ODE XVII '. TIRÉE DU PSAUME XLV 2. CONFIANCE DE L'HOMME JUSTE DANS LA PROTECTION Puisque notre Dieu favorable Était à ses derniers moments, Nous la verrions d'un œil tranquille Par les ravages du tonnerre Nous verrions nos champs moissonnés, Les plus hauts monts déracinés; ODE XVII. 1. J.-B. n'a pas inséré cette ode dans l'édition de Soleure; peut-être s'est-il rendu justice. Nous croyons devoir néanmoins la conserver ici. N'est-ce pas Rousseau tout entier que nous voulons juger, comme poëte lyrique? D'ailleurs les fautes des grands écrivains ont aussi leurs enseigne ments. 2. Composé par les fils de Coré, selon le titre même du psaume. Ce chœur des enfants de Coré était formé de plusieurs poëtes distingués dont les noms ne nous sont point parvenus. 3. C'est la pensée d'Horace (Ode III, 3): Si fractus illabatur orbis, Impavidum ferient ruinæ. Que le monde se brise et s'écroule; ses ruines frapperont l'homme de bien sans l'émouvoir. » 4. Tout cela est de l'amplification; la poésie arrivée là n'est plus qu'une vaine combinaison de mots communs, pour rendre une idée banale! Le tabernacle redoutable Les nations à main armée Venez, nations arrogantes, Par lui ces troupes infernales, Sa foudre, prompte à nous défendre D 5. Un refuge assuré. Le poëte a déjà dit dans la première strophe, nous assure; c'est exprimer bien froidement cette retraite, ce refuge en Dieu, cette inébranlable confiance dans la protection du Seigneur. 6. Arrose avec légèreté serait mauvais même en prose, où il faudrait dire arrose légèrement. Un terme absolument impropre, un vers absolument mauvais, ne sauraient s'excuser dans une ode qui n'en a que trente ou quarante.. LAHARPE. Des méchants et de leurs complots, Arrête, peuple impie, arrête, Je suis ton Dieu, ton souverain ; Les feux vengeurs sont dans ma main ! Et, dans tous les climats du monde, Toi, pour qui l'ardente Victoire 7. L'inspiration manque complétement dans cette ode : les vers s'alignent, les rimes s'accordent, les strophes se suivent, sans que la pensée s'illumine un seul instant, sans que la poésie jaillisse, sans qu'aucun sentiment vif, sans qu'aucune image frappante vienne varier l'uniforme médiocrité de toute la pièce. TEXTE DU PSAUME XLV. Deus noster refugium et virtus: adjutor in tribulationibus, quæ invenerunt nos nimis. Proptereà non timebimus dùm turbabitur terra: et transferentur monies in cor maris. Sonuerunt et turbatæ sunt aquæ eorum conturbati sunt montes in fortitudine ejus. Fluminis impetus lætificat civitatem Dei sanctificavit tabernaculum suum Altissimus. Deus in medio ejus non commove bitur adjuvabit eam Deus, mane diluculo. Conturbatæ sunt gentes, et inclinata sunt regna: dedit vocem suam, mota est terra. Dominus virtutum nobiscum : susceptor noster Deus Jacob. quæ Venite et videte opera Domini, posuit prodigia super terram: auferens bella usque ad finem terræ. Arcum conteret, et confringet arma: et scuta comburet igni : Vacate, et videte quoniam ego sum La gloire du Seigneur, sa grandeur immortelle, Mais, sur tous les humains qui vivent sous ses lois, Sion, montagne auguste et sainte, Sion, séjour délicieux, C'est toi, c'est ton heureuse enceinte O murs! ô séjour plein de gloire ! Cent rois, ligués entre eux pour nous livrer la guerre, Étaient venus sur nous fondre de toutes parts. Ils ont vu nos sacrés remparts: CANTIQUE. 1. La différence de ce cantique aux psaumes précédents consiste uniquement dans la liberté du rhythme et le mélange des strophes diverses. 2. Psaume des fils de Coré, et composé peut-être à l'occasion de la défaite de Sennachérib. 3. Doit occuper, doit signaler: négligence. 4. Nous sommes loin des choeurs de Racine. De zèle, très-faible. Mont sacré Rousseau n'a pas osé risquer ici la construction inverse de Racine sacrés monts, fertiles vallées. (Choeurs d'Esther.) Leur aspect foudroyant, tel qu'un affreux tonnerre, Le Seigneur dans leur camp a semé la terreur : Leurs soldats consternés d'horreur, Leurs vaisseaux submergés ou brisés par la foudre; Monuments éternels de sa juste fureur 5. Rien ne saurait troubler les lois inviolables Les fondements inébranlables. Au pied de tes autels humblement prosternés, Publions les bienfaits, célébrons la justice Que le bruit de nos chants vole au delà des mers; 5. Ces deux strophes sont belles, mais véritablement Racine en fait un peu les frais (Esther, 1, 3): Que peuvent contre lui tous les rois de la terre? J.-B. a cru devoir remplacer faire la guerre, par livrer la guerre; il est donteux qu'on puisse livrer la guerre comme on dit livrer bataille : Il parle, et nous voyons leurs trônes mis en poudre, vers languissant, qui ne vaut pas : Il parle, et dans la poudre il les fait tous rentrer. E. Voy. les chœurs du premier acte d'Athalie : Tout l'univers est plein de sa magnificence: |