Spectacles groffiers, ce fut la lecture des Anciens on voulut imiter leurs Pieces, & tout dans l'action & le dialogue; mais elles offrent souvent une peinture très-vive des ridicules & des vices. Les intrigues y font prefque toujours compliquées. THEATRE ESPAGNOL. En Espagne, les Théâtres font prefque quarrés. Ils ont trois étages avec des Loges au premier & au fecond rang. Au-deffous eft un Amphithéâtre garni de bancs; c'eft là que fe placent les femmes. Dans la Loge en face du Théâtre, il y a toujours un Intendant de Police. Le Juge royal affifte auffi à ce Spectacle avec trois Archers derriere lui. Il se place, ou fur le Théâtre, ou dans une des deux Loges qui lui font deftinées aux côtés de la porte qui eft vis-à-vis du Théâtre. Les perfonnes qui ne veulent point être vues, fe mettent aux fecondes Loges fur la même ligne; dans l'enfoncement il y a un endroit destiné aux Moines. On eft affis dans le Parterre fur des gradins. Il y a en outre un autre endroit nommé Pacio où il y a des bancs. Les Espagnols compoferent plutôt que les autres Nations polies de l'Europe des poëmes dramatiques, où l'on remarque quelque méthode. On fait remonter l'époque de ce Théâtre au milieu du XVe fiecle. Leurs Pieces étoient d'abord de petites farces fatyriques; depuis, l'étonnante fécondité de leurs Poëtes donna à ce peuple le plaifir de la variété. Lopès de Vega a lui feul, à ce qu'on prétend, compofé plus de 1500 Pieces. Dans les Drames Efpagnols, on trouve quelquefois. de ces beautés de détail qui font les fruits d'une imagina informes que furent ces premieres ébauches, elles porterent un coup mortel âux Spectacles tion échauffée. Au refte, les François n'ont point dédaigné d'aller puifer à cette fource. Rotrou, Corneille Moliere, ont beaucoup emprunté des Pieces Efpagnoles. Les Autos facramentales font des Drames pieux qu'on représente en certain temps de l'année, principalement le jour du Saint-Sacrement. On appelle Graciofo, dans la Comédie Espagnole, l'Acteur qui joue le principal rôle comique. Ce perfonnage approche beaucoup de celui d'Arlequin. THEATRE ITALIEN. Les Théâtres en Italie ont communément quatre rangs de Loges, outre un autre rang qui fait l'enceinte du Parterre. On voit même à Venise un Théâtre à sept rangs de Loges. Celui de Parme n'a point de Loges, mais feulement des gradins en Amphithéâtre. A Venise on peut aller mafqué au Spectacle. Il y a ordinairement huit Théâtres ouverts , quatre pour les Comédies & quatre pour les Opéra : les fpectacles dans prefque toutes les villes d'Italie font tumultueux. Les Italiens crient de toute leur force Viva, lorfqu'ils font contens de l'Acteur; fi c'est le contraire, ils crient Vadentro, en l'accablant d'injures. A Gênes, à Lucques, à Florence, il y a plus de police. Comme dans plufieurs villes la Comédie fe joue en plein jour, on y voit régner plus de décence. A Rome, les femmes ne montent point fur le Théâtre, depuis la défense qui leur en fut faite par Innocent XI; leurs rôles font remplis par de jeunes garçons habillés en femmes. reçus. Un accident plus terrible encore pour les Confreres fut l'ordre qu'ils reçurent, fur En Italie, comme ailleurs, la Comédie eut une origine très-groffiere. Elle confiftoit d'abord dans des farces indécentes qu'on repréfentoit au coin des rues. A ces farces fuccéderent les myfteres qui s'établirent à Rome vers la fin du XIII* fiecle. Ces Comédies pieuses étoient accompagnées de Pieces profanes & licencieufes, mal conduites & plus mal dialoguées. Bibiena, Machiavel & l'Ariofte ont mieux conduit leurs Pieces, mais ont imité la licence des Anciens dans le dialogue & dans l'action de leurs Comédies. Enfin des perfonnes d'efprit & de goût oppoferent à cet abus des traductions de nos meilleures Pieces, & en compoferent eux-mêmes dans le goût des Anciens. Il y a un genre fingulier que nous avons reçu en France; c'est une espece d'intrigue mise en action, dont le dialogue eft rempli fur le champ par l'Acteur. Cette efpece de Comédie tire fon principal mérite de l'enjouement qui en fait l'ame. C'eft en Italie qu'eft le véritable regne de l'Opéra. Il y a eu des temps où on a joué tous les jours fur fix Théâtres à la fois. Le premier, fuivant Riccoboni, parut à Venise en 1637. Autrefois ce Spectacle étoit accompagné d'un fuperbe appareil de machines & de décorations. Mais aujourd'hui les premieres font négligées, on donne toute l'attention à cette derniere partie. THEATRE GERMANIQUE. Dans les grandes villes de l'Allemagne, certains Corps de Métiers font en poffeffion, les plaintes du Curé de Saint-Euftache, de ne commencer leurs jeux qu'après Vèpres. depuis un temps immémorial, de jouer des farces dans leurs proceffions. On appelloit Phonafques ces Sociétés d'Ouvriers & de Poëtes en même temps. Au milieu du XVI fiecle, un d'eux nommé Hannfachs, Cordonnier de profeffion, compofa un grand nombre de Drames Allemands. Il avoit un génie fi prodigieufement fécond, que fes Pieces forment des volumes in-folio. On prétend qu'il a fait près de 6000 Pieces en tout genre, depuis 1514 jusqu'en 1567. L'ufage des Pieces Latines s'introduifit dans les écoles publiques. Enfin en 1626 une Troupe de Comédiens Hollandois, &, à leur imitation, une Troupe deComédiens Allemands s'établirent à Hambourg, où par leur jeu & par leurs Pieces ils changerent tellement le goût, que la Confrérie des Maîtres Poëtes n'ofa plus reparoître. Le genre Dramatique Allemand eft encore aujourd'hui dans le mauvais goût de l'ancien Théâtre Hollandois. Rien de plus affreux & de plus atroce que le fujet ordinaire de leurs Pieces. Cependant les Spectateurs fe plaifent à voir de temps en temps les traductions qu'on leur donne des Pieces Françoifes, Italiennes, Angloifes & Espagnoles. Leurs Comédiens ont auffi des canevas Italiens, traduits en leur langue, qu'ils jouent, fans être préparés comme les Italiens. Les Comédiens Allemands font pour l'ordinaire Ac teurs & Auteurs. Si un particulier compofoit une Piece, il n'en retireroit aucun honoraire, & il feroit obligé d'en Cet événement les détermina à faire au Parlement des représentations que nous allons faire préfent à un Acteur ou à une Actrice. Le Comédien Auteur au contraire préleve un certain droit pour lui & fes héritiers, qui lui appartient toutes les fois que la Piece Le joue. On n'imprime point les Pieces nouvelles , parce que l'impreffion, fuivant le Droit Germanique, ôteroit la poffeffion de la Piece aux particuliers pour la donner au Public. En Allemagne l'état de Comédien eft honorable, & cette profeffion n'empêche point de pofféder des charges publiques & importantes dans l'Etat. THEATRE HOLLANDOIS: Ce Théâtre doit fon origine à une affociation de Beaux Efprits, comme celle des Troubadours de Provence. Le Miroir de l'Amoùr est la plus ancienne Picce du Théâtre Hollandois. Elle fut imprimée en 1561 à Harlem. Dans les anciennes Pieces Dramatiques, on repréfentoit naturellement les actions des hommes. Dans une de ces Pieces, Mardochée fait le tour du Théâtre fur fa mule; Aman eft pendu fur la fcene. On introduit dans une autre Piece un Prince qui, étant condamné à mourir, eft accompagné de deux Prêtres pour le confeffer, l'un habillé en Evêque, l'autre en Cardinal. Les Poëtes Hollandois, pour fe conformer au goût des Spectateurs qui aiment l'extraordinaire & le merveilleux, ont quelquefois rempli la fcene de chofes extravagantes. Dans la Tragédie de Circé, un Compa gnon d'Ulyffe eft amené devant cette Magicienne pour tranfcrire |