Imágenes de páginas
PDF
EPUB

L'on a été fans prendre de nourriture, n'a pas manqué de faire.

A tous ces ufages que nous venons de don ner à la graiffe, nous pourrions ajouter que lorfqu'il y en a trop, elle empêche les fon-tions tant de l'efprit que du corps; d'où vient que les gens extraordinairement gras font à demi bêtes, & toujours plongez dans. le fommeil, enforte qu'ils font plutôt morts que vivans ; & cela ne doit nullement nous étonner, parce que tant de graiffe partout talentit beaucoup la circulation, en comprimant les vaiffeaux fanguins : les nerfs en doivent être auffi comprimez, & par conséquent très-peu d'efprits coulent dans les parties pour les vivifier; d'où vient que le fens de l'attouchement eft très-imparfait dans ces fortes de gens-là, qui ne fentent prefque rien en comparaison de ceux qui font médiocrement gras. Enfin ce que j'avance en Phyficien pour la perte de quelqu'une des principales fonctions de l'efprit dans tous ceux qui ne font que graiffe, fi l'on peut s'exprimer de la forte, eft confirmé par le dire d'un ancien Poëte qui connoiffoit nos tempéramens & nos humeurs: il nous marque un homme d'efprit fous la figure d'une perfonne maigre& féche, mais non pas devenue telle par maladie; d'où vient qu'il dit pour des gens d'efprit qu'il connoiffoit, & qui étoient maigres, Siccitas vulius, fplendor mentis, ce qui veut

dire que les perfonnes maigres font ordinai sement plus fpirituelles que les autres.

[ocr errors]

DE LA SE'MENCE.

Velles font les opinions des Médecins mo dernes fur la fémence de l'homme ?

Elles font fort partagées. Il y en a qui mettent dans les tefticules un levain d'une nature propre à changer le fang en fémence. Quelques-uns croyent que les particules de la fémence font dans le fang, & qu'elles s'en féparent dans les tefticules, qui font comme autant de cribles par où fe filtre la fémence. D'autres confondent la lymphe avec la fémence, prétendant que la fémence n'est qu'une lymphe fpiritueufe, qui devient comme une férofité épaiffie quand elle a perdu fes efprits. Il y en a qui veulent que la fémence ne foit que du chyle, mais un chyle tout rempli d'efprits. Enfin les autres font venir la fémence du fuc nerveux; parce que, difentils, l'on voit qu'après une petite perte de fémence, l'on eft tout abbatu & fans force; ce qui eft une marque que le fuc nerveux eft la matiere de la fémence, puifque ce fuc précieux fait toute la force & la vigueur du corps.. Ceux qui ne reconnoiffent point le fuc nerveux, & qui veulent que le fang faffe la fémence, attribuent cette foibleffe & cet abbattementde forces où l'on fe trouve après le combat amoureux, aux parties les plus vi

ves & les plus fubtiles du fang artériel qui se: font diffipées; car, felon eux, ces parties font la fémence dans les tefticules, & les efprits animaux dans le cerveau: elles font la fémence en paffant par le détour des arteres préparantes, & par les petits tuyaux des testicules qui font comme autant de ferpentins qui fervent à les fubtilifer; & elles compofent les efprits animaux en parcourant tous les labyrinthes que forment les arteres carotides & cervicales; c'eft pourquoi ce n'eft pas une merveille qu'après les approches, l'on fe fente foible & fans force, puifque toutes les parties de la fémence qui font la matiere des. efprits, comme nous venons de dire, ne peuvent se porter aux tefticules pour prendre la place de celles qui fe font écoulées, que le cerveau n'en reçoive moins, & que la tête pour ainfi dire, ne demeure privée d'efprits.

Quoique cette raison paroiffe bonne, il y en a pourtant une autre qui me femble meil leure, que je tire de la force de la fémence pour perfectionner le fang, lorfqu'elle s'y mêle par le retour qu'elle doit faire dans la maffe.. Ce n'eft donc pas parce qu'il y a dans la sémence des efprits qui fe trouvent dans le fang: dont elle eft faite, qu'on fe trouve foible: après une debauche avec les femmes; puifqu'il eft conftant que la quantité du fang que que l'on tire d'une faignée, renferme plus. d'efprits à proportion qu'il n'y en a dans le

peu de fémence qu'on rend dans les appro ches. Je fçai que les efprits de la fémence font bien plus fubtils, bien vifs & bien animez puifque c'eft de ces qualitez que dépend fon pouvoir pour rendre fécondes les femmes qui conçoivent; mais fi une liqueur auffi perfectionnée que celle-là, ne rentroit pas dans le fang pour l'échauffer, le vivifier & l'animer, je ne vois pas d'où viendroit un figrand épuifement de forces, & même un changement fi confidérable dans le corps, lorfqu'on eft accoutumé à en faire de fréquentes pertes.. C'est donc parce que la fémence, après s'être perfectionné dans un appareil de parties d'une structure admirable, c'est, dis-je, après, qu'elle eft devenue comme un élixir des plus précieux, par un fouphre falin, ætheré, &. volatil; c'eft alors qu'elle eft en état de faire. fur le fang de notre corps en s'y mêlant, des changemens.admirables qui font notre force, notre vigueur,,& notre fanté; enforte que fi l'on n'étoit pas adonné à la débauche.comme on l'eft, on feroit tout autre pour la force & pour le courage, pour la vûe que l'on auroit des meilleures, & pour la digeftion qui fe fe

roit mieux..

Une preuve convaincante de ce que je viens d'avancer fur la fémence, qui certaine ment perfectionne le fang, eft l'exemple des châtrez, qui de courageux qu'ils étoient, deviennent lâches & efféminez, qui perdent

même la mémoire, n'étant plus d'une imagination vive; le poil des fourcils & de la barbe ne croiffent pas davantage : à quoi attribuer une fi étrange métamorphofe dans ces hommes dès-humanifez, qu'au défaut de la fémence qui manque, parce qu'il n'y a plus d'organe pour la faire, ce qui prive le fang de fon baume. Par-là l'on peut voir que ceux qui font fans ceffe avec les femmes pour entretenir leur débauche, font à peu près femblables à des châtrez; car quoiqu'ils ayent les parties qui fervent à la géneration, ils les épuifent fi fouvent, qu'ils ne donnent pas lieu à la fémence de s'infinuer dans le fang, comme elle ne manque jamais de faire quand elle refte dans les réfervoirs.

DES OEUFS qui fe trouvent dans les ovaires ou dans les tefticules des femelles.

Q

Ue trouve-t-on dans les tefticules des femmes, ou dans ceux des autres femelles des animaux quadrupedes?

On trouve dans ces parties un fuc visqueux & infipide, que plufieurs prennent fauffement pour de la fémence femblable à celle des mâles. Mais aujourd'hui la plupart des Anatomiftes modernes ne prennent pas cette liqueur pour de la fémence, mais pour des œufs, puifqu'elle en a les qualitez, & qu'on la trouve renfermée dans des vefficules qui kui fervent de coquilles : c'est pour cela

« AnteriorContinuar »