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ce monaftere plufieurs abbés & plufieurs évêques. AN. 492. Saint Theodofe fans avoir aucune teinture des auteurs profanes, ne laiffoit pas d'être éloquent & perfuafif. il fe fervoit fort des traitez afcetiques de faint Bafile, & fe le propofoit pour éxemple. Tels étoient ces faints moines de Palestine, au commencement du regne de l'empereur Anastase.

lix

XYVI. Mort de Fe

Gelafe

Gelaf comm.

Le pape Felix lui écrivit fur fon avenement à l'em pire. Mais il mourut peu de tems aprés: fçavoir le cinquiéme des calendes de Mars fous le confulat rape. d'Anastase & de Rufus; c'est-à-dire, le vingt-cin- ad Foust to. 4. quié me de Février 492. ayant tenu le faint Sicge prés de neuf ans. L'églife le compte entre les faints: il fit la Bafilique de faint Agapet, prés celle de faint

conc p 1168 B. Lib. Pontif Martyr. R.

via Tun. chr.

as.

Feb.

Gelafii Epift. Ip to.

conc.

Laurent. En deux ordinations au mois de Decembre, il ordonna vingt-huit prêtres & cinq diacres, & de plus trente & un évêques ; & fut enterré dans l'église de faint Paul. Aprés cinq jours de vacance on éleut à sa place Gelafe Africain, fils de Valere, qui tint le faint Siége quatre ans & huit mois. Euphemius Patriarche de C. P. lui écrivit par un diacre nommé Syncetius, fe plaignant qu'il ne lui 1157 10. 4. eût pas donné part de fon ordination suivant la coûtume. Il est vrai, répond le pape Gelafe, c'étoit l'ancienne regle entre nos peres, qui étoient unis de communion; mais vous avez preferé une societé étrangere à celle de faint Pierre. Vous dites que je dois ufer de condescendence; il eft vrai que l'on 2159. B. doit fe pancher pour relever ceux qui font tombez, mais non pas le précipiter avec eux. Ainfi nous accordons fans difficulté à ceux qu'Acace a baptifez, ou ordonnez, le remede établi par la tradition de

AN. 492.

p. 1161.

P. 1162.

nos peres. Vous condamnez Eutychez, mais Acace, dites-vous, n'a rien avancé contre la foi : comme fi ce n'étoit pas encore pis de connoître la verité, & communiquer avec les ennemis. Vous demandez quand Acace a été condamné, comme s'il falloit une condamnation particuliere contre un catholique qui communique à une heresie. Vous dites que vous recevez le concile de Calcedoine; & vous ne tenez pas pour condamnez en general & en particulier ceux qui ont communiqué avec les fectateurs de ceux qu'il a condamnez.

Pretendez-vous que Pierre, à qui Acace a communiqué ait été juftifié ? Donnez-en des preuves: puifqu'il eft manifeftement convaincu d'avoir été Euty quien : & ne vous flattez pas de la déclaration que vous faites de tenir la foy catholique, & d'avoir ôté le nom d'Eutychez. Il ne fuffit pas de le dire, il faut encore le montrer par les effets: en renonçant à la communion des heretiques, & de ceux qui ont communiqué à leurs successeurs. Mais il y a des gens qui vous contraignent. Permettez-moi de le dire, un évêque ne doit jamais parler ainfi, quand il s'agit de publier la verité : mais pardonnez auffi à ma crainte, je tremble à la vûë du terrible jugement de Dieu: nous devons comme miniftres de JefusChrist donner nôtre vie pour la verité. Vous dites qu'il faut perfuader le peuple de C. P. & que je dois envoyer quelqu'un pour l'appaiser. N'eft-ce pas au pasteur à conduire le troupeau, plûtôt que de fuivre les égaremens? Vôtre troupeau rendra-t-il compte de vous, ou vous de lui? Comment m'écoutera-t-il, moi qui lui suis suspect, s'il méprise les avertisse

mens de fes pasteurs ? Nous viendrons, mon frere Euphemius, nous viendrons fans doute à ce redoutable tribunal de Jesus-Christ où les chicanes & les fuites ne feront point d'ufage. On y verra clairement, fi c'est moi qui fuis aigre & dur, comme vous dites, ou vous qui refusez le remede falutaire. Quoi que le pape en cette lettre traite Euphemius de frere, il y declare toutefois que ce n'eft pas une marque de communion, & qu'il lui écrit comme à un étranger.

Vers le même temps le pape Gelase reçût une lettre de Laurent évêque de Lignide en Illyrie, portant que dans l'église de Theffalonique, & dans les autres du païs, on avoit lû la lettre du pape Felix, touchant les exces d'Acace, que tous lui avoient dit anatheme, & que perfonne n'étoit entré dans fa communion. C'eft pourquoi Laurent prioit le pape d'envoyer aux évêques d'Illyrie une profeffion de foy, qui fervît d'antidote contre l'herefie. Le pape dans fa réponse reconnoît que c'eft la coûtume que l'é- 1163. vêque nouvellement établi dans l'église Romaine, envoye aux églises le formulaire de fa foy. Il l'infere en effet dans cette lettre, expliquant principalement le myftere de l'Incarnation contre l'herefie d'Eutychez; & temoigne à la fin de la lettre efperer, que l'empereur travaillera efficacement à faire cesser les difputes temeraires. Nous avions refolu, dit-il, de vous envoyer quelques-uns des nôtres, fi l'état des affaires nous l'eût permis. Par où il femble marquer les troubles qui agitoient l'Illyrie & l'Italie, qui changea alors de maître.

Epift. 2. p.

XXVII.
Theodoric

Theodoric roi des Oftrogoths avoit été donné roi d'Italie.

AN. 492.
Jornand. p.

482.

Procop. 1. Goth, c. I.

en ôtage à l'empereur Leon, & élevé à C. P. dés l'âge de huit ans. Dix ans aprés il en fut retiré par fon pére Theodemir, & enfuite il lui fucceda au royaume, mais l'empereur Zenon le rappella auprés de lub, l'adopta pour fon fils d'armes, l'éleva aux plus grandes dignitez, & le fit conful en 484. Les Goths les fujets habitoient cependant l'Illyrie, où ne les trouvant pas à leur aife, il pria l'empereur Zenon de lui permettre de les mener en Italie. Il vaut mieux, difoit il, qu'elle m'obéïffe à moi qui fuis à vous, qu'à un tyran qui ne vous reconnoît point, parlant d'Odoacre; & fi nous fommes vaincus, vous ferez déchargé de la dépénfe que nous vous faifons. Zenon y confentit, & lui recommanda le senat, & le peuple Romain. Les Goths y confentirent auffi, & Theodoric leur ayant fait traverser la Pannonie, les amena dans le territoire de Venife; ainfi il entra en Italie fous le confulat de Probin & d'Eufebe, en 489. & dés cette année il gagna deux batailles contre Odoacre. Il en gagna une troifiéme l'année suivante 490, fous le confulat de Fauftus & de Longin, & obligea Odoacre à fe renfermer dans Ravenne: où l'ayant tenu affiegé trois ans, il le contraignit à AN. 483. fe rendre. Ainfi en 493. fous le confulat d'Olybrius, Theodoric entra dans Ravenne, demeura maître de l'Italie, & prit le titre de roi. Il avoit donné la vie à Odoacre, mais il le fit mourir, prétendant qu'il avoit attenté contre fa perfonne.

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Aufli-tôt Théodoric envoya une ambassade à l'emMemoire du pereur Anastase avec une lettre trés refpectueuse, pour luy demander la paix, qu'il obtint facilement. Grets Les ambaffadeurs furent Faufte maître des offices,

pape Gelafe contre les

Caffiod.var..

Epift. 4. to.

& Irenée, tous deux portant le titre d'illuftres ; & le pape Gelafe ayant appris de Faufte les plaintes des Grecs contre l'églife Romaine, lui envoya une inftruction pour leur répondre. J'ai bien compris, 4.conc p. 1168. dit-il, que les Grecs demeureront dans leur obftination, & qu'ils ne cherchent qu'à renverser la foy catholique, à l'occafion de l'ambaffade du roi. Mais que veut dire l'empereur, qunad il se plaint que nous l'avons condamné ? puifque mon predeceffeur lui a écrit fur fon avenement à l'empire, & que je lui ai fait auffi mes complimens par la lettre fans en avoir jamais reçû de lui.Et enfuite:Ils disent qu'on doit leur pardonner. Qu'on donne un exemple depuis le commencement du chriftianifme, que des évêques, que les apôtres, que le Sauveur lui-même ait pardonné, finon à ceux qui fe corrigoient. Nous lifons que Jefus-Chrift a reffufcité des morts: mais non pas qu'il ait abfous des gens morts dans l'erreur. Il a donné à faint Pierre le pouvoir de délier; mais feulement ceux qui font encore fur la terre.

ان

Euphemius dit: qu'Acace n'a pû être condampar un feul. C'est que les Grecs difoient, que le jugement du pape feul ne fuffifoit pas, & qu'il falloit un concile general pour condamner un patriarche de C. P. Gelafe répond: Ne voit-il pas qu'Acace a été condamné en vertu du concile de Calcedoine, comme on a toûjours ufé à l'égard de toutes les herefies; & que mon predeceffeur n'a fait p. 1169, qu'executer un ancien decret, fans rien prononcer de nouveau. Non seulement un pape, mais tout évêque le pouvoit faire. Car Acace n'a pas inventé une nouvelle erreur, pour avoir besoin d'un nou

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