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allume lorfqu'elle le dégage des pores du corps de ces poiffons.

Ces exemples prouvent, ce me femble, & même affez fortement, qu'il n'y a point de feu qui ne foit véritablement ce qu'il eft.Ainfi c'est une chimere toute pure d'avoir établi un cautere potentiel, c'eft-à-dire un feu qui ne foit feulement qu'en puiffance, puisqu'il n'y en a point en puiffance: de même qu'on ne peut pas dire, quand il n'y a point d'ar gent dans une bourse, qu'il y en a feulement en puiffance, parce qu'il pourroit y en avoir; ce qui feroit une imagination ridicule. La diérefe qui fe pratique fur les parties dufe fait en cinq manieres, que l'on appelle trouer, racler, fcier, limer, & couper.

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Trouer eft la premiere efpece d'entamure qui fe pratique fur les os du crane avec le Trépan. Le trépan s'applique pour trois principales intentions: la premiere, pour procurer une libre fortie aux matieres épanchées fur la dure-mere, qui peuvent être de trois fortes; fçavoir du fang tout pur, du pus bien formé, & de la férofité, qui n'est qu'une limphe hors de fes vaiffeaux, qui s'eft épanchée dans la violence du coup: la deuxième intention eft pour relever les pieces de la fracture qui peuvent piquer, déchirer ou comprimer la dure-mere: la troifiéme intention, c'est pour l'aplication commode des médicamens qu'on porte fur la dure-mere, par l'ouverture du trépan.

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On trépane encore d'autres os que ceux du crane, par exemple le fternum, ce qui le fait pour une hydropifie particuliere de poitrine, qui eft quand il y a de l'eau dans le médiaftin les grands os cariez, comme par exemple le tibia s'il l'étoit, fe trépanent encore avec beaucoup de fuccès. Si une ouverture de trépan ne fuffit pas, on en fera autant qu'il fera néceffaire pour emporter toute l'étendue de la carie; & même il fera bon, après l'application du trépan, d'employer le fer rouge pour brûler les reftes:. car il n'y a rien de fi bon dans les caries des os, que de les brûler avec un fer rouges parce que la carie s'en va en fumée, & l'os fain ne peut être alteré.

Racler eft la deuxième efpecs de diérese, qui fe pratique à des parties dures, comme dans les fractures du crane, aux os cariez, & à ceux où il y a des inégalitez: l'inftrument dont on fe fert pour racler, s'appelle rugine; on s'en eft fervi pour connoître où pénetroient les fractures du crane qui font déliées : mais quand on rugine le crane, il en arrive le plus fouvent une altération; c'eft pourquoi, fuppofé que la fracture ne foit qu'une légere fente qui ne penetre pas la premiere table, on verra bientôt après une exfoliation qui fe fera à l'os, parce que la rugine qui a un peu profondé en ruginant, a donné lieu à l'air de s'infinuer à plufieurs endroits pour carier l'os; car tous ceux que l'air touche un peu

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de tems, ne manquent guéres de fe carier parce que l'acide âcre qui eft,dans l'air, s'attache à la fubftance des os, & les ronge; par où l'on voit que la carie eft aux os, ce que la gangrene eft aux chairs.

Lorfque les os font cariez, la rugine eft fort bonne pour emporter ce qu'il y a de plus vermoulu: fi l'on s'en fert aux os inégaux & raboteux, c'est pour tâcher de les polir en les ratiffant.

La troifiéme espece de diérese qui se pratique fur les parties dures, s'appelle fcier, parce qu'on prend une fcie pour fcier des os, comme on le voit dans l'amputation d'un membre lorfqu'il eft gangrené. Il faut quelquefois couper deux os, comme à la jambe & à l'avant-bras; ou un feul, comme au bras & à la cuiffe. La fcie s'employe encore pour fcier les piéces d'os qui paffent les chairs, pour couper les entre-deux des ouvertures du trépan, lorfqu'on en a fair plufieurs, & quand il y a des efquilles qui piquent la duremere; d'où vient que les fcies font différentes felon le befoin que l'on a de s'en fervir. Lorfqu'il faut fcier les petits éclats des os, on a de petites fcies faites exprès qui ont la lame fort mince; mais il faut les fçavoir manier.

La quatriéme efpece de diérefe des parties dures, eft de les limer; ce qui fe pratique feulement aux dents avec la lime, & c'eft lorfqu'elles font inégales. Il n'y a que les Arra

cheurs de dents qui fatfent cettediérese ; c'est auffi à eux qu'on abandonne l'arrachement, d'où vient que le Peuple les appelle Arracheurs de dents; mais c'eft un nom qui leur déplaît, puifqu'ils fe nomment Opérateurs. Il y en avoit un qui demeuroit à la Place Maubert, fi mal-adroit dans fon métier, qu'un matin en arrachant une dent à un homme, il lui fendit la lévre fupérieure avec l'inftrument, enforte qu'il lui fit un bec de liévre par accident.

Enfin la cinquiéme & derniere efpece de diérefe pour les parties dures, fe pratique en coupant, comme lorfqu'on emporte des parties dures avec des tenailles incifives, comme les petites piéces d'os & les cartilages; ce que faifoient encore les Anciens, lorfqu'ils vouloient couper les doigts des mains & des pieds. Hildanus dit qu'il eft meilleur de se fervir de petites fcies pour couper les doigts, que de tenailles, parce qu'elles éclatent les os. Aujourd'hui tous les Praticiens modernes coupent les doigts dans les articles, avec les ciseaux, ou le biftouri, ou avec le fcalpel, parce que le bout qui refte eft difforme & inutile, particulierement quand c'eft la der-. niere phalange qui eft articulée avec le métacarpe. Le mot de couper s'entend encore de l'amputation, comme quand on coupe un bras ou une jambe, ce qui s'exécute avec le grand couteau courbe & la fcie.

Combien y a-t-il d'occafions qui nous enga= gent à faire la diérese?

Il y en a ordinairement fix: la premiere, pour évacuer le fang & les humeurs ; ce qui fe fait par la faignée, lorfqu'on veut faire une évacuation génerale, ou bien dans l'ouverture des abfcès, pour en vuider le pus : la feconde, pour arrêter le flux des humeurs, par le moyen des faignées & des ventouses: la troifiéme, pour découvrir quelque mal caché, comme lorfqu'on fait des incifions au crane pour en découvrir les fractures: la quatriéme, pour appliquer plus commodément les médicamens, comme lorfqu'on fait des ouvertures aux ulceres fiftuleux; la cinquième, pour êter les corps étrangers, comme la pierre dans la veffie, & les balles aux playes des arquebufes: la fixiéme & derniere, pour couper les membres gangrenez & les croiffances.

Qu'est-ce que l'exérese?

C'eft la troifiéme opération de la Chirur gie; elle s'appelle exérefe, parce qu'elle tranche le fuperflu, & qu'elle tire hors du corps les chofes qui lui font étrangeres. Il y en a de deux fortes: une qui tire les chofes qui lui font devenues étrangeres par le féjour qu'elles ont fait dans le corps, comme un enfant mort dans la matrice, qui peut yrefter quelquefois plufieurs années, par exemple vingtcinq ans ; ce qui ne feroit pas croyable, fans

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