DE DOM ARMAND-JEAN LE BOUTHILLIER DE RANCÉ, ABBÉ RÉGULIER ET RÉFORMATEUR Par M. l'Abbé DE MARSOLLIER, Chez H. L. GUERIN & L. F. DEL M. DCC. LVIII. Avec approbation & privilege du Roi. 1 AU ROI. S IRE, Je viens offrir à VOTRE MAJESTE' la Vie d'un homme illuftre par fes grandes qualités, par tout ce qui peut diftinguer aux yeux des hommes; mais infiniment plus illuftre par fa piété, par les exemples des vertus Chrétiennes & Reli gieufes qu'il a donnés à toute l'Eglife fous Votre Regne, & fi je l'ofe dire, par tout ce qui pouvoit le dif tinguer aux yeux de Dieu. ↑ Il a toujours mis, SIRE, au nombre des graces que Dieu lui avoit faites, celle d'être né Sujet de VOTRE MAJESTE'; il en a chéri & rempli les devoirs, & rien n'a surpassé le zele, la fidelité, & l'admiration qu'il a toujours eue pour Votre Perfonne Sacrée. C'est tout ce qu'il emporta du fiecle en le quittant, & jamais ces fentiments ne furent plus vifs, que depuis qu'il eut tout abandonné pour Juivre JESUS-CHRIST. Attentif à fa Doctrine & à fes exemples, il eût cru manquer à ce à ce qu'il devoit à Dieu même, s'il n'eût pas eu pour le plus grand des Rois, qui en eft la plus vive image, tout le dévouement que la naiffance infpire, & que la Re Ligion ne manque jamais de perfec tionner. C'est ainsi qu'une piété éclairée fait rendre à Cefar ce qui appartient à Cefar, & à Dieu, ce qui eft à Dieu. Bien loin de rompre, ou même de relâcher ces liens indif Solubles qui nous attachent à nos Souverains, elle les ferre, elle les rend plus forts, & en gravant dans nos cœurs cette foumiffion fans bornes, que nous devons à cette Puiffance infinie qui fait régner les Rois, elle y forme en même-temps cette fidélité inviolable que nous devons à ceux qui font les dépofitaires de fon autorité, & dont elle fe ferr pour le gouvernement du monde. Mais, SIRE, fi la Religion infpire ces fentiments pour tous les Souverains, tels qu'ils puiffent être, que ne doit-elle point infpirer pour VoTRE MAJESTE', pour un Roi qui en eft le plus ferme appui, qui n'est occupé qu'à l'étendre, à l'affermir, à la protéger contre les efforts les |