de fon 2 corps. Enfin, devenu Epervier, il fait fans » diftinction la guerre à toute forte d'oifeaux, & leur fait fentir une, partie des » maux qu'il fouffre lui-même »,

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Céïx racontoit encore l'aventure extraordinaire de fon Frere, lorfqu'Anetor, Chef des troupeaux de Pelée, arriva tout hors d'haleine: « Pelée, s'écria-t-il, je viens vous >> annoncer un malheur étrange ». Pelée furpris de ce difcours, auffi-bien que le Roi de Trachine, lui ordonna de lui apprendre ce qui venoit d'arriver. « J'avois conduit, ré»pondit Anetor, vos bœufs fur le rivage,

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pendant la chaleur du midi: les uns s'é» toient couchés fur le fable, les autres » étoient fur le rivage, d'autres enfin s'é» toient jettés dans la Mer pour fe rafraîchir. » Près delà eft un Temple, où l'on n'a employé ni l'or, ni le marbre. Il eft environné » d'une antique & fombre forêt. Un pê>> cheur qui féchoit fes filets fur le rivage, m'apprit que le Temple étoit confacré à » Nérée & aux Néreydes, & que c'étoient » les feules Divinités qu'on y adoroit. Près ay » de ce Temple eft un marécage bordé de faules, qui s'eft formé de l'eau que la Mer› »y a laiffée. Du fond de ce Marais eft forti » tout à coup un Loup d'une grandeur énor» me, avec un bruit fi épouvantable, que » tout le voisinage en a été effrayé. Une écu» me mêlée d'un fang noir, lui découloit de » la gueule, & fes yeux étinceloient comme deux flambeaux ardens. Plus animé enco» re par la rage que par la faim, il s'eft jetté

» indifféremment fur tous les bœufs pour » les égorger. Plufieurs même d'entre nous,

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qui s'étoient mis en devoir de s'oppofer à >> fa furie, bleffés par ce monftre, font de>> meurés morts fur la place. Le rivage & » l'eau font teints du fang que le carnage y a laiffé, & les marais d'alentour retentiffent » du mugiffement des Taureaux qu'il égor »ge. Il n'y a pas un moment à perdre, le » moindre retardement deviendroit funeste; » armons-nous tous pour aller fauver ce qui » peut être échappé à la fureur de ce monf

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tre». Ainfi parla Anetor, Pelée, moins touché de fa perte que du fouvenir de fon crime, comprit que la Néreyde vouloit venger le meurtre de Phoque fon Fils. Cependant Céïx ordonna que tout le monde prît les armes, & il alloit fe mettre à la tête de la troupe, lorfqu'Alcyone fon époufe qui entendit ce mouvement, fortit à demi coëffée de fa chambre, remit fes cheveux en défordre, & fe jettant au col de fon époux les yeux baignés de larmes, elle le conjura de donner du fecours à Pelée, fans aller lui même expofer fes jours & ceux de fon épouse. "Perdez, belle Alcyone, lui dit Pelće, , per» dez une crainte dont le motif eft fi beau & » marque tant de tendreffe pour Céïx. L'of » fre qu'il me fait prouve la bonté & sa générofité; mais je n'ai pas envie d'en abuser.

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» Au-lieu de prendre les armes, nous ne de»vons fonger qu'à appaifer le Dieu de la » Mer par des vœux & des facrifices ». Près du rivage étoit une Tour, fort élevée qui fervoit de Phare aux Vaiffeaux que la Mer avoit fatigués. Ils montent fur cette Tour, d'où voyant avec douleur les Taureaux étendus dans la plaine, & le Monftre qui avoit caufé tant de ravages, tout couvert de fang; Pelée tendit les mains du côté de la Mer, & pria Pfamathe de ceffer enfin de le perfécuter, & de mettre des bornes à fa vengeance. La Néreyde, peu touchée des prieres de ce Prince, demeura inflexible jufqu'à ce que les larmes de Thétis, qui la follicitoit en faveur de fon époux, lui firent oublier tout fon reffentiment. Cependant le Monftre animé par le carnage, continuoit à maffacrer les troupeaux, lorfqu'il fut tout d'un coup changé en rocher, dans le temps qu'il dévoroit une géniffe; & quoiqu'il confervât encore après cette métamorphofe, toutes les marques de fa fureur & de fa rage, fa couleur faifoit cependant juger qu'il n'étoit plus à craindre. Le deftin ne permit pas à Pelée de demeurer plus long-temps dans les Etats de Céïx: errant & fugitif, il parcourut différens Pays, & après de grandes courses il arriva enfin dans la Theffalie, où il fut expié par Acafte, du meurtre de fon Frere.

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