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AN. 484.

maisons. Tous les évêques répondirent:Nous difons, & nous dirons toûjours, que nous fommes chrétiens & évêques, Nous tenons la foi apoftolique feule & veritable; & comme on les preffoit de faire ce ferment, Hortulan & Florentien dirent au nom de tous: Sommes-nous des bêtes, pour jurer au hazard, fans fçavoir ce que contient ce papier? Les émiffaires du roi leur dirent: Jurez qu'aprés la mort du roi vous defirez que fon fils Hilderic lui fuccede, ou qu'aucun de vous n'envoyera des lettres outre mer. Si vous prêtez ce ferment, il vous rendra vos églises. Plufieurs crurent par fimplicité qu'ils pouvoient faire ce ferment: de peur que le peuple ne leur reprochât qu'il n'avoit tenu qu'à eux qu'on ne rendît les églifes. Les autres, connoiffant la fraude, ne voulurent point jurer: & dirent, qu'il eft défendu dans l'évanMatth. V. 34. gile, par ces paroles de N. S. Vous ne jurerez point du tout. Alors les officiers du roi dirent: Que ceux qui veulent jurer fe retirent d'un côté, & comme ils fe feparerent, les notaires écrivoient ce que cha cun difoit, & de quelle ville il étoit : tout de même de ceux qui ne vouloient point jurer, & auffi-tôt les uns & les autres furent mis en prifon. Puis les Vandales dirent à ceux qui offrirent de jurer: Parce que vous avez voulu jurer, contre le precepte de l'évangile, le roi ordonne que vous ne voyiez jamais vos villes ni vos églifes; mais vous ferez releguez, & on vous donnera des terres à cultiver comme ferfs. A la charge toutefois, que vous ne chanterez, ni neprierez, ni ne porterez point à la main de livre pour lire; que vous n'adminiftrerez ni les ordres, ni le baptême, ni la penitence. On dit aufli à ceux qui re

n.s.

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A NO

ient de jurer: Vous n'avez pas voulu jurer, parce AN. 484. que vous ne souhaitez pas le règne du fils de nôtre roi. C'eft pourquoi vous ferez releguez dans l'île de Corfe, & occupez à couper du bois, pour

truction des vaiffeaux.

la conf

Greg. Tur, II.

Saint Eugene de Carthage voyant qu'on l'emmenoit en exil, fans lui donner le tems d'exhorter fon hist. c. 3. troupeau: écrivit une lettre, où il les conjure par la majefté de Dieu & l'avenement de Jefus-Chrift, de demeurer fermes dans la foi de la Trinité & d'un feul baptême, fans souffrir d'être rebaptisez. Il protefte, qu'il fera innocent du fang de ceux qui periront, & que cette lettre fera lûë contre eux devant le tribunal de Jefus-Chrift: il leur recommande la priere, le jeûne & l'aumône, & de ne point craindre ceux qui ne peuvent tuer que le corps. Avec lui étoient Vindemial évêque de Capfe dans la province Byzacene, & Longin de Pamare dans la Mauritanie Cefarienne. Nous avons le catalogue des évêques de toutes les provinces d'Afrique, qui étoient venus à la conference, & qui furent envoyez en exil. Sçavoir, Notit. Afr. de la province Proconfulaire, 125. de Numidie, 107. de la province Byzacene, 120. de la Mauritanie Cefarienne, 44. de celle de Sitifi, s. de Tripoli, 8. de Sardaigne & des îles voisines; en tout 466. évêques, dont il en mourut 88. Il y en eut 46. releguez en Corse, 302. ailleurs, 28. s'enfuirent, Plufieurs évêques furent releguez prés de leur païs, ce qu'Huneric faifoit Vita S. Fulg. c. par malice, afin de les tenter plus violemment de renoncer à la foi.

54.

per

Entre les évêques qui furent bannis dans cette fecution, le dernier de la province Byzacene est

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Ruin, hift. per fec. part. 2. c. 8.

VIII.

Vigile de Taple

To. 3. op.

edit. 1698.

Not. Afr. p. 133. Vigile de Tapfe, celebre pour les écrits. La crainte d'aigrir la perfecution, lui fit cacher fon nom, & il emprunta ceux des peres les plus illuftres, pour donner plus de cours à fes ouvrages, principalement chez les Vandales & les autres barbares Ariens, peu fçavans dans la critique. Ainfi il compofa une difpuAthan. p. 614. te entre faint Athanafe & Arius, qu'il fuppofe s'être paffée publiquement à Laodicée, par ordre de l'empereur Conftantius, en prefence d'un juge nommé Probus ; & il y rapporte tous leurs difcours, comme Lib. V. adv. s'il en avoit trouvé les actes: mai il reconnoît luimême dans un autre ouvrage, que ce n'est qu'une ficEod. to. 3. p. tion dont il eft l'auteur. Il le declare encore dans une feconde édition qu'il fit de la même difpute, y ajoûtant Sabelius & Photin avec Arius, contre faint Athanafe; & il dit qu'il fait ainfi parler les perfonnages pour rendre la verité plus fenfible, par les difcours des parties & la fentence du juge.

Eutych. c. 2.

642.

App. to.. 8. op.

1688.

Il compofa de même fous le nom de faint AugufAug. p.36.edit. tin un dialogue contre Felicien Arien, touchant l'unité de la Trinité; & on lui attribue avec raifon la App.to. 2.p.39. fauffe difpute de faint Auguftin contre Pafcentius, & le fymbole qui a fi long tems paffé fous le nom de faint Athanafe. Cet artifice de Vigile de Tapfe a produit de la confufion dans les ouvrages des peres: car on a long tems attribué les fiens aux auteurs dont il avoit emprunté le nom; & les nouveaux critiques lui en ont attribué d'autres, dont les auteursfont moins certains. Enfin fon exemple peut avoir enhardi plufieurs écrivains temeraires, à fuppofer fous de grands noms de fauffes pieces, de faux actes de martyrs, & des vies des faints.

Vigile étant depuis venu à C. P. écrivit contre l'herefie, qui y avoit plus de cours, qui étoit celle d'Eutychés ; & comme il étoit alors en pleine liberté, il mit son nom à cet ouvrage, qu'il divifa en cinq livres. Le quatriéme eft employé à défendre la lettre de faint Leon à Flavien, & le cinquième à défendre la définition du concile de Calcedoine. C'eft le feul ouvrage qui porte le nom de Vigile: encore l'a-t-on attribué quelque tems à Vigile évêque de Trente & sup. liv. xx. martyr, quoiqu'il fût mort long tems avant l'here- " 22. fie d'Eutychés.

Avant

IX. Perfecution

Vit. lib. V.

que les évêques fuffent conduits en exil, Huneric envoya des bourreaux par toute l'Afrique generale. Vic, en même-tems, pour n'épargner perfonne, ni âge ni fexe, en ceux qui refifteroient à fa volonté. On faifoit mourir les uns à coups de bâton, on pendoit ou on brûloit les autres, on dépoüilloit les femmes, principalement les nobles, pour les tourmenter publiquement. Une nommée Denise plus hardie & plus belle que les autres, leur dit : Tourmentez-moi comme il vous plaira, épargnez-moi feulement la honte de la nudité: mais ils l'éleverent plus haut pour la donner en spectacle. Tandis qu'on la battoit de & que les ruiffeaux de fang couloient de fon corps, elle difoit: Miniftres du démon, ce que vous faites pour ma confufion eft ma gloire; & comme elle étoit fçavante dans les écritures, elle exhortoit les autres au martyre. Elle avoit un fils encore jeune & délicat, nommé Majoric, & voyant qu'il craignoit les tourmens, elle jettoit fur lui des œillades feveres, & lui faifoit des reproches avec fon autorité maternelle, luy difant: Souviens-toi, mon fils, que nous avons

verges,

1

7. 2:

été baptifés au nom de la Trinité dans l'église catholique nôtre mere. Ne perdons pas le vêtement de nôtre falut, depeur que le maître du feftin ne nous trouvant pas la robe nuptiale, ne dise à fes ferviteurs : Jettez-les dans les tenebres exterieures. Le jeune homme fortifié par fes difcours, fouffrit conftamment le martyre: & fa mere l'embraffant, rendit graces à Dieu à haute voix, & l'enfevelit dans fa maifon, pour prier fur fon tombeau. Plusieurs autres dans la même ville, fouffrirent le martyre par fes exhortations : fçavoir, fa fœur Dative, & le medecin Emelius fon parent: Leoncia fils de l'évêque Germain, Tertius & Boniface; ils fouffrirent tous de grands tourmens.

Un homme noble de Suburbe nommé Servus aprés un grand nombre de coups de bâton fut élevé avec des poulies, & fouvent lâché pour tomber de tout fon poids fur le pavé des rues. On le traîna plufieurs fois, & on le déchira avec des pierres tranchantes: enforte que la peau lui pendoit des côtes, du dos & du ventre. A Culufe il y eut une multitude innombrable de martyrs & de confeffeurs; entre autres une femme nommée Victoire. Comme on la

brûloit fufpendue en l'air, fon mari lui difoit ce qu'il pouvoit de plus touchant, l'exhortant à avoir au moins pitié de fes enfans. Mais elle n'en fut point ébranlée; lorfqu'on vit qu'elle avoit les épaules démifes, & qu'elle ne refpiroit plus, on la dépendit : elle raconta depuis, qu'une vierge lui avoit apparu, qui la toucha par tout le corps, & qu'auffi-tôt elle fut guerie.

Victorien citoyen d'Adrumet, étoit alors procon

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