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TEXTE DU PSAUME XC.

Qui habitat in adjutorio Altissimi, in protectione Dei cœli commorabitur.

Dicet Domino: Susceptor meus es tu, et refugium meum: Deus meus, sperabo in eum.

Quoniam ipse liberavit me de laqueo venantium, et a verbo aspero. Scapulis suis obumbrabit tibi: et sub pennis ejus sperabis.

Scuto circumdabit te veritas ejus : non timebis a timore nocturno.

A sagitta volante in die, a negotio perambulante in tenebris: ab incursu et dæmonio meridiano.

Cadent a latere tuo mille, et decem millia a dextris tuis: ad te autem non appropinquabit.

Verumtamen oculis tuis considerabis et retributionem peccatorum videbis.

Quoniam tu es, Domine, spes mea • altissimum posuisti refugium tuum. Non accedet ad te malum et flagellum non appropinquabit tabernaculo tuo.

Quoniam Angelis suis mandavit de te: ut custodiant te in omnibus viis tuis.

In manibus portabunt te ne orte offendas ad lapidem pedem tuum.

Super aspidem et basiliscum ambulabis et conculcabis leonem et draconem.

Quoniam in me speravit, liberabo eum protegam eum, quoniam cognovit nomen meum.

Clamabit ad me, et ego exaudiam eum cum ipso sum in tribulatione, eripiam eum, et glorificabo eum.

Longitudine dierum replebo eum : et ostendam illi salutare meum.

ODE VII.

TIRÉE DU PSAUME CXIX 2.

CONTRE LES CALOMNIATEURS 3.

Dans ces jours destinés aux larmes,
Où mes ennemis en fureur

Aiguisaient contre moi les armes

ODE VII.1. Cette ode fut publiée en 1711. Nous aurions aimé qu'elle eût été composée par le poëte après sa condamnation et durant son exil; mais les dates sont inflexibles: elle a précédé les malheurs de Rousseau, comme un funeste pressentiment.

2. Ce psaume est le premier cantique des degrés, chants de pèlerins qui renaient, qui montaient à Jérusalem aux jours de fête; c'est du moins l'hypothèse la plus générale.

3. Les ennemis de Rousseau s'acharnaient déjà contre lui, lorsqu'il comDosa cette ode. C'est une sorte de réponse. On peut regretter que Rousseau ait besoin d'emprunter les paroles d'un psaume pour flétrir ses calomniateurs. L'application en est heureuse et éloquente, et la brièveté même du morceau lui donne plus de force; mais cette douleur d'emprunt nous touche moins que ne feraient des inspirations toutes personnelles.

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4. Plus tard, en effet, la religion fut le refuge de J.-B. (Voy. sa Correspondance.)

5. Que le mot clamavi du texte biblique est bien plus saisissant que toute cette strophe, qui a le malheur de n'être que très-estimable. Comparez à ces vers l'ode de Gilbert, imitée de plusieurs psaumes. (Voy. l'Appendice.)

6. Venge-toi! Bonne coupe.

7. Louons Rousseau d'avoir osé transporter dans notre langue cette belle hardiesse des Ecritures; blâmons-le de ne l'avoir pas fait plus souvent. Il faut du goût, au reste, pour choisir les mots et les images de l'Orient appropriés à notre langue, autrement on arrive à écrire avec M. de Châteaubriand (Choeurs de Moïse):

Imitons dans nos concerts
Le pélican des déserts!

ou avec Louis Racine (Ps. LXVIII, Ode XI):

Pour me perdre, Seigneur, on se croit tout permis,

Et j'ai moins de cheveux que je n'ai d'ennemis.

Non

8. Avec légèreté, avec malignité, sont des faiblesses choquantes. moins impure n'est appele que par la rime. Il a fallu cinq vêrs à J.-B. pour rendre le linguá dolosa.

Ressemble à la flèche acérée
Qui part et frappe en un moment •
C'est un feu léger dès l'entrée,
Que suit un long embrasement ".

Hélas! dans quel climat sauvage
Ai-je si longtemps habité !
Quel exil! quel affreux rivage!
Quels asiles d'impiété !
Cédar, où la fourbe et l'envie 10
Contre ma vertu poursuivie
Se déchaînèrent si longtemps,
A quels maux ont livré ma vie
Tes sacriléges habitants "'!

J'ignorais la trame invisible
De leurs pernicieux forfaits 12;
Je vivais tranquille et paisible 13
Chez les ennemis de la paix :
Et lorsque exempt d'inquiétude
Je faisais mon unique étude
De ce qui pouvait les flatter 14,

9. Dès l'entrée est prosaïque, et n'est pas français dans cette phrase. Comme on ne dit pas l'entrée d'un feu, on ne doit pas dire léger dès l'en trée. » LEBRUN. « Un feu léger dès l'entrée veut dire, et dit très-clairement, qu'il est léger quand il entre et s'introduit dans les matières qui lui servent d'aliment. D'ailleurs avec quel goût l'harmonie de ce premier vers contraste avec l'harmonie pleine et développée du second vers! On croit voir successivement naître l'étincelle et se prolonger l'incendie. » FONTANES.

10. Cédar, ville de l'Arabie déserte; quelquefois la Bible désigne ainsi l'Arabie déserte tout entière. Cédar fut un fils d'Ismaël. Quel pressentiment douloureux a dicté cette strophe à Rousseau!

11. «Inversion élégante et poétique. » FONTANES.

12. « Pernicieux, épithète ridicule. » LEBRUN. - Inutile, plutôt. J.-B. ne ménage pas les épithètes.

13. Tranquille et paisible. Epithètes parasites, dit Lebrun. On peut justifier Rousseau: l'homme a la tranquillité en soi-même, la paix avec les autres; d'ailleurs Rousseau veut faire une opposition: paisible chez les enuemis de la paix. Les mots peuvent être faibles et d'un effet médiocre, mais non point parasites.

14. Vers sec et prosaïque.

Leur détestable ingratitude

S'armait pour me persécuter.

TEXTE DU PSAUME CXIX.

Ad Dominum cùm tribularer clamavi: et exaudivit me..

Heu! mihi, quia incolatus meus prolongatus est: habitavi cum habi

Domine, libera animam meam a tantibus Cedar : multùm incola fuit

labiis iniquis, et a lingua dolosd.

Quid detur tibi, aut quid apponatur

tibi ad linguam dolosam?

anima mea.

Cum his qui oderunt pacem, eram pacificus: cùm loquebar illis, impu➡

Sagittæ potentis acutæ, cum carbo- gnabant me gratis.

nibus desolatoriis.

ODE VIII.

TIRÉE DU PSAUME CXLIII1.

IMAGE DU BONHEUR TEMPOREL DES MÉCHANTS.

Béni soit le Dieu des armées

Qui donne la force à mon bras,

Et par qui mes mains sont formées
Dans l'art pénible des combats!
De sa clémence inépuisable
Le secours prompt et favorable
A fini mes oppressions 2;
En lui j'ai trouvé mon asile;
Et par lui d'un peuple indocile
J'ai dissipé les factions 3.

ODE VIII. -1. Psaume de David; probablement le roi prophète parle au nom de son peuple. Il ne s'agit pas de sa victoire sur Goliath, comme l'ont cru les Septante, mais d'un triomphe national.

2. Mes oppressions: pluriel blâmé par Lebrun et justifié par Fontanes, avec un parti pris des deux côtés. On peut se permettre ces pluriels en poésie.

3. En lui, par lui, j'ai trouvé, j'ai dissipé: termes prosaiques. La fin de cette strophe est loin de valoir les premiers vers. Il y a de l'ampleur et de l'harmonie dans la paraphrase de Racan:

Bénissons le Dieu des armées,
Par qui non trosne est affermi;
C'est luy qui des champs Idumées
Chasse le camp de l'ennemi;
C'est l'appui des pouvoirs suprêmes;

C'est luy qui rend nos diadêmes
La crainte et l'espoir des humains,
Et qui fait que dans les provinces
Les fils des légitimes princes
Naissent les armes dans les mains.

Qui suis-je, vile créature *!
Qui suis-je, Seigneur! et pourquoi
Le souverain de la nature
S'abaisse-t-il jusques à moi 5?
L'homme en sa course passagère
N'est rien qu'une vapeur légère
Que le soleil fait dissiper;

Sa clarté n'est qu'une nuit sombre,
Et ses jours passent comme une ombre
Que l'œil suit et voit échapper".

Mais quoi les périls qui m'obsèdent

4. Mouvement heureux; mais Racine avait dit:

Et qui suis-je, que tu daignes

Jusqu'à moi te rabaisser?"

Brébeuf (Entretiens solitaires) a développé fortement la même pensée, à l'imitation du psalmiste:

Vous sçavez qui je suis, vous sçavez d'où je viens;
Mon origine est basse, et ma naissance abjecte:
Je dois estre à vos yeux moins que ne sont aux miens
Ou le moindre reptile, ou le plus vil insecte!

5. Jusques à, pour jusqu'à, a été souvent employé par les poëtes, surtout au XVIe siècle. Les nécessités du vers, ou celles de l'euphonie (même en prose), décidaient du choix. (Voy. encore Ode XIII, 2e strophe, et Ode à la Fortune, 1 re strophe.)

6. Toute cette strophe est très-heureuse. Elle a, par la pensée, par les images, par l'expression, un certain air moderne, qui se sent mieux qu'il ne se définit; on la prendrait volontiers pour une strophe de Lamartine. Jean Chassignet a paraphrasé un peu longuement, mais d'une façon remarquable pour le temps, les deux premières strophes de cette ode:

Béni sois-tu, mon Dieu, qui rempares mon cœur,
Au milieu des assauts d'invincibles murailles;
Qui sur mes ennemis me fais être vainqueur,
Enseignant à mes mains à gagner des batailles.
Toujours, à Dieu puissant, ami du genre humain,
Tu ne dédaignes point de le prendre en ta garde;
Tu régis ses pensers, tu lui prêtes la main,
Et l'œil de ton amour sans cesse le regarde...

Toutefois, tel qu'il est, encore n'est-il rien,
Qu'une faible étincelle, un vent léger, un songe,
Qui lui montre en dormant une image du bien,
Trouvant à son réveil que ce n'est que mensonge.
Comme l'ombre au soleil, ses jours vont déclinant;
De moment en moment à la mort il succombe;
L'orient de ses jours n'est loin de son couchant,
Et toujours son berceau est voisin de sa tombe...

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