Il eft défendu aux Comédiens ambulans de s'établir dans les Places où il y a Garnison, fans ceffes du Sang, des Ambassadeurs, & à tous autres d'entrer aux Opéra ni aux Comédies Italienne & Françoise fans payer; veut même que les Pages en payant ne puiffent fe placer qu'au Parterre & aux troifiemes Loges: défend Sa Majesté à tous ceux qui affiftent à ces Spectacles, & particuliérement à ceux qui fe placent au Parterre, d'y commettre aucun défordre, foit en entrant, foit en fortant; de crier ou de faire du bruit avant que le Spectacle commence, & dans les entr'actes de fiffler, faire des huées, avoir le chapeau sur la tête, & interrompre les Acteurs pendant les repréfèntations, de quelque maniere & fous quelque prétexte que ce puiffe être, fous peine de défobéiffance fait pareillement défenses, fous les mêmes peines, à toutes perfonnes de s'arrêter dans les couliffes qui fervent d'entrée au Théâtre & hors l'enceinte des baluftrades qui y font pofées : défend Sa Majefté à tout Domeftique portant livrée, fans aucune réserve, ni exception, ni distinction', d'entrer à l'Opéra ou aux Comédies, même en payant; d'y commettre aucune violence ni indécence aux entrées ou environs des Salles de repréfentations, fous telles peines qu'elle jugera convenables veut & entend Sa Majefté, qu'il n'y ait aucune place marquée pour les Carroffes, & qu'ils aient tous, fans aucune exception ni diftinction, à fe placer à la file les uns des autres, au fur & à mesure qu'ils arri prévenir le Commandant de la Place, afin qu'il puiffe prendre les précautions néceffaires pour empêcher les défordres auxquels de jeunes Militaires ne fe livrent que trop fouvent. Nous avons dit ci-devant que fi notre Légiflation traitoit nos Comédiens d'une manierė très-rigoureuse, la plupart des peines qu'elles veront à l'entrée des Spectacles, fans pouvoir même doubler ni embarraffer le devant defdits Spectacles, qui fera réfervé libre pour la facilité du défilé; de façon que la voie publique ne puiffe être embarraffée, & qu'à l'entrée ou fortie defdits Spectacles, les Cochers foient tenus de prendre la file fans en former plufieurs ni fe couper les uns les autres, pour quelque cause que ce foit ordonne Sa Majefté d'emprifonner les Contrevenans, défendant expreffément à toutes perfonnes, telles qu'elles puiffent être, Officiers de Sa Majesté ou autres, de s'oppofer directement ni indirectement à ce qui eft ci-deffus ordonné; d'empêcher par la force ou autrement, que ceux qui y contreviendront ne foient arrêtés & conduits en prifon, Enjoint Sa Majefté au fieur de Sartine, Confeiller d'Etat, Lieutenant-Général de Police, de tenir exactement la main à l'exécution de la préfente Ordonnance, qui fera imprimée, lue, affichée par-tout où befoin fera. Fait à Verfailles le 24 Décembre 1769. Signé Louis, & plus bas, Phelypeaux. prononcent n'avoient eu pour objet que de miférables Hiftrions & de vils Farceurs, qui n'ont rien de commun avec les véritables Comédiens qui exiftent aujourd'hui ; cependant on regarde comme une regle certaine que les Comédiens dérogent les Comédiens François ordinaires du Roi font feuls exceptés de cette regle; ils confervent les privileges de la nobleffe, & ils jouiffent de ses prérogatives en exerçant leur profeffion fur le Théâtre François. Cette exception leur a été accordée par la Déclaration de Louis XIII du 16 Avril 1641, & elle leur a été confir mée par un Arrêt du Confeil du 10 Septembre 1668, rendu en faveur de Floridor, Comédien du Roi, qui étoit Gentilhomme. Par cet Arrêt, il fut accordé un an à ce Comédien pour rapporter ses titres de noblesse, & il fut fait défenfes au Traitant de l'inquiéter pendant ce temps. Les Acteurs & les Actrices de l'Opéra ne dérogent point, parce que ce Spectacle eft établi fous le titre d'Académie Royale de Mufique. Les Comédiens François & les Comédiens Italiens font foumis pour leur administration & leur difcipline intérieure à une Commiffion du Confeil, qui eft compofée de MM. les premiers Gentilshommes de là Chambre du Roi ; Sa Majesté les a autorisés par l'Arrêt du Confeil de 1757, à donner des Réglemens de difci. pline aux Comédiens ; & c'eft en vertu d'une des difpofitions de cet Arrêt, qui a été revêtu de Lettres-patentes enregistrées au Parlement, que MM. les premiers Gentilshommes de la Chambre ont fait les Réglemens dont nous allons rendre compte, fuivant l'ordre que nous nous fommes prescrit. S. I I. RÉGLEMENS INTÉRIEURS DES COMÉDIENS FRANÇOIS, Concernant les Auteurs. Cette partie de notre Ouvrage eft d'autant plus importante, qu'il s'eft élevé plufieurs conteftations depuis quelque temps, qui ont fixé l'attention du Public & piqué fa curiosité. Par le Réglement de 1697, la lecture de toute Piece nouvelle devoit être faite dans une Affemblée générale des Comédiens, en présence de l'Auteur; la lecture finie, l'Auteur étoit obligé de fe retirer de la Salle d'Affemblée pendant la Délibération; alors les Comédiens donnoient leurs fuffrages pour l'acceptation ou le refus de la Piece : la pluralité faifoit la loi; & pour éviter les préventions & les cabales chaque Acteur & chaque Actrice donnoit fa voix, en mettant dans une espece d'urne un billet blanc ou un billet noir : le premier étoit la marque de l'acceptation, & le fecond, le figne du refus de la Piece. Lorfqu'une Piece étoit acceptée, aucun Acteur n'étoit admis à propofer des difficultés pour en empêcher la représentation; l'Auteur avoit le droit de distribuer les rôles de fa Piece, c'est-à-dire, suivant l'emploi & le caractere de chaque Acteur; & les Acteurs choifis par l'Auteur étoient obligés de jouer les rôles qu'il leur avoit diftribués. * Si la lecture de la Piece étoit faite en l'abfence de l'Auteur, l'A&teur qui l'avoit lue à l'Affemblée devoit nommer l'Auteur avant que la Piece fût acceptée. Les Auteurs externes avoient la préférence fur les Auteurs Comédiens pour la représentation de leurs Pieces; les Pieces nouvelles de ces derniers ne pouvoient être jouées que pendant l'été, & celles des premiers ne devoient étré |