་ époque, les Comédiens Italiens fe trouverent feuls poffeffeurs de l'Hôtel de Bourgogne, & ils y continuerent leurs représentations jusqu'en 1697 que M. d'Argenfon, alors LieutenantGénéral de Police, fe tranfporta, en vertu d'un ordre du Roi, à cette Salle de Spectacle, & y appofa le fcellé fur les portes de la rue Mauconfeil & de la rue Françoife, & fur les Loges des Acteurs & des Actrices, auxquels il fit défense de continuer leurs représentations. Ces défenfes ont fubfifté pendant 19 ans. Riccoboni (1), dont la réputation s'étoit ré (1) Riccoboni, avant de paffer en France, présenta la Requête fuivante au Duc de Parme. 1°. La Troupe unie fupplie très-humblement votre Alteffe Séréniffime de lui faire accorder la grace dont ont joui ses prédéceffeurs, qu'aucune Troupe Italienne foit reçue fous quelque prétexte que ce soit, même si tous les Acteurs parloient François ; & qu'il foit généralement défendu à tous autres de faire usage des habits des Acteurs mafqués de la Comédie Italienne, c'est-àdire de l'Arlequin, du Scaramouche, du Pantalon du Docteur & du Scapin, & même du Pierrot qui, quoique François, eft né du Théâtre Italien. 2o. Les Comédiens fouhaitant de fervir Sa Majesté en paix & en bonne réputation, demandent qu'en tout pandue en France, fut appellé en 1716. Les Comédiens qui s'établirent avec lui prirent le titre de Comédiens de S. A. R. M. le Duc d'Orléans, Régent. Après la mort de ce Prince, arrivée le 2 Décembre 1723, ils prirent le titre de Comédiens Italiens ordinaires du Roi, qu'ils temps il n'en foit jamais reçu dans la Troupe de la famille des Conftantin, de laquelle, du cominun confentement de tout le monde, font provenus les malheurs & la difgrace de la Cour aux Comédiens Italiens leurs prédéceffeurs. 3o. Ils demandent très-humblement qu'il leur foit accordé des Danfes & de la Mufique dans les divertiffemens de leurs Comédies, fuivant que leurs prédéceffeurs en jouiffoient. 4. S'il arrivoit que quelqu'un des Acteurs eût le malheur de ne point plaire à la Cour & à la Ville qu'il foit permis à la Troupe de le renvoyer avec un préfent, & d'en faire venir un autre à sa place. 5°. La Troupe fupplie très-humblement Son Alteffe Séréniffime de faire de fortes inftances à la Cour, pour qu'il leur foit accordé le libre ufage des Saints Sacremens, comme ils l'ont en Italie; d'autant que cette Troupe ne donnera point une Comédie fcandaleufe, que Riccoboni s'engage à donner le canevas des Pieces à l'examen du Miniftere, & même d'un Eccléfiaftique, pour qu'elles foient approuvées. ont ont confervé, ainfi que l'Hôtel de Bourgogne, où ils font encore aujourd'hui leurs représen tations. Les Comédiens Italiens, depuis leur nouvel établissement, ne faifant qu'une recette médiocre, fe déterminerent à quitter leur Théâtre, en 1721, & à en ouvrir un à la Foire. Ils y jouerent pendant trois ans. Ce projet n'ayant pas eu le fuccès qu'ils en avoient espéré, ils l'abandonnerent. Celui qu'ils formerent en 1762 leur fut plus utile. Ils demanderent la réunion de l'OpéraComique à leur Spectacle; cette grace qu'ils folliciterent vivement, leur fut accordée au mois de Janvier 1762. Comme la Comédie Italienne, depuis cette réunion, a pris une nouvelle existence, nos Lecteurs nous fauront gré fans doute de leur donner une idée de l'établiffement de l'OpéraComique en France. Il eft affez difficile de fixer d'une maniere précife & certaine l'origine de l'Opéra-Comique. L'opinion la plus commune eft que ce nouveau genre a été introduit en 1698. Les fieurs Alard & Maurice firent exécuter à cette époque un divertiffement qui avoit pour titre, les N Forces de l'Amour & de la Magie. Cependant il paroît plus naturel de fixer l'origine de ce Spectacle en 1640, où il parut une Comédie en chansons, qui fut fuivie en 1661 d'une Pastorale intitulée l'Inconftant vaincu, & en 1662, d'une nouvelle Comédie en chansons. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'en 1715 ces Comédiens ayant fait un traité avec l'Académie Royale de Mufique, ils donnerent à leur Spectacle le titre d'Opéra-Comique. Ce Spectacle eut un fi grand fuccès, que les autres Théâtres folliciterent & obtinrent fa fuppreffion en 1718. Six ans après il reparut, & fut ouvert pendant vingt-un ans. A cette époque, il éprouva une nouvelle fuppreffion. Le fieur Monet propofa en 1752 de le rétablir, & follicita un privilege qui lui fut accordé. L'Opéra - Comique reparut de nouveau avec le plus grand fuccès. Les fieurs Favart, Corby & Mouette qui fuccéderent au fieur Monet, perfectionnerent ce Spectacle, & le rendirent un des plus agréables de la Capitale. Les Italiens ne virent alors d'autre reffource pour se foutenir, que celle de folliciter la réunion de l'Opéra - Comique à leur Théâtre. Cette grace, comme nous l'avons dit ci-devant, leur fut accordée au mois de Jan vier 1762. Depuis cette époque, la Comédie Italienne & l'Opéra Comique ne font plus qu'un feul Spectacle, qui continue fes représentations à l'Hôtel de Bourgogne. Telle eft l'histoire abrégée du Théâtre Italien en France, depuis fon premier établissement jufqu'à ce moment. Comme la police intérieure des Comédiens Italiens eft presque conforme à celle des François, nous nous bornerons à rapporter les regles différentes & les ufages reçus parmi les Comédiens Italiens qui forment l'administration particuliere de ce Théâtre. Trois ans après l'établiffement de Riccoboni en France, c'eft-à-dire, en 1719, les Comédiens firent entr'eux, le 27 Octobre, un acte de Société dans lequel ils déclarerent << que les dépenfes de leur établiffement montoient à » 100,000 liv.; que cette fomme ayant été em pruntée & payée fur le produit des repré» sentations , pour éviter toute conteftation » entre les nouveaux Acteurs & les anciens, il » convenoit d'établir une regle invariable à l'inftar des Comédiens François. A cet effet, » ils déclarerent que les dépenfes de leur éta |