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bez de C. P. avec les évêques catholiques d'Egypte qui y étoient écrivirent au pape Felix; & Cyrille envoya Simeon un de fes moines porter les lettres à Rome. Il y arriva avant les legats, & inftruifit le pape de leur prevarication : ajoûtant qu'avant leur arrivée à C.P. on n'y recitoit qu'en cachette le nom de Pierre Monge dans les dyptiques, mais depuis on le recitoit publiquement. Ce qui fervoit aux heretiques pour seduire plusieurs fimples, comme fi le siege de Rome avoit reçû Pierre Monge.

Liber. brev.

c. 18.

Vital & Mifene arriverent enfuite à Rome chargez des lettres de l'empereur & du patriarche. Celles de l'empereur accufoient Jean Talaïa de parjure; & difoient que Pierre Monge n'avoit pas été ordonné fans examen, mais aprés avoir foufcrit de sa main, qu'il recevoit le concile de Nicée, fuivi par celui de Ĉalcedoine. Vous devez tenir pour certain, ajoûtoitil, que nous recevons & honorons avec le faint évêque Pierre & toutes les églifes, le faint concile qui s'accorde à la foi de Nicée. Il entend le concile de Calcedoine. Les lettres d'Acace étoient pleines auffi de loüanges pour Pierre Monge. Alors le Felix affembla un concile, où l'affaire des legats Vital tion des legats. & Misene fut examinée. On produifit les lettres de Cyrille & des autres abbez de C. P. & des évêques Evag. III. 203 Egyptiens, qui portoient que Jean Talaïa étoit catholique & ordonné legitimement: au contraire que Pierre Monge étoit heretique, & ordonné feulement par deux heretiques comme lui; & qu'aprés la fuite de Jean on avoit fait fouffrir aux catholiques toutes fortes de fupplices. Qu'Acace avoit appris tout cela par des gens qui l'étoient venus trouver à

pape

XV.

Condamna

AN. 484.

C. P. & qu'il favorifoit Pierre en toutes choses. Le moine Simeon foutint la verité de tous ces faits: & convainquit Vital & Mifene d'avoir communiqué aux heretiques, & prononcé à haute voix le nom de Pierre Monge dans les facrez diptyques. Il leur foutint, que bien qu'on leur eût fait plusieurs questions, ils n'avoient voulu parler à aucun catholique: ni rendre les lettres dont ils étoient chargez pour eux, ni rien examiner des attentats commis contre la foi. On

produifit auffi le prêtre Silvain, qui avoit été à C. P. avec Vital & Milene, & qui confirma la dépofition To. 4. conc. de Cyrille & des autres moines qui l'accompagnoient. On lut la lettre d'Acace au pape Simplicius, qui portoit que Pierre avoit été dépofé depuis long tems, & le qualifioit enfant de tenebres.

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Evag. 111.

c. 20.

Vital & Misene étant ainfi convaincus, furent dépofez de l'épifcopat & excommunicz, Tout le concile prononça aufli contre Pierre Monge, en ces termes: L'églife Romaine ne reçoit point l'heretique Pierre condamné depuis long-tems par le Jugement du faint fiege, excommunié & anathematifé. Car quand il n'y auroit pas autre chofe contre lui: il fuffifoit qu'il eût été ordonné par des heretiques, pour ne pouvoir gouverner des catholiques. Quant à Acace de C. P. on voit par la chose même, combien il est reprehenfible: puifqu'ayant qualifié Pierre heretique dans fes lettres à Simplicius, il ne l'a pas declaré à V. Vales, Zenon, comme il devoit faire, s'il aimoit la foi plus que l'empereur. En ce même concile, ou en quelque Liber breviar. autre precedent avant l'arrivée des legats, pape pleinement informé qu'Acace étoit heretique, lui écrivit une lettre fynodale, où il difoit : Vous avez

An. 484.

c. 18 p 77. C. to. s. conc.

peché,

peché, n'y retournez plus, & demandez pardon du AN. 484. paffé. Mais Acace ayant reçû cette lettre ne changea point de conduite. Il ne quitta point la communion de Pierre Monge, & ne lui confeilla point ouvertement de recevoir le concile de Calcedoine, & la lettre de faint Leon.

XVI.

Condamnation

4 Conc p.1073.

Le pape Felix en étant informé proceda enfin à la condamnation d'Acace dans un concile des évêques d'Italie, & donna fa fentence, qui commence ainfi: Fel. Epift. 6. to. Vous êtes trouvez coupable de plufieurs fautes. Au mépris des canons de Nicée vous avez ufurpé les droits des autres provinces. Vous avez non feulement reçû à vôtre communion des heretiques ufurpateurs, que vous aviez vous-même condamnez:mais vous leur avez encore donné le gouvernement d'autres églifes. Témoin Jean que vous avez mis à Tyr, aprés que les catholiques d'Apamée l'avoient refufé, & qu'il avoit été chaffé d'Antioche : & Himerius dépofé du diaconat & excommunié, que vous avez élevé à la prêtrife. Il luy reproche enfuite la protection qu'il donne à Pierre Monge, ennemi du concile de Calcedoine, pour le maintenir dans le fiege de S. Marc: les violences exercées contre les legats Vital, Mifene & Felix, au mepris du droit des gens. Vous n'avez point voulu répondre, ajoûte-t-il, devant le faint fiege fuivant les canons, au libelle de mon confrere Jean; c'est Talaïa, qui a intenté contre vous des accusations tres - graves, & par ce filence affecté vous les avez confirmées. Il conclut : Ayez donc part avec ceux dont vous embraffez fi volontiers les interêts, & fçachez que par la prefente fentence vous êtes privé de l'honneur du facerdoce & Tome VII.

E

de la communion catholique, étant condamné par le jugement du faint Efprit & l'autorité apoftolique, fans pouvoir être jamais abfous de cet anathême. Celius Felix évêque de la fainte église catholique de Rome, j'ai foufcrit. Donné le cinquième des calendes d'Aoûft fous le confulat de Venantius: c'est-à-dire, le vingt-huitiéme de Juillet 484. Soixante & fept évêques foufcrivirent cette fentence avec le pape: Ce qui montre que fous le regne d'Odoacre Arien, les évêques d'Italie ne laiffoient pas d'avoir la liberté de s'affembler comme fous les empereurs catholiques.

Tutus ancien clerc de l'églife Romaine en fut fait défenseur, afin de porter à C. P. cette fentence que l'on ne pouvoit y envoyer autrement. Il fut auffi chargé de deux lettres, l'une à l'empereur, l'autre au clergé & au peuple. La lettre à l'empereur Zenon eft dattée du premier d'Aouft de la même année, & c'est une réponse à celle qu'il avoit envoyée au pape par Vital & Mifene. Le pape s'y plaint d'abord de la violence exercée à leur égard contre le droit des gens, refpecté par les nations les plus barbares. Enfuite il declare, que le faint fiege ne peut jamais communiquer avec Pierre d'Alexandrie; quand ce ne feroit que parce qu'il a été ordonné par des heretiques. C'eft pourquoi, dit il, je vous laiffe à juger fi on doit choifir la communion de l'apôtre faint Pierre ou celle de Pierre d'Alexandrie. Vous pourrez connoître quel il a été, comment il a ufurpé le facerdoce ayant à peine un ordinateur : comment il a été compté depuis long-tems entre les condamnez, même chez vous: Vous le pourrez,

dis-je, connoître par les lettres qu'Acace, mainte-
nant fon protecteur, a écrites à mon predeceffeur,
& dont je vous envoye les copies. Il lui declare en-
fuite la condamnation d'Acace, & l'exhorte à y
obeïr comme à une ordonnance du ciel, parce qu'il
eft plus utile à l'empereur de fuivre l'autorité de l'é-
glife, que de lui vouloir donner la loi. Dans la lettre
au clergé & au peuple de C.P. le pape déclare la con- Epift. 10.
damnation de Vital & de Mifene, pour lever le fcan-
dale de leur prevarication. Il declare auffi la con-
damnation d'Acace, dont il leur envoye la copie, &
ajoûte: Vous devez par vôtre jugement conferver en
fon rang le prêtre Salomon, qu'Acace a déposé pour
plaire aux heretiques, & tous ceux qu'il peut avoir
traitez de même. Enfin il avertit, que tous ceux qui
veulent demeurer catholiques doivent fe retirer de la
communion d'Acace.

Le defenfeur Tutus étant arrivé en Orient, passa malgré ceux qui l'attendoient à Abyde, & vint à C. P. au monaftere de Dius de l'ordre des Acemetes. Ne pouvant obliger Acace à recevoir la lettre du pape, qui portoit la condamnation, il fut contraint de la faire attacher par les moines de ce monastere au manteau d'Acace, le dimanche, comme il entroit dans l'église pour celebrer l'office. On fit mourir quelque-uns des moines qui avoient attaché sa sentence, & on en mit d'autres en prifon, aprés les avoir maltraitez, Mais Tutus, aprés s'être fi bien acquité de fa commiffion, fe laiffà lui-même gagner par argent, & communiqua avec Acace. Le pape en fut averti, par les lettres de Rufin & de Thalaflius prêtres & abbez à C. P. apportées par un nommé

Liberat. brev.c
Theoph. p. 114

18. p. 730 c.

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17.

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