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L

Ouvrez, ouvrez les yeux, et laissez-vous conduire
Aux divins rayons de sa foi.

Heureux celui qu'il daigne instruire
Dans la science de sa loi!

C'est l'asile du juste; et la simple innocence
Y trouve son repos, tandis que la licence
N'y trouve qu'un sujet d'effroi.

Qui me garantira des assauts de l'envie?
Sa fureur n'a pu s'attendrir.

Si vous n'aviez sauvé ma vie,
Grand Dieu, j'étais près de périr.

Je vous ai dit: Seigneur, ma mort est infaillible,
Je succombe! Aussitôt votre bras invincible
S'est armé pour me secourir.

Non, non, c'est vainement qu'une main sacrilége
Contre moi décoche ses traits;

Votre trône n'est point un siége
Souillé par d'injustes décrets :

Vous ne ressemblez point à ces rois implacables
Qui ne font exercer leurs lois impraticables
Que pour accabler leurs sujets.

Toujours à vos élus l'envieuse malice
Tendra ses filets captieux :

Mais toujours votre loi propice

Confondra les audacieux.

Vous anéantirez ceux qui nous font la guerre;
Et si l'impiété nous juge sur la terre,

Vous la jugerez dans les cieux ".

-

11. Encore une ode négligée. L'original méritait de mieux inspirer l'imitateur.» FONTANES. Les derniers vers ont quelque force, mais les quatre strophes qui précèdent sont bien faibles: ouvrez, ouvrez, non, non, sont des mouvements factices.

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TIRÉE DU PSAUME XCVI ET APPLIQUÉE AU JUGEMENT DERNIÈR 2.

MISÈRE DES RÉPROUVÉS, FÉLICITÉ DES ÉLUS.

Peuples, élevez vos concerts,

Poussez des cris de joie et des chants de victoire:

ODE XIV. 1. On suppose que ce psaume a été composé à l'occasion de l'inauguration du second temple de Jérusalem.

2. Dans l'original, ce psaume n'a pas de rapport réel avec le Jugement dernier. Le sujet du Jugement dernier est bien lourd aux poëtes, comme aux peintres. L'ode de Rousseau est médiocre; celle de Lefranc, sur le même sujet,

Voici le Roi de l'univers

Qui vient faire éclater son triomphe et sa gloire 3.

La justice et la vérité

Servent de fondements à son trône terrible;
Une profonde obscurité

Aux regards des humains le rend inaccessible.

Les éclairs, les feux dévorants

Font luire devant lui leur flamme étincelante *;
Et ses ennemis expirants

Tombent de toutes parts sous sa foudre brûlante.

Pleine d'horreur et de respect,

La terre a tressailli sur ses voûtes brisées;
Les monts, fondus à son aspect,

S'écoulent dans le sein des ondes embrasées.

De ses jugements redoutés

La trompette céleste a porté le message 5,
Et dans les airs épouvantés

En ces terribles mots sa voix s'ouvre un passage:

Soyez à jamais confondus,

n'est pas meilleure; Gilbert seul a trouvé, dans une pièce de proportions restreintes, des inspirations poétiques qui ont de la grandeur. (Voy. l'Appendice.)

3. Il y a du mouvement dans ce rhythme, grâce à la combinaison de l'alexandrin et du vers de huit syllabes. « Les odes et les cantiques, qui forment une poésie tonte de sentiments, et qui étaient ordinairement accompagnés de la danse et du son des instruments, semblent demander des vers plus courts, qui s'élancent par bonds, qui se dardent comme des traits, et qui secondent par leur marche prompte et rapide la vivacité des saillies auxquelles l'âme s'abandonne. » ROLLIN.

4.

Le soleil obscurci, les sanglantes planètes,
Les crins étincelans des sinistres comètes
Seront les messagers de cet embrasement;
Un effroi général règnera dans notre àme,
Quand le monde verra que dans le firmament

Sa sentence de mort est en lettres de flåme. RACAN. 5. Qu'on lise l'ode de Gilbert; on y verra le poëte :

... La trompette sonnante

A retenti de tous côtés, etc.

Les vers de J.-B. sont ceux d'un très-habile versificateur.

Adorateurs impurs de profanes idoles,

Vous qui, par des vœux défendus,

Invoquez de vos mains les ouvrages frivoles.

Ministres de mes volontés,

Anges, servez contre eux ma fureur vengeresse.
Vous, mortels que j'ai rachetés,

Redoublez, à ma voix, vos concerts d'allégresse.

C'est moi qui, du plus haut des cieux, Du monde que j'ai fait règle les destinées ; C'est moi qui brise ses faux dieux, Misérables jouets des vents et des années.

Par ma présence raffermis,

Méprisez du méchant la haine et l'artifice :
L'ennemi de vos ennemis

A détourné sur eux les traits de leur malice.

Conduits par mes vives clartés,

Vous n'avez écouté que mes lois adorables:
Jouissez des félicités

Qu'ont mérité pour vous mes bontés secourables.

Venez donc, venez en ce jour

6 Invoquez de vos mains les ouvrages frivoles." Ouvrages frivoles est faible; par des vœux défendus, l'est plus encore. L'horreur de l'idolâtrie a inspiré de beaux vers à Corneille, à Racine, et même à Lefranc de Pompignan. Corneille a dit, dans Polyeucte:

Quel Dieu! - Tout beau, Pauline! il entend vos paroles,

Et ce n'est pas un Dieu comme vos dieux frivoles,

Insensibles et sourds, impuissants, mutilés,

De bois, de marbre ou d'or, comme vous les voulez;

C'est le Dieu des chrétiens, c'est le mien, c'est le vôtre,
Et la terre et le ciel n'en connaissent point d'autre.

Racine, toujours sobre quand la situation n'exige pas absolument un développement poétique, indique les mêmes idées, les touche en passant dans plu. sieurs endroits d'Athalie et d'Esther:

Malheureux! vous quittez le maître des humains,
Pour adorer l'ouvrage de vos mains!

7. La strophe est assez belle, mais pourquoi les vents ?

Signaler de vos cœurs l'humble reconnaissance;
Et, par un respect plein d'amour,

Sanctifiez en moi votre réjouissance 8.

8. Venez donc, venez..., etc. C'est un appel assez commun, Sanctifiez en moi..., etc., sorte de galimatias mystique, indigne de la parole divine. Tout ce discours est faible, et ce n'est pas ainsi que Dieu parle dans les prophètes! L'ode est du reste une des plus correctes de Rousseau.

TEXTE DU PSAUME XCVI.

Dominus regnavit, exsultet terra: lætentur insulæ multæ.

Nubes et caligo in circuitu ejus: justitia et judicium correctio sedis ejus.

Ignis ante ipsum præcedet, et inflammabit in circuitu inimicos ejus. Illuxerunt fulgura ejus orbi terræ: vidit, et commota est terra.

Montes, sicut cera fluxerunt a facie Domini: a facie Domini omnis terra. Annuntiaverunt cæli justitiam ejus: et viderunt omnes populi gloriam ejus. Confundantur omnes qui adorant sculptilia, et qui gloriantur in simulacris suis.

Adorate eum omnes angeli ejus: audivit et lætata est Sion.

Et exsultaverunt filiæ Judæ, propter judicia tua, Domine :

Quoniam tu Dominus altissimus super omnem terram : nimis exaltatus es super omnes Deos.

Qui diligitis Dominum, odile malum: custodit Dominus animas sanctorum suorum, de manu peccatoris liberabit eos.

Lux orta est justo, et rectis corde lætitia.

Lætamini justi in Domino et confitemini memoriæ sanctificationis ejus.

ODE XV I.

TIRÉE DU PSAUME CXXIX 2.

SENTIMENTS DE PÉNITENCE.

Pressé de l'ennui qui m'accable,
Jusqu'à ton trône redoutable

ODE XV. — 1. Rousseau écrit à Duché, le 19 novembre 1696: « Il faut que je sois bien hardi pour vous faire part d'une mauvaise imitation que j'ai faite du De Profundis. Je ne m'excuserai point sur la simplicité de ce psaume, peu susceptible des hardiesses de la poésie, ni sur le peu de temps qui me fut donné pour le faire, n'y ayant employé au plus qu'une demi-heure; j'aurai plus tôt fait de vous demander indulgence plénière pour ce petit ouvrage, que j'aurais pu mieux faire, si on m'avait donné plus de temps. Le poëte ne l'a pas moins laissé imprimer sans y retoucher.

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2. On ignore l'auteur de cet admirable psaume qui fait partie de l'Office des morts.

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