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Combien y a-t-il de chofes qui empêchent de parvenir à la fin de la Chirurgie?

Il y en a trois. La premiere eft l'indifpofition du malade, ou la foibleffe de fon tempé→ rament, & quelquefois même la répugnance qu'il a à prendre les remedes néceffaires & convenables à la guérifon. La feconde eft l'ignorance ou la timidité du Chirurgien, qui néglige, qui craint, ou qui ne prévoit pas affez les changemens & les accidens qui furviennent quelquefois fi fubitement à une playe, qu'on ne peut plus y remédier. La troifiéme eft la partie malade; car s'il arrive, par exemple, que les ventricules du cœur ou les grands vaiffeaux foient offensez, la playe eft incurable, à caufe de la perte du fang qui caufe auffitôt la mort. Il en eft de même de la lépre confirmée, ou d'un chancre invéteré, auquel il ne faut point toucher; ou bien enfin lorfque la guérifon d'une partie caufe une plus grande maladie,comme quand on guérit de vieilles hémorroïdes ou de vieux ulceres; ce qui produit le plus fouvent des hydropifies ou d'autres maladies, par la fuppreffion de ces écoulemens, dont parle Hippocrate dans l'Aphorifme 12e du 6e Livre.

Que fi les parties font membraneuses, comme l'eftomac, les inteftins, & la veffie, les playes en font difficiles à réunir, non pas à caufe que ce font des parties fpermatiques comme ont crû les Anciens, lesquelles ne se

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réuniffoient ( felon eux) que par une feconde intention de nature, mais plutôt parce que ces parties font d'une fubftance dont le tiffu eft fort ferré, & qu'elles font outre cela dans un continuel mouvement.

Combien l'art nous enfeigne-t-il de moyens pour parvenir à fa fin?·

Trois: 10. de corriger l'intempérie des parties fimilaires: 20. d'empêcher la mau vaife conformation des parties organiques 30. de remédier à la folution de continuité des unes & des autres.

Comme il est bien difficile de parvenir à la connoiffance de la Chirurgie, fans fuivre un ordre méthodique, car autrement on travailleroit en vain, il faut que le Chirurgien fçache ce que c'eft qu'ordre, & combien il y en a pour apprendre les fciences.

L'ordre eft défini: un moyen facile pour trouver ce que l'on cherche, & pour réduire. en art ce que l'on a trouvé.

Combien y a-t-il d'ordres pour arriver à la connoiffance de la Chirurgie

Il y en a trois; fçavoir celui de compofition, celui de réfolution ou de divifion, & celui de définition.

L'ordre de compofition nous fait connoître les chofes par la démonftration des parties les plus fimples, en finiffant par les compofées: c'eft un ordre qu'il faut tenir pour enfeigner.

L'ordre de réfolution ou de divifion eft contraire au premier, parce qu'il commence par les parties les plus compofées, avant que de paffer aux plus fimples, & qu'il divife le tout en plufieurs parties: cet ordre fert à trou ver ce qu'il y a de particulier dans les fcien

ces.

L'ordre de définition eft celui qui divife le tout en les parties; il commence par la défi nition qui comprend en peu de mots la chofe que l'on définit.

Le Chirurgien qui veut connoître le corps de l'homme, commence volontiers par les élemens; il paffe enfuite aux humeurs, & va des parties fimples à celles qui font compofées mais la coutume étant de fuivre l'ordre de divifion lorsqu'on fait l'anatomie, il fera mieux de divifer le corps en régions, les régions en parties compofées, & les compofées en fimples.

Qu'est-ce qu'opération de Chirurgie?

C'est un induftrieux & particulier mouvement de la main fur le corps de l'homme, pour lui rendre ou lui conferver la fanté. Combien y a-t-il de fortes d'opérations de Chirurgie?

Il y en a quatre; la finthefe, la diérefe, l'exérefe, & la prothefe, dont on a expliqué les fonctions: Paré en ajoute une cinquième, qu'il appelle taxis; elle remet en la place ce qui en eft forti, comme par exemple, les in

teftins dans les hernies; mais on ne la diftingue pas de la finthefe particuliere. Qu'est-ce que la finthefe?

C'eft une opération de Chirurgie qui rérnit les parties qui ont été divifées. Elle e commune & particuliere: la finthese commune eft celle qui fert non seulement à la particuliere, mais encore à toutes les autres opérations; on la nomme liaison, parce qu'elle comprend les bandages, les compreffes, les attelles, & la fituation de la partie.

La finthefe particuliere fe pratique à certaines parties, & dans des maladies particulieres elle eft de deux fortes; la premiere réunit les os fracturez, & remet les luxations ; & la feconde réunit les parties molles. La finthese particuliere fe fait avec divifion, ou fans division; on appelle celle-ci taxis, comme nous avons déja dit. Celle qui fe fait avec divifion, eft de deux fortes: la premiere s'appelle épagogue, parce qu'elle approche les parties qui font féparées, comme les difformitez des oreilles, des lévres, & du nez, qui arrivent dès la premiere conformation, ou bien par quelque accident: la feconde s'appelle raphé ou couture; elle réunit les parties molles par le moyen d'une aiguille enfilée.

Qu'eft-ce que la diérefe

C'est une opération qui fépare les parties qui étoient unies contre l'ordre naturel : il y

en a de quatre fortes; fçavoir l'entamure, la piquure, l'arrachement, & la brûlure.

La premiere efpece de diérefe, qui eft l'entamure, eft une divifion faite par les inftrumens; & comme il y a des parties molles & des parties dures, elles ont auffi leurs différences d'entamures.

Celles des parties molles font nommées par les Grecs, aplotomie, catachalmos, périérefe, hypofpathifme, péryfcithifme, encopé, angeiotomie, & lithotomie; expliquons.

ces termes.

L'aplotomie, qui eft la premiere efpece d'entamure des parties molles, comprend toutes les fimples ouvertures; comme de faire une faignée; de percer un abfcès pour en faire fortir la matiere; de féparer les doigts des petits enfans, qui font quelquefois unis enfemble; de faire une incifion aux membranes qui peuvent boucher quelque ouverture naturelle, comme à celles qui ferment l'anus des enfans nouveaux-nez, & la vulve des tites filles.

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Le catachafmos n'eft autre chofe que les fcarifications qui fe font à la peau. Il y a trois fortes de scarifications, appellées mouchetures, incifions, & taillades: les mouchetures font des fcarifications légeres qui n'entament que la peau: les incifions font plus profondes, elles vont dans les chairs ; & les taillades font. de grandes incifions qui profondent quelquefois jufqu'à l'os.

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