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chets, becs de grue, de canne, de corbin ; les autres font pour fonder, comme toutes les efpeces de fondes; enfin les autres font pour coudre, comme les aiguilles & les canules. Il y en a même encore d'ar.res, mais plus. propres que tous ceux-ci, & qui ne conviennent qu'à certaines parties du corps ; comme le trépan, à la tête, pour les fractures du crane; le trocart, pour percer le ventre des hydropiques, ou le fcrotum, quand il y a de F'eau dans les bourses; enfin les fcies, les rugines, &c. pour les os cariez.

L'ufage de tous ces remedes & de tous ces. inftrumens doit être différent, felon la diverfité des chofes naturelles, non naturelles, & contre nature, defquelles nous parlerons dans les Traitez fuivans.

Quels font les inftrumens & les moyens le plus en ufage dans la Chirurgie?

Il y en a plufieurs : les plus communs font la main, les médicamens, les poudres, les bandes & bandages, le fer, & le feu..

Quelles font les chofes en géneral qui fervent de fondemens à la Chirurgie?.

du

Il y en a trois principales: la connoiffance corps de l'homme, que l'on acquiert par Pétude de l'Anatomie : celle des maladies qui demandent le fecours de la main, comme les. playes, les fractures, & les diflocations; & celle des remedes qui conviennent aux maladies pour lesquelles ordinairement on em

ploye le fer, comme aux tumeurs & aux apoftemes.

Combien de qualitez font nécessaires à un parfait Chirurgien?

Guy de Chauliac, dont nous fuivrons toujours autant que nous pourrons la doctrine, demande quatre chofes du Chirurgien: la premiere, qu'il foit fçavant: la deuxième, qu'il foit expert: la troifiéme, qu'il foit ingénieux : & la quatrième, qu'il foit homme de bonnes mœurs.

La fcience d'un Chirurgien confifte en deux choses abfolument néceffaires, qui font la théorie & la pratique. La connoiffance des chofes naturelles, non naturelles, & contre nature, donne la théorie. Entre les chofes naturelles, il faut qu'il fçache furtout l'Anatomie, parce que les indications curatives font non feulement prifes de l'effence de la maladie, mais auffi de la diverfité des parties, comme nous enfeigne admirablement Galien contre Theffalus: il faut auffi qu'il connoiffe les chofes non naturelles; car ce font les caufes de toutes nos maladies & de la fanté: Guidon nous dit encore qu'il faut qu'il connoiffe les chofes contre nature, fçavoir la maladie; car d'elle feule proprement eft prife l'indication curative. Il ne faut pas auffi qu'il ignore la caufe; car s'il guériffoit fans la connoître, la guérifon ne viendroit pas de fon génie, mais du hazard. Il ne doit pas mépri

fer les accidens; car quelquefois ils font fi grands, qu'ils tiennent lieu de caufe, détournant & changeant tout l'ordre de la guérison.

Pour ce qui regarde la pratique, il faut que le Chirurgien fçache ordonner la maniere de vivre & les médicamens; car fans cela la Chirurgie feroit infructueufe; & fi la Pharmacie a befoin du régime & de la Chirurgie, on peut dire auffi que la Chirurgie a befoin de la diette & de la Pharmacie.

La feconde condition requise au Chirur gien, eft d'être expérimenté, laquelle expérience s'acquiert en deux manieres; l'une en voyant pratiquer les bons maîtres de l'Art, l'autre en s'exerçant fouvent foi-même : car un habile Auteur du tems, paffé dit qu'il faut que le Chirurgien fçache premierement, & après qu'il ait l'ufage & l'expérience; c'cft pourquoi celui qui poffede ces deux chofes, fçavoir la fcience & l'expérience, doit être préferé à tous les autres ; & ce n'eft pas fans raison.

La troifiéme condition requise au Chirur→ gien, felon notre Auteur, confifte en sept chofes la premiere, qu'il foit ingénieux; car le génie naturel aide beaucoup à l'Art: la feconde, qu'il ait une prompte conception : la troifiéme, qu'il ait un bon jugement, droit & fain: la quatriéme, qu'il ait la mémoire heureuse & fidelle: la cinquiéme, qu'il fe Reffouvienne avec facilité des chofes paffées,

jufqu'aux moindres circonstances: la fixiéme, qu'il foit adroit, bien fait de fa personne: la feptiéme, qu'il foit prompt à inventer les remedes, foigneux & vigilant pour assister fon malade, afin de prévenir les accidens qui inceffamment arrivent. Guidon ajoute à toutes ces conditions, qu'il ait la main petite & ferme, les doigts déliez, les yeux vifs & perçans.

La quatriéme condition requife au Chirur gien, felon le même Auteur, c'est d'être de bonnes mœurs, honnête, charitable en ce qui regarde fon Art, principalement aux pauvres, complaifant à fes malades, fociable avec fes confreres, hardi aux choses fûres craintif aux dangereufes & non affurées ; & quand il fera néceffaire de faire quelque opération douloureufe, il faut qu'il fe comporte avec une cruauté pitoyable, s'il eft permis de le dire de la forte.

Qu'il fuie les mauvaises cures & pratiques abandonnées; qu'il foit fage & prudent dans fes prédictions; qu'il foit chafte & continent, fobre, pitoyablement cruel, non convoiteux, ni extorfionnaire, mais qu'il reçoive fans répugnance un falaire honnête, felon le travail & les facultez de fon malade.

Corneille Celfe nous expofe avec élégance les conditions requifes au Chirurgien : il doit être, dit-il, adolefcent, ou pour le moins prochain de l'adolefcence ; qu'il foit immi

féricordieux, de crainte qu'étant émû par les cris du malade & du ferviteur, l'opération ne vint à ceffer; au refte qu'il travaille avec hardieffe, comme s'il étoit feul, & que personne ne l'interrompît..

Que demande-t-on du malade?

Les conditions requises au malade font au nombre de trois, felon Guidon : la premiere, qu'il ait une entiere obéiffance pour le Chirurgien, comme un bon ferviteur l'a pour fon maître: la feconde, qu'il ait beaucoup, de confiance en lui; car fouvent la confiance fait plus que tous les remedes: la troifiéme condition, c'est qu'il foit patient en fon mal; parce que s'il eft impatient, il aura de l'inquiétude qui l'empêchera de dormir, la digetion ne fe fera qu'imparfaitement, & les cruditez fe multiplieront, enforte que la gué rifon de la maladie pourra être défefperée.

Quelles font les conditions néceffaires aux ferviteurs & aux affiffans?

C'eft d'être prudens, difcrets, paifibles, doux, & fideles. Pourquoi prudens ? afin de ne rien faire qui foit contraire au malade & au Chirurgien. Pourquoi doux & paifibles? pour plaire au malade, & pour faire avec joye tout ce que le Chirurgien leur comman dera.. Pourquoi fideles ? pour exécuter tout ce qui dépendra d'eux, & ne point divulguer les, chofes fecrettes: & fi le Chirurgien leur fait tenir quelque partie dans le tems de l'o

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