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C'eft celui où il le rencontre une égale proportion des quatre élemens.

Qu'est ce que tempérament tempéré à la juftice?

C'est une louable médiocrité des élemens, proportionnée à l'action des chofes animées & inanimées.

Qu'est ce que tempérament intempéré ?

par

Avant que de lé définir, il faut fçavoir qu'il eft fimple ou compofé: que le fimple eft fait par l'excès d'une feule qualité, comme lorfque la chaleur l'emporte fur la froideur, la féchereffe & l'humidité demeurant tempérées; & que le compofé eft caufé deux ou plufieurs qualitez, comme font la chaleur & P'humidité jointes enfemble. Ce font ces divifions de tempéramens qui ont donné occafion à Fernel d'en admettre de neuf fortes; fçavoir un qui eft tempéré, & huit intempérez, dont il y en a quatre fimples, & autant de compofez.

A quoi compare-t-on les tempéramens ? Aux quatre faifons, aux quatre humeurs, & aux quatre âges.

Qu'est-ce qu'âge?

C'eft, felon Fernel, un cours de la vie, pendant lequel l'homme fouffre plufieurs changemens.

Comment fe divifent les âges?

En adolefcence, en jeuneffe, virilité, & vieilleffe.

la

L'adolefcence eft encore divifée en enfance, puérilité, & puberté : l'enfance dure depuis la naissance jufqu'à quatre ans ; la puérilité, depuis quatre ans jufqu'à quatorze; puberté, depuis quatorze jusqu'à dix-huit; & l'adolefcence, depuis dix-huit jusqu'à vingt-cinq; la jeuneffe, depuis vingt-cinq jufqu'à trente-cinq ; la virilité, depuis trentecinq jufqu'à quarante-cinq.

La vieilleffe fe divife en trois âges, dont le premier regarde ceux qui ont encore du courage; le fecond, ceux qui n'ont prefque plus de force; & le troifiéme, ceux qui retournent en enfance, que l'on appelle décrépites.

DES HUMEURS, SELON LES ANCIENS,

Q

V'est-ce qu'humeur ?

C'eft un corps liquide & fluide contenu dans les vaiffeaux. Il y a de deux fortes d'humeurs, fçavoir les alimentaires, & les excrémenteufes: les premieres font des fucs nourriciers, qui viennent du mélange des quatre élemens; c'eft pourquoi ces humeurs font auffi au nombre de quatre, fçavoir la bile qui répond au feu, la pituite à l'eau, la mélancolie à la terre, & le fang à l'air.

Les excrémenteufes font les liqueurs fuperAues de notre corps: elles font de deux fortes, utiles, & inutiles: les utiles font au nombre de trois, fçavoir la fémence, le fang men

ftruel, & le lait : les inutiles font les crachats & les autres excrémens.

Le fang est une humeur chaude & humide, rouge & de faveur douce: la bile eft une huineur chaude & féche, amere & de couleur jaune: la pituite eft une humeur froide & humide, falée & transparente: la mélancolie est une humeur froide & féche, d'une couleur noire & d'une faveur âcre. Toutes ces quatre humeurs font appéllées naturelles ; mais lorfqu'elles changent de qualitez, elles s'appellent contre nature.

DES HUMEURS EXPLIQUE'ES dans la penfée des Modernes.

PREMIEREMENT DU CHYLE ET DU Sang, & des autres liqueurs du Corps.

A

Près que les alimens ont été brifez fous les dents, ils font pouffez dans l'afophage par la langue qui fe ramaffe en rond vers le palais, pour les faire entrer dans le pharinx, lequel par la contraction de ses fibres, les chaffe dans le ventricule où il fe trouve un diffolvant qui n'eft pas un fuc acide, mais qui eft une lymphe chargée de quelques fouphres & de parties falines, enforte qu'elle eft un menftrue très-propre à tirer peu à peu la teinture de nos alimens, qui n'en eft que le chyle. Lorfque cette lymphe pénetre les alimens pour les digérer, elle s'oppofe au cours

d'une matiere fubtile, qui par l'effort qu'elle fait pour avoir fon paffage libre, rompt & brife les alimens en un grand nombre de petites parties coulantes qui réfléchiffent affez vivement la lumiere. Les alimens étant changez en chyle, la contraction des fibres circulaires du ventricule & le mouvement continuel du diaphragme le chaffent par le pilore dans les inteftins, où étant arrivé, la bile & le fuc pancréatique qui s'y mêlent, lui font perdre la glutinofité qu'il avoit apportée du ventricule: c'eft afin qu'il foit en état de couler par un tamis,qui font toutes les petites ouvertures des veines lactées, où il s'engage par le mou vement périftaltique des inteftins qui fait floter la liqueur contre le tuyau. De ces premieres veines lactées, le chyle paffe dans les glandes du méfentere, où il reçoit la décharge de plufieurs vaiffeaux lymphatiques, ce qui ne fert qu'à le purifier, en le rendant toujours plus coulant. Après il va dans les veines latées & fecondaires qui le portent au réservoir, pour monter enfin dans le canal thorachique, qui s'inférant avec la veine axillaire, fait auffi qu'il fe trouve mêlé pour la premiere fois avec le fang. Les autres parties du chyle plus groffieres qui ne peuvent paffer par les ouvertures des lactées, s'approchent; & c'eft pour s'attacher enfemble, & compofer les excrémens qui fortent dehors, lorfqu'ils ont acquis affez de volume pour faire une irrita

les

tion en comprimant les inteftins: la bile qui s'y mêle eft utile, en ce qu'ils gliffent plus facilement. Ajoutons au mouvement naturel des inteftins qui aide la fortie des excrémens, celui des muscles du ventre qui y peuvent beaucoup, à cause qu'en fe racourciffant, ils agiffent très-fortement fur les inteftins, qui ne peuvent éviter cette compreffion en quel que endroit du ventre qu'ils le cantonnent... Comment le chyle fe change-t-il en fang? Il y en a plufieurs qui croyent que cette métamorphofe ou ce changement se fait dans: poumons par l'air que nous refpirons, lequel étant tout rempli de nitre & de fouphre,. eft très-propre à fermenter le fang auffi-biem que le chyle qui s'y trouve mêlé: ils appuyent de fentiment fur l'expérience, qui fait voir que le fang mêlé confufément avec le chyle, eft noir & épais dans l'artere du poumon, & fort vermeil dans la veine, après qu'il s'eft mêlé avec l'air des poumons. D'autres Aureurs attribuent ce changement aux efprits renfermez dans le cœur, ou à fon levain,. dont la moindre petite goutte peut teindre le chyle, & lui donner cette belle couleur de pourpre qu'on remarque dans le fang. Mais le fentiment qui paroît le plus conforme à la vérité dans une matiere auffi obfcure, eft que le chyle ne fe fait pas feulement dans le cœur ou dans les poumons, mais dans toutes les parties du corps, ou de fréquentes circula

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