D » France, il leur étoit loifible de faire jouer & représenter plufieurs beaux myfteres à l'édifi>cation & joie du commun populaire, sans of» fense générale ni particuliere, dont ils avoient >> ci-devant joui toujours : ils requéroient d'au> tant que depuis trois ans la Salle de la Paffion » avoit été, par l'Ordonnance de ladite Cour, prise, occupée & employée à l'hébergement » des pauvres, & que depuis lefdits Supplians » avoient recouvert Salle pour y continuer » fuivant lefdits privileges, la représentation » defdits myfteres, du profit defquels étoit en>> tretenu le service divin dans la Chapelle de » ladite Confrérie; qu'il leur fût permis faire jouer dans ladite Salle nouvelle, ainfi qu'ils » avoient accoutumé faire dans celle de la Paf» fion, & défenses fuffent faites à tous dorénavant, tant en ladite Ville que Fauxbourgs » & Banlieue de cette Ville, finon que ce foit fous le titre de ladite Confrérie & au profit > d'icelle. » Sur ce, ouï le Procureur-Général du Roi » consentant, la Cour a inhibé & défendu, in» hibe & détend auxdits Supplians de jouer le myftere de la Paffion de N. S., ne autres myf » teres facrés, fous peine d'amende arbitraire ; » leur permettant néanmoins de pouvoir jouer » autres myfteres profanes, honnêtes & licites, >> fans offenser ni injurier autres perfonnes, & » défend ladite Cour à tous autres de jouer ou D représenter anciens jeux ou myfteres, tant en » la Ville, Fauxbourgs que Banlieue de Paris » finon fous le nom & au profit de ladite Con Cet Arrêt, que le petit nombre des gens fenfés attendoit depuis longtemps, fut l'époque de la décadence des Confreres; cependant ils jouerent encore pendant près de trente ans les Pieces profanes auxquelles on les avoit reftreints. C'eft un fait qu'il est aisé de prouver par les Lettres - Patentes de François II du mois de Mars 1559, par celles de Charles IX du mois de Novembre 1569 (1): ainfi plufieurs Histo (1) Charles IX protégea fi ouvertement les Confreres, qu'outre la confirmation de leurs privileges qu'il leur accorda, il leur remit fes droits de lods & ventes du terrein de l'Hôtel de Bourgogne, pour le paiement defquels le Subftitut du Procureur-Général de la Chambre du Tréfor les avoit fait affigner. Voici les Lettres d'amortiffement que le Prince leur accorda. « Charles, par la grace de Dieu, Roi de France, à » tous préfens & à venir, Salut Savoir faifons nous » avoir reçu l'humble fupplication de nos chers & bien » amés les Doyen, Maîtres & Gouverneurs de la Con riens fe font trompés en ne mettant aucun intervalle entre l'Arrêt du 17 Novembre 1548 & » frérie de la Paffion de Notre-Seigneur, contenant que » feu, de bonne & louable mémoire, le Roi Charles VI » notre prédéceffeur, que Dieu abfolve, pour certaines » bonnes causes à ce le mouvantes, créa & inftitua dès l'an » 1402 ladite Confrérie, à laquelle il donna & concéda plusieurs beaux privileges, franchises & libertés à plein » contenus & déclarés dans les Lettres de charte de no» tre prédéceffeur, qui leur auroient fucceffivement par » nos prédéceffeurs Rois été duement confirmés & conti» nués, même par le feu Roi Henri, notre très-honoré » pere, que Dieu abfolve, du vivant duquel, & dès le 30 » Août 1548, lefdits Supplians auroient, pour le bien & >> augmentation d'icelle Confrérie, acquis d'un nommé » Jehan Rouvet, Marchand, demeurant en notre dite » ville de Paris, une belle mafure & place affife en icelle >> ville en l'hôtel de Bourgogne, contenant dix-fept toifes >> de long fur feize de large, tenue & mouvante de nous » à la charge de chacun an à notre recepte orpayer par » dinaire la fomme de 16 liv. parifis de rente, ainfi qu'il » est déclaré par le contrat, pour raifon de laquelle vente » & acquisition, & des lods & ventes qui nous font dus » à caufe d'icelle, notre Subftitut de notre Procureur-Gé» néral de la Chambre de notre Tréfor les auroit mis en » procès en ladite Chambre..... Pour ce eft-il que nous » defirons le bien & augmentation d'icelle Confrérie, & » autres bonnes confidérations à ce nous mouvantes, avons la ceffion du Théâtre des Confreres à une Trou. pe de Comédiens, puifque ce ne fut que vers » permis, accordé & octroyé, permettons, accordons » & octroyons, voulons & nous plaît, de grace spéciale, >> pleine puissance & autorité royale, par ces présentes, » que lefdicts Supplians & leurs fucceffeurs, Doyen >> Maîtres & Gouverneurs de ladite Confrérie puiffent en » leur loi fe tenir & pofféder perpétuellement & à tou» jours ladite mafure, enfemble les bâtimens & édifices » fufdicts jouir & poffeder par iceux Supplians & leurf>>dicts fucceffeurs, à quelque valeur & estimation que le tout fe puiffe monter, comme chofes amorties & in» demnées, lefquelles nous admortiffons & indemnons » dès-à-présent, à toujours, & icelle dédions à ladite » Confrérie ; & laquelle finance & indemnité pour le re» gard d'icelui admortiffement, ensemble tous & chacun » les droits de relief, lods & ventes, & autres droits fei» gneuriaux qui nous peuvent ou pourroient être dus, » tant pour raison dudit admortissement que de ladite ac» quifition, à quelque fomme, valeur & eftimation que » le tout fe puiffe monter & revenir nous avons aux» dicts Supplians, en faveur que deffus, donné, quitté, » remis, donnons & quittons par ces préfentes, à la » charge de nous payer la fufdite fomme de 16 liv. » parifis de cens & rente feulement. Si donnons en man» dement &c. Donné à Moulins au mois de Janvier » l'an de grace mil cinq cent foixante-fix. Signé Charles. >> Et fur le repli, Par le Roi, de Laubespine l'an 1588 que cet arrangement fut fait (1). Ce qui contribua le plus à faire tomber ces (1) Nos Lecteurs nous fauront gré fans doute de leur faire connoître la forme des Théâtres étrangers,& l'époque de leur établissement. Nous allons rapporter fucceffivement les opinions de chaque peuple, & fes usages sur les Spectacles. Ce rapprochement fera certainement plaifir aux Lecteurs, qui aiment à comparer les progrès des Arts. Nous commencerons par le Théâtre Anglois. CHEZ LES ANGLOIS, le Parterre eft en Amphithéâtre. Les hommes & les femmes y font affis ensemble. Il n'y a qu'un rang de Loges, & au-deffus des Galeries avec des gradins où le peuple va fe placer. On fait remonter la naiffance du Théâtre Anglois à la fin du XVI. fiecle. Shakespeare devint à cette époque un grand Acteur & un fameux Auteur dramatique. Shakespeare & Johnfon font en effet regardés comme les premiers Poëtes drama◄ tiques en Angleterre. Tout ce que l'imagination peut inventer de plus horrible & de plus féroce, fait la matiere des Tragédies Angloifes. La fcene eft ordinairement enfanglantée. Il arrive fouvent que la Piece finit par le maffacre des Acteurs principaux. Si les Pieces Angloifes font chargées de beaucoup d'incidens & d'événemens rragiques, c'eft qu'il faut remuer bien puissamment ce peuple, qui étant d'un caraçtere rêveur & diftrait, prendroit fans cela peu d'intérêt à la Piece. Les Comédies Angloifes font pour la plupart obfcenes |