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Pourvu qu'avec éclat leurs rimes débitées,
Soient du Peuple, des Grands, des Provinces goûtées ;

REMARQUES.

ger le langage de la Traduction d'Amyot. M. Huet ne détruit point cette opinion, quand il dit feulement à la page 216: Commentarii de rebus ad eum pertinentibus, qu'il avoit corrigé bien des endroits de la Traduction de l'Abbé Tallemant, qui n'étoient pas fideles. Cet Ouvrage parut en 1663, à Paris, en 8 Volumes in-12. Au refte, l'Abbé Tallemant s'étoit attiré le trait fatyrique, que l'on voit ici, par l'impudence qu'il avoit eue de lire en pleine Académie une Lettre qu'il prétendoit lui avoir été écrite, & dans laquelle on lui mandoit que le jour précédent M. Despréaux avoit été fort maltraité dans un lieu de débauche derriere l'Hôtel de Condé. Ceux à qui ce Poëte étoit connu particuliérement fe récrierent contre une calomnie fi mal fondée. Voyez Avertiffement, Note 7:

Jacques Amyot, Abbé de Bellozane & de Saint Corneille de Compiegne, Evêque d'Auxerre, Grand-Aumônier de France & Commandeur des Ordres du Roi, étoit de Melun & de très-baffe extraction. Il fit fes Etudes dans l'Univerfité de Paris; & fut enfuite pourvu dans celle de Bourges d'une Chaire, qu'il quitta pour être Précepteur des Enfants de Guillaume de Saffs Bouchetel, Secrétaire d'Etat. La Traduction des Amours de Théagene & de Chariciée, qu'il fit imprimer en 1549 fut le commencement de fa réputation & de fa fortune. Elle le fit connoître à la Cour, & le Roi Henri II, lui donna l'Abbaye de Bellozane. En 1551, il fut choisi pour porter à Trente la proteftation du Roi contre le Concile, & s'acquitta de cette Commiflion d'une maniere qui lui fit beaucoup d'honneur. Peu de temps après fon retour d'Italie, il fut choifi par Henri II, pour être le Précepteur de fes Enfants. Ce fut à la reconnoiffance de fes auguftes Eleves, qu'il dut fa grande fortune. Charles IX, le fit Evêque d'Auxerre & GrandAumônier. Henri III, lui donna le Cordon-bleu, qu'en fa confidération il attacha pour toujours à la GrandeAumônerie. Il mourut le 6 de Février 1593, dans fa foixante-dix-neuvieme année. Son principal Ouvrage eft fa Traduction de toutes les Euvres de Plutarque.

Pourvu qu'ils puiffent plaire au plus puiffant des Rois; Qu'à Chantilli Condé les fouffre quelquefois;

REMARQUES.

Les graces du ftyle la firent réuffir, quoique peu fidele ; &, malgré les changements arrivés dans la Langue, on la lit encore avec plaifir. Les Vies des Hommes Illuftres ont été traduites plufieurs fois depuis lui; mais fa Traduction est toujours reftée feule entre les mains de rout le monde ; & celle même de M. Dacier, laquelle parut en 1722, ne l'a point fait oublier. DE ST. MARC.

CHANG. Vers 91. Pourvu qu'avec éclat leurs rimes débitées, &c.] Ce Vers & le fuivant étoient ainfi dans les premieres Editions:

Pourvu qu'avec honneur leurs rimes débitées,

Du Public dédaigneux ne foient point rebutées.

CHANG. Vers 93. Pourvu qu'ils puiffent plaire, &c.] On lit, Pourvu qu'ils fachent, dans toutes les Editions, qui ont précédé celle de 1713.

IMIT. Ibid. Pourvu qu'ils puissent plaire au plus puissant des Rois. J Ce Vers & les treize qui le fuivent, font une Imitation de tout cet endroit d'Hor. Liv. I. Sat. X, Vers 81:

Plotius, Varius, Macenas, Virgiliulque,

Valgius, & probet hac Octavius optimus, atque
Fufcus: & hac utinam Vifcorum laudet uterque !
Ambitione relegatâ, te dicere possum,

Pollio, te Mejala, tuo cum fratre; fimulque
Vos, Bibuli & Servi, fimul his te, candide Furni;

Complures alios, doctos ego quos

amicos

Prudens pratereo; quibus hac, fint qualiacumque,
Arridere velim; doliturus fi placeant spe
Deteriùs noftrâ. Demetri, teque, Tigelli
Difcipularum inter jubeo plorare cathedras.

VERS 94 & 95. Qu'à Chantilli Condé, &c. ] Qu'En

95 Qu'Enguien en foit touché; que Colbert & Vivone, Que la Rochefoucaut, Marfillac & Pompone,

REMARQUES.

guien, &c.] Le grand Prince de Condé, qui paffa les premieres années de fa vie dans fa Maifon de Chantilli; & M. Henri-Jules de Bourbon, qu'on appelloit alors le Duc d'Enguien & qui fut Prince de Condé après la mort de fon Pere.

VERS 95.

Que Colbert & Vivone. ] Jean-Baptifte Colbert, Marquis de Seignelay, Miniftre & Secrétaire d'Etat, Commandeur & Grand-Tréforier des Ordres du Roi, Contrôleur-Général de fes Finances, Surintendant des Bâtiments, Arts & Manufactures de France, né à Paris le 31 Août 1619 & mort à Paris le 6 de Septembre 1683, âgé de 64 ans 6 jours. Voyez Satyre VIII, Vers 195.

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Vivone. Voyez Epitre IV, Vers 107, & l'Avertiffe ment fur la même Epitre.

VERS 96. Que la Rochefoucaut, Marfillac & Pompɔne.] François VI, Duc de La Rochefoucaut, Chevalier des. Ordres du Roi, & Gouverneur de Poitou, né le 15 de Décembre 1613, & mort à Paris le 17 de Mars 1680, âgé de près de 77 ans, étoit auffi célebre par la beauté de fon efprit, que par la nobleffe de sa naissance. II eft Auteur d'un livre de Maximes morales, & de Mémoires concernant la Régence d'Anne d'Autriche, qui font très-eftimés.

François VII, Duc de La Rochefoucaut, Grand-Veneur de France, Grand-Maître de la Garderobe du Roi, & Chevalier de fes Ordres, s'appelloit le Prince de Marfillac, du vivant de fon Pere, dont on vient de parler. Il étoit né le 15 de Juin 1634, & mourut le 12 de Janvier 1714, âgé de près de 80 ans.

Simon Arnauld, Marquis de Pompone, fils de Robert Arnauld d'Andilli, Confeiller d'Etat, fi connu par fes excellentes Traductions, petit - fils du célebre Antone Arnauld, Avocat au Parlement & Procureur-Génél de la Reine Catherine de Médicis; neveu de M. Arnauld le Docteur : fut en 1671, rappellé de Suede, où il venoit de conclure un Traité important, pour fuccéder au

100

Et mille autres qu'ici je ne puis faire entrer,
A leurs traits délicats fe laiffent pénétrer.

Et plût au Ciel encor, pour couronner l'Ouvrage,
Que Montauzier voulût lui donner son suffrage!

REMARQUES.

Marquis de Lyonne dans la Charge de Secrétaire d'Etat pour les Affaires Etrangeres. Peu propre aux intrigues de la Cour, il quitta fa Charge en 1679, pour vivre dans la retraite. Mais en 1691, le Roi lui fit prendre place dans fon Confeil en qualité de Miniftre d'Etat. Il continua d'y fervir jufqu'à sa mort arrivée le 26 de Septembre 1699. DE ST. MARC.

VERS 99. Et plût au Ciel encor, &c. ] Cette Exclamation eft particuliérement imitée de celle d'Horace, rapportée ci-dessus : & bac utinam Vifcorum laudet uterque! Notre Poëte y fuppofoit une fineffe, dont perfonne ne s'étoit apperçu. »> Il y a apparence, difoit-il, » que les deux Vifcus étoient ordinairement oppofés » dans leurs fentiments; c'est-à-dire, que l'un étoit d'un » goût raisonnable, & l'autre d'un goût bizarre & particulier; ainfi Horace, en fouhaitant de plaire à ces deux hommes, donne une marque de fon efprit puifqu'il n'y a jamais que les chofes, qui font d'une » beauté folide & immuable, qui foient approuvées par » toutes fortes de gens ".

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VERS 100. Que Montauzier voulût lui donner fon suffrage. Le fouhait obligeant & flatteur, contenu dans ces Vers, fit fur le cœur du Duc de Montauzier l'effet que l'Auteur defiroit. Ce Duc commença dès-lors à s'adoucir en fa faveur. Quelque temps après il l'aborda dans la grande Gallerie à Versailles, & lui fit compliment fur la mort de M. Boileau de Puimorin fon frère, en lui difant qu'il aimoit beaucoup feu M. de Puimorin. Je fai qu'il faifoit grand cas de l'amitié dont vous » l'avez honoré, répondit M. Defpréaux, mais il en » faifoit encore plus de votre vertu; & il m'a dit plufieurs fois, qu'il étoit très-fâché que je n'euffe pas pour ami le plus honnête homme de la Cour «. Ce

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FS

C'est à de tels Lecteurs que j'offre mes Ecrits.
Mais pour un tas groffier de frivoles Efprits,
Admirateurs zélés de toute œuvre infipide,
Que non loin de la Place où Brioché préside,

REMARQUES.

fut là le moment de la réconciliation. M. de Montauzier changea dès-lors l'eftime qu'il avoit pour notre Auteur, en une amitié, qui a duré toute la vie, & fur le champ il l'emmena dîner avec lui. BROSSETTE.

Charles de Sainte-Maure, Duc de Montauzier, Pair de France, Chevalier des Ordres du Roi, Gouverneur de M. le Dauphin, premier Gentilhomme de fa Chambre & Maître de fa Garderobe, mari de la célebre Julie d'Angennes, Demoiselle de Rambouillet; s'eft rendu célebre par fa rare probité, fa grande érudition & fa bonne conduite à la guerre. Il mourut le 17 de Mai 1690, âgé de 80 ans. Voyez Difc. Jur la Satyre, N. 3; Satyre IX, Vers 136, 302. DE ST. MARC.

VERS 104. Que non loin de la Place où Brioché préfide. } Fameux Joueur de Marionnettes, logé proche les Comédiens. DESP. Edit. de 1701.

Pradon fit repréfenter fa Phedre par les Comédiens du Roi, quavoient alors leur Théatre dans la rue Mazarine, au bout de la rue Guénégaud. Brioché faifoit jouer fes Marionnettes à l'autre bout de cette derniere rue, dans un endroit appellé Château-Gaillard, proche l'Abbreuvoir du Pont-neuf. C'est par la circonftance de ce voifinage, , que notre Auteur défigne malignement les Comédiens, qui jouoient la Phedre de Pradon, comme voulant infinuer que cette Piece ne méritoit d'être jouée que par des Marionnettes. Fanchon ou François Brioché, étoit fils de Jean Brioché, Arracheur de dents, que l'on regarde comme l'inventeur des Marionnettes, quoiqu'il n'ait fait que les perfectionner. De fon temps un Anglois avoit trouvé le fecret de les faire mouvoir par des ref forts & fans cordes ; mais l'on préféra celles de Brioché à caufe des plaifanteries qu'il leur faifoit dire. Fanchon Brioché fe rendit encore plus célebre que fon Pere dans ce noble métier.

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