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Guy de Chauliac dit que c'eft une fcience qui enfeigne la façon & la méthode d'opérer, & qu'elle guérit les homines,en confolidant, en incifant, & en faifant les autres opérations de la main. Tagault la définit un art qui eft propre à guérir les maladies du corps humain par opération de la main; & Paré dans fon Introduction à la Chirurgie, dit que c'est un art qui enfeigne à guérir les maladies, les caufes, & les fymptômes qui arrivent au corps humain, par opération de la main.

La Chirurgie eft-elle fcience ou art ?

Il eft certain que la Chirurgie Théorique eft une fcience, puifqu'elle eft féparée de l'action; qu'elle ne confifte que dans la connoiffance des regles, des préceptes & des théorêmes qui s'apprennent par la démonftration; & qu'elle contient même des préceptes qui font connoître les caufes des maladies: c'eft pourquoi Guy de Chauliac a dit fort à propos en cette occafion, que l'on pouvoit fe rendre très-fçavant dans la Chirurgie fans l'exercer; de même qu'un Médecin peut en fçavoir les regles, fans travailler de la main.

La Chirurgie Pratique étant la partie active, par laquelle nous exécutons avec promptitude & avec adreffe les chofes que la raifon a fait trouver, on appelle cette partie art, parce que c'eft une habitude que l'on acquiert par exercice.

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Les Philofophes diftinguent trois fortes d'arts, un actif, un contemplatif, & l'autre effectif ou pratique. Le premier n'a pour jet qu'une action qui ne laiffe rien de fenfible après l'opération, comme la Mufique: le fecond eft le contemplatif, qui n'a en vûe que l'évidence de la verité, comme l'Aftronomie, qui fait contempler les aftres pour apprendre la verité de leurs mouvemens par des regles infaillibles: le troifiéme eft appellé effectif ou pratique, parce qu'après l'action il en réfulte un ouvrage, comme un tableau, exemple, après que le Peintre a travaillé, ou une ftatue, après que le Sculpteur s'y eft employé.

rat-il une autre divifion des arts?

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Oui, on les divife encore en mécaniques & en libéraux. La Logique, qui eft l'art de penfer; la Rhétorique, qui apprend l'éloquence; & les Mathématiques qui, à propre ment parler, font la fcience des proportions, voilà ce que l'on appelle les arts libéraux. Quand je dis que la Rhétorique apprend l'éloquence, on doit fçavoir qu'elle ne fait feulement, auffi bien que la Poëfie, que culti ver & polir les talens naturels avec lesquels nous naiffons; car ceux qui ont naturellement le raisonnement le plus fort, & qui fçavent le mieux diriger leurs penfées pour les propofer aux autres dans un ordre clair & intelligible, ne laifferoient pas de paffer pour

les meilleurs Orateurs, quoiqu'ils n'euffent jamais appris la Rhétorique, & qu'ils ne parlaffent que bas-Brecon. De même ceux qui ont les inventions les plus agréables, & qui les fçavent exprimer avec le plus d'ornement, de grace & de douceur, ne laifferoient pas d'être les meilleurs Poëtes, quoique l'art Poëtique leur fût inconnu. Par-là l'on voit que l'éloquence & la Poëfie font des dons de la nature, & non des fruits de l'étude.

Les autres arts où l'on travaille des mains, font appellez mécaniques, d'un mot grec qui fignifie quelque chofe que l'efprit invente, pour en laiffer l'exécution à l'adreffe des mains; par où l'on voit que tous les arts iné caniques n'ont rien qui doive les faire méprifer, comme le penfe le vulgaire ; au contraire leurs inventeurs font beaucoup à louer, d'avoir fçù trouver tant de chofes fi utiles & fi néceffaires à la vie des hommes.

Qu'est-ce que définition?

La définition d'une chofe eft un petit difcours clair & intelligible, qui en exprime la nature par le genre & par la différence, comme lorfque l'on dit : l'homine est un animal raisonnable,animal eft le genre de cette définition, & raisonnable en eft la différence; parce que c'eft par la raifon ou la penfée, que l'homme differe des autres animaux. On appele cette définition effentielle, d'autant que l'accidentelle eft celle qui explique la nature de

la chofe par le genre & par une proprieté, comme quand on dit: l'homme eft un animal risible, animal eft le genre, & ce mot de rifible eft une proprieté qui ne convient qu'à

l'homme.

Combien faut-il de conditions pour rendre bonne la définition effentielle ?

Quatre: 1. il faut qu'elle foit claire & intelligible; 2°. qu'elle n'ait rien de fuperflu 30. que tous les mots conviennent à la chofe que l'on définit ; & enfin qu'elle foit compofée de genre & de différence, comme nous avons dit.

Il y a bien des chofes que l'on définit, où la plupart de ces conditions manquent ; mais ce font auffi plutôt des defcriptions, que de vrayes définitions.

Des cinq univerfaux.

Cparlent de C parlent

Omme tous les jours les Chirurgiens genre, d'efpece, de différence, de propre & d'accident, c'eft ce qui fait qu'on les a expliquez dans le Chapitre fingufier; ainfi fi nous n'en parlions pas, on pourroit dire que nous aurions obmis des chofes néceffaires. On entend par genre, un mot gé neral qui fe donne à plufieurs chofes différentes en efpece: par exemple, le nom d'animal eft un genre, parce qu'il convient à toutes fortes d'animaux, fcience à toutes fortes de fciences, & art à tous les arts. De même la

diartrofe eft un genre d'articulation libre, parce qu'elle convient à l'énartrose, à l'artrodie, & au ginglyme, qui font des efpeces d'articulations où il y a du mouvement; & la finartrofe eft un genre d'articulation serrée, parce qu'elle a des efpeces, qui font la future, l'harmonie, & la gomphofe.

L'on fait de deux fortes de genre, l'un que l'on appelle géneraliffime, & l'autre fubalter ne. Le genre géneraliffime eft un genre fuprê me, qui n'en a pas d'autre au-deffus de lui; par exemple, la maladie qui renferme toutes les autres indifpofitions, c'eft un genre géneraliffime. Le gente fubalterne eft celui qui peut être genre & efpece, felon différentes confidérations: par exemple, l'apofteme eft un genre, fi on a égard au phlegmon, à l'éréfipele, à l'oedeme, & au fchirre, qui font des efpeces de tumeurs contre nature; mais Papofteme eft auffi une efpece, fi on le rapporte à la maladie, parce que c'eft elle qui eft au-deffus de toutes tumeurs caufées par un amas d'humeurs.

L'efpece eft ce qui convient à plufieurs chofes, qui ne different entre elles que par le nombre; par exemple, l'homme eft une efpece d'animal, mais qui differe des autres par la raifon. Chaque chofe a fon efpece; par exemple, dans les animaux à quatre pieds, il y en a une infinité d'efpeces qui different entre eux par des qualitez ou par des proprietez qui leur font particulieres.

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